Contes et historiettes à l'usage des jeunes enfants by Zulma Carraud


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Page 24

Daniel avait d�j� quatorze ans et finissait sa derni�re ann�e d'�cole
quand il se cassa la jambe, en se battant avec un autre enfant. On
le rapporta chez son p�re. Il criait si fort, qu'�milie l'entendit
longtemps avant qu'il entr�t dans la maison. On courut chercher un
m�decin qui remit la jambe de Daniel; mais il lui fallut rester au lit
pendant six semaines.

Il fut assez sage durant les premiers jours. Il lisait, ou bien il
causait avec sa soeur. Bient�t, s'ennuyant de rester toujours sur le
dos, il tourmenta �milie, qui faisait pourtant tout ce qu'il d�sirait:
elle jouait aux cartes avec lui pour l'amuser; elle lui racontait, en
travaillant, l'histoire des rois de France que la vieille dame lui avait
apprise. Daniel se lassait de tout. Comme il �tait un peu gourmand, il
voulait manger � tout moment, plut�t par ennui que par besoin. Il avait
mille fantaisies que sa soeur ne pouvait satisfaire: alors il lui
reprochait son peu de complaisance.

�Mon pauvre Daniel, lui disait-elle, tu sais bien que je n'ai pas
d'argent pour t'acheter toutes les friandises que tu me demandes.

--Mais si, tu as de l'argent! le petit sac de la r�serve est tout plein;
et, si tu le voulais bien, tu me donnerais tout ce que je d�sire.

--Et le m�decin! et le pharmacien! avec quoi les payerons-nous donc, si
je touche � cet argent-l�? D'ailleurs, il appartient � mon p�re qui a
eu bien du mal � le gagner. Et puis, je te le demande, est-il une plus
sotte d�pense que celle qu'on fait pour satisfaire sa gourmandise?

--Bah! disait Daniel, tu as un mauvais coeur!�

�milie pleurait quand son fr�re lui parlait ainsi. Elle imagina de
veiller le soir deux heures avec son p�re, et ce qu'elle gagna en
travaillant � la veill�e servit � satisfaire les caprices du malade.

Daniel, voyant sa soeur se fatiguer chaque soir pour lui passer ses
fantaisies, r�fl�chit � la grande bont� d'�milie. Il ne se rappelait
pas l'avoir jamais vue s'impatienter, m�me quand il �tait le plus
insupportable; il s'en �tonna, et son coeur en fut touch�. Il demanda un
soir � voir le sac o� elle mettait l'argent qui servait � lui acheter
ses habits, � lui.

�Mon gar�on, dit le p�re, elle les ach�te avec ce qu'elle gagne.�

Cette parole frappa Daniel et lui fit comprendre combien sa soeur valait
mieux que lui. Il se promit de travailler autant qu'elle, et de gagner
aussi de l'argent aussit�t qu'il serait gu�ri.

La premi�re fois qu'on lui permit de rester lev�, sa soeur lui donna un
pantalon tout neuf, en �toffe bien chaude, et un bon paletot, car on
�tait en hiver. Elle avait �conomis� tout l'�t� pour s'acheter un
manteau, dont elle avait un grand besoin; mais quand elle vit Daniel
dans un si triste �tat, elle d�pensa toutes ses �pargnes pour l'habiller
chaudement.

Le pauvre gar�on fondit en larmes en recevant ce cadeau. Il embrassa
Emilie comme il ne l'avait encore jamais embrass�e. Aussit�t qu'il put
marcher, Daniel entra en apprentissage chez un tailleur, et se mit �
travailler de grand coeur. Il ne tarda gu�re � gagner de l'argent, qu'il
remettait � sa soeur, comme faisait son p�re; et, par la suite, il n'eut
jamais de mauvaises paroles pour elle ni pour personne.



LE RAMONEUR.

Le petit Matthieu n'avait pas cinq ans lorsqu'il perdit son p�re et sa
m�re. Il ne lui resta que sa grand'm�re, qui �tait bien pauvre; mais
tant que l'enfant fut tout petit, il ne s'aper�ut pas de cette grande
pauvret�; car s'il n'y avait de pitance que pour un dans la maison, la
grand'm�re mangeait son pain sec pendant que Matthieu s'amusait avec
les autres enfants du village; de sorte qu'il ne se doutait pas des
privations que la bonne vieille s'imposait; et lorsqu'il n'y avait pas
assez de pain pour deux, la pauvre femme faisait semblant d'�tre malade
pour ne pas manger, et pour laisser � l'enfant le peu qui restait.

Mais quand Matthieu eut sept ans, il s'aper�ut que sa bonne grand'm�re
le trompait; alors il r�solut de s'engager comme ramoneur, afin de ne
plus �tre � sa charge. Il alla trouver le p�re Martial, ramoneur jur�
qui, chaque ann�e, emmenait deux ou trois petits gar�ons avec lui.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 17th Mar 2025, 5:55