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Page 23
Les jumeaux furent si afflig�s de ce qui �tait arriv� � leur soeur,
qu'on n'eut pas besoin de leur d�fendre une autre fois de la faire
monter dans le bateau.
LA BONNE PETITE SOEUR
Michel Robin, ouvrier cordonnier, avait perdu sa femme apr�s quatre ans
de mariage. Elle lui laissa deux enfants: une fille de trois ans et un
petit gar�on de dix mois. Sa vieille m�re, qui demeurait avec lui, les
�leva tr�s-bien. Elle les tenait fort propres, leur apprenait � aimer
Dieu et � ob�ir � ses commandements. �milie allait � l'�cole ainsi que
son fr�re, et tous les deux apprenaient bien ce qu'on leur y enseignait;
mais autant �milie �tait douce et ob�issante, autant Daniel �tait
turbulent. Il avait le coeur dur et parlait souvent fort mal � sa
grand'm�re.
Un jour la grand'm�re, se sentant bien malade, appela �milie aupr�s de
son lit:
�Ma petite fille, lui dit-elle, je sens la mort qui approche. J'ai bien
pri� Dieu de me laisser sur la terre jusqu'� ce que tu fusses en �tat de
te conduire toute seule; mais ce n'est pas sa volont�. Il va me rappeler
� lui, je le sens bien; tu n'as que quatorze ans, et tu es bien jeune
pour gouverner un m�nage. Ton fr�re surtout te donnera beaucoup de mal,
car il est sans raison; mais crois-moi, mon enfant, sois toujours bonne
et patiente avec lui; il n'y a que la patience et la bont� qui puissent
amollir son coeur. Si tu emploies la douceur, tu en feras un honn�te
gar�on; si, au contraire, tu dis � ton p�re les fautes que pourra faire
Daniel, il sera rudoy� et deviendra mauvais sujet.�
�milie aimait beaucoup sa grand'm�re; elle pleurait � chaudes larmes
en la voyant si pr�s de sa fin. Elle lui promit d'�tre bien sage, bien
travailleuse, et de ne jamais s'impatienter contre son fr�re. Deux jours
apr�s, on enterrait la pauvre femme.
�milie cessa d'aller � l'�cole et prit la direction du m�nage. Tous les
matins, son p�re lui montait de l'eau et un fagot; car ils habitaient
une chambre haute, au fond d'une cour obscure, et l'escalier �tait
tr�s-difficile.
Dans la chambre au-dessous de la sienne demeurait la veuve d'un
officier, laquelle, n'ayant que sa pension pour vivre, festonnait des
bonnets pour se procurer un peu plus d'aisance. Cette vieille dame,
sachant le malheur d'�milie, lui proposa de venir passer une heure
avec elle chaque jour. Elle lui apprit � festonner et lui procura de
l'ouvrage, ce qui donnait � la jeune fille le moyen de fournir elle-m�me
� son entretien, sans rien demander � son p�re.
[Illustration: Ma petite fille, lui dit-elle, je sens la mort qui
approche.]
Michel Robin, qui prenait de l'ouvrage � faire le soir quand il �tait
revenu de chez son ma�tre, veillait bien souvent jusqu'� une heure du
matin, et, le lendemain, il ne se levait qu'� l'instant de d�jeuner.
�milie, qui se couchait � dix heures, �tait lev�e longtemps avant son
p�re, dont elle visitait les v�tements ainsi que ceux de son fr�re; et,
s'ils �taient d�chir�s, elle les raccommodait. Elle veillait � ce que
son p�re e�t toujours du linge propre. Aussi, quoiqu'il ne port�t que de
vieux habits, il paraissait mieux mis que les autres ouvriers.
Mais c'�taient surtout les blouses de Daniel qui donnaient de l'ouvrage
� sa soeur! Il revenait chaque jour avec quelque nouvel accroc, toujours
sale et rempli de boue. �milie nettoyait ses v�tements et les r�parait
sans jamais lui faire un seul reproche; aussi �tait-il moins dur pour
elle que pour tout autre.
Quand Michel Robin vit qu'�milie �tait travailleuse et �conome comme une
fille de vingt ans, il lui remit chaque semaine les quinze francs qu'il
gagnait, ne gardant pour lui que le produit des ressemelages qu'il
faisait � la veill�e.
Aussit�t qu'elle avait re�u la semaine de son p�re, Emilie mettait dans
un petit sac 1 fr. 40 c. pour son loyer, qui �tait de 70 fr. par an;
dans un autre, 4 fr. 20 c. pour le pain, car ils en mangeaient pour 0
fr. 60 c. par jour � eux trois; dans un troisi�me, 3 fr. 30 c. pour
la pitance et le vin; il ne lui restait donc que 2 fr. 80 c., qu'elle
mettait dans un sac de r�serve auquel elle ne touchait jamais. Elle le
gardait pour les cas de maladie. De cette fa�on, elle trouvait toujours
son compte et pouvait payer comptant tout ce qu'elle prenait. Cette
grande �conomie amena bient�t une certaine aisance dans le m�nage, car
l'argent que gagnait �milie en festonnant suffisait pour l'habiller
ainsi que son fr�re.
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