Contes et historiettes à l'usage des jeunes enfants by Zulma Carraud


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Page 22

Pierre et Paul avaient une petite soeur de quatre ans qui s'appelait
Marie. Ils l'aimaient de tout leur coeur et faisaient tout ce qui lui
plaisait. Quand la meuni�re allait au march�, elle leur confiait Marie,
qu'ils soignaient aussi bien qu'e�t pu le faire leur m�re elle-m�me, et
ils ne la quittaient pas d'un instant.

Pierre faisait chauffer la soupe de sa soeur et la lui donnait � manger;
Paul la prenait sur ses �paules et la menait bien loin dans la prairie,
o� Pierre lui faisait des couronnes de fleurs; d'autres fois, ils
allaient tous les trois dans les bois cueillir des noisettes que
l'enfant aimait beaucoup; enfin, les voisins disaient que Dieu avait
b�ni la maison du meunier, en lui donnant de si braves gar�ons et une si
jolie petite fille.

Un jour de foire o� il ne restait � la maison que les enfants et le
farinier qui ne quittait pas son moulin, la meuni�re, en partant,
recommanda bien aux jumeaux de veiller sur leur soeur et de l'emp�cher
d'aller au bord de l'eau: car la pauvre m�re craignait toujours qu'il ne
lui arriv�t quelque accident. Pierre et Paul la tranquillis�rent et lui
promirent de ne pas quitter la petite Marie.

Ils s'amus�rent aupr�s de la maison jusqu'au go�ter. Quand ils eurent
mang�, tous les trois, un gros morceau de p�t� � la citrouille que leur
m�re avait fait tout expr�s pour eux, Marie voulut se promener dans le
pr�, en face du moulin. Ses fr�res l'y men�rent; et alors elle eut envie
d'entrer dans le bateau qui �tait attach� � la rive. Comme les jumeaux
ne savaient rien refuser � leur petite soeur, Pierre entra le premier
dans le bateau, Paul lui tendit Marie, puis il alla cueillir des fleurs
et revint faire des couronnes, pendant que son fr�re tressait un panier
de jonc.

Le gros chien du moulin, grand ami de Marie, se trouvait de l'autre c�t�
de la rivi�re. L'enfant voulut qu'il v�nt avec elle dans le bateau, et
Pierre le siffla, pendant que Paul appelait: �Turc! Turc!� Le chien se
jeta � la nage et d'un bond fut dans le bateau; mais le bateau �tait
bien petit et le chien bien gros; aussi la secousse qu'il donna en
sautant � la barque, la fit chavirer, et les enfants tomb�rent dans la
rivi�re.

Les jumeaux se d�battirent un instant et parvinrent � s'accrocher au
bateau; mais la petite fille alla au fond de l'eau.

Pierre ne perdait jamais la t�te: il dit � Turc de chercher Marie; le
brave animal plongea, et reparut bient�t en tenant l'enfant par ses
jupons. Paul, qui nageait un peu, prit la main de sa soeur, que le chien
tenait toujours, et parvint � la d�poser sur le bord de la rivi�re.
Ensuite il dit � Pierre de ne pas l�cher la barque, et, tirant la corde
jusqu'� ce que le bout du bateau touch�t la terre, il tendit une perche
� son fr�re, qui fut bient�t aupr�s de lui.

Ils emport�rent Marie � la maison. Elle n'avait pas perdu connaissance,
mais elle grelottait si fort qu'elle ne pouvait pas m�me crier. Ils la
d�shabill�rent aupr�s du feu; et, comme la meuni�re avait emport� la
clef de l'armoire et qu'ils n'avaient pas de linge sec � lui mettre, ils
la roul�rent dans la nappe qui couvrait le pain, et la mirent au lit.
Ils se d�shabill�rent � leur tour et se couch�rent. Ces pauvres enfants
ne tard�rent pas � avoir tr�s-chaud, car la fi�vre les prit tous les
trois.

Quand la meuni�re revint de la foire avec son mari, elle fut bien
�tonn�e de ne pas voir accourir ses petits enfants pour lui demander
ce qu'elle leur rapportait. Craignant qu'il ne leur f�t arriv� quelque
malheur, elle entra en tremblant dans la maison et vit au milieu de la
chambre les habits mouill�s jet�s en tas. Elle s'approcha des lits et
y trouva ses trois enfants rouges comme des charbons ardents, mais
endormis.

[Illustration: Le brave animal plongea et reparut en tenant l'enfant par
ses jupons.]

La pauvre m�re devina ce qui leur �tait arriv�. Les petits ne se
r�veill�rent qu'au milieu de la nuit pour demander � boire; la meuni�re
ne s'�tait pas couch�e pour les veiller, car elle �tait tr�s-tourment�e
de leur voir une si grosse fi�vre.

Le lendemain, les jumeaux racont�rent l'accident qui leur �tait arriv�.
Leur m�re ne les gronda point, en consid�ration de leur franchise.
D'ailleurs, les pauvres gar�ons avaient un grand chagrin quand ils
pensaient qu'ils auraient pu causer, par leur imprudence, la mort de
leur soeur. Ils ne furent malades que huit jours; mais la petite Marie
avait eu si grand'peur qu'elle tra�na tout l'hiver et ne se remit qu'au
printemps.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 16th Mar 2025, 9:33