Contes et historiettes à l'usage des jeunes enfants by Zulma Carraud


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Page 20

--Et de l'argent, mon pauvre gar�on? o� donc en prendre? Sans argent,
point de commerce.

--Grand'm�re, si nous allions voir M. le cur� qui est si bon? je suis
bien s�r qu'il ne se refuserait pas � me pr�ter cinq francs; et, comme
je ne plaindrai pas ma peine, je les lui aurai bient�t rendus.�

Ils all�rent donc chez M. le cur�, qui pr�ta volontiers cinq francs �
Toine, parce qu'il l'avait toujours connu pour un enfant sage et de
bonne conduite; il lui recommanda d'�tre honn�te gar�on dans son petit
commerce, et de ne tromper personne.

[Illustration: J'irais de ferme en ferme, de village en village.]

La m�re Marchais donna au charron du village trois francs qu'elle
�conomisait depuis longtemps, pour qu'il f�t une bo�te au petit Toine,
qui la demanda en bois blanc, afin qu'elle f�t plus l�g�re; et l'on y
mit des charni�res et un cadenas.

Quand Toine eut sa bo�te, il mit ses habits des dimanches, et fut en
ville avec sa grand'm�re, chez un marchand mercier, � qui il raconta son
projet d'�tre colporteur; il lui dit aussi que c'�tait M. le cur� qui
lui avait pr�t� cinq francs pour acheter de la marchandise.

Le marchand �tait un brave homme; voyant un enfant de si bonne mine et
de si bon courage, il lui fit une fourniture compl�te qui monta � dix
francs, en lui faisant cr�dit de cinq francs; il remplit la bo�te
de lacets, de ganses, d'�pingles, d'aiguilles, et m�me d'allumettes
chimiques, sans compter le cirage, le coton � coudre et � marquer, et le
fil noir et blanc.

Toine revint bien content au village. Chaque matin, il se levait
avant le soleil et partait pour aller de c�t� et d'autre vendre sa
marchandise. Les premi�res semaines, il rentra tous les soirs, puis
ensuite il s'aventura plus loin; quand il ne pouvait pas revenir le
soir, il couchait dans le fenil d'une m�tairie quelconque, et on lui
donnait toujours � souper sans le faire payer, car les gens de la
campagne ont bon coeur, et tout le monde s'int�ressait � cet enfant, en
lui voyant un si grand d�sir de gagner honn�tement sa vie.

Au bout de trois semaines il eut tout vendu. Il voulut payer au marchand
ce que celui-ci lui avait avanc�. Mais, en voyant combien Toine s'�tait
donn� de peine, le marchand fit un nouveau cr�dit de cinq francs, et
cette fois Toine emporta pour quinze francs d'objets diff�rents, parmi
lesquels se trouvait une pi�ce de dentelle � trois sous le m�tre.

Toine partit du village en laissant quelques sous � sa grand'm�re, et
lui dit qu'il ne reviendrait pas de la semaine, parce qu'il voulait
aller au loin pour se faire de nouvelles pratiques. En effet, il ne
rentra que le dimanche au matin, apr�s avoir vendu presque tout le
contenu de sa bo�te. Apr�s la messe, il alla trouver M. le cur� � qui il
rendit les cinq francs qu'il avait eu la bont� de lui pr�ter, et il
le remercia beaucoup. Il lui devait le bonheur de gagner la vie de sa
vieille grand'm�re; car, sans cet argent, il n'e�t pu commencer son
petit commerce et on ne lui aurait pas fait cr�dit.

Quand il revit le marchand, il lui conta comment il s'�tait d�fait de
toute sa marchandise en une semaine, et comment il s'�tait fait
trente francs. Le digne homme, reconnaissant chez Toine les qualit�s
n�cessaires pour r�ussir dans le commerce, lui confia pour cinquante
francs de marchandise, ce qui, avec vingt francs que lui paya l'enfant,
fit un fonds de soixante-dix francs. Cette fois, Toine emporta des
mouchoirs, des bas � bon march� et des bonnets de coton, sans oublier la
mercerie.

Toine revenait tous les mois faire sa pacotille chez le bon marchand, et
lui rapportait l'argent qu'il avait gagn�, apr�s avoir pris ce qui �tait
n�cessaire pour faire vivre sa grand'm�re; et toujours le marchand
augmentait son cr�dit.

Au bout d'un an, Toine, ayant mis de c�t� quelque argent, acheta des
habits neufs � sa grand'm�re, et lui donna pour son hiver une bonne
couverture bien chaude.

L'ann�e suivante, son commerce s'augmentant avec ses pratiques, il
acheta un mulet pour porter ses marchandises; et, comme il vendait
toujours au plus juste prix, qu'il donnait bonne mesure, et qu'il ne
faisait jamais aucune d�pense inutile pour lui, il vit sa petite fortune
s'augmenter peu � peu, et, � vingt ans, il acheta dans son village une
jolie maison entre un jardin et une ch�nevi�re. Il y �tablit sa pauvre
grand'm�re qui n'avait jamais �t� si heureuse. Plus tard, il acheta une
voiture, et confia le reste de son argent au marchand qui l'avait aid�
si g�n�reusement, en le priant d'envoyer chaque mois � sa grand'm�re,
quand il serait absent, ce qui lui serait n�cessaire pour subsister;
car, depuis qu'il avait un peu d'aisance, il ne voulait plus qu'elle f�t
au pain de charit�. Mais il ne restait jamais plus de trois mois sans
venir embrasser la bonne femme, qui disait � tout le monde:

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 15th Mar 2025, 23:49