Contes et historiettes à l'usage des jeunes enfants by Zulma Carraud


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Page 15

�Comment, Fanchette, lui dit-elle, tu as pris l'oeuf de cette pauvre
femme! Tu as vol�, toi, la fille d'honn�tes gens qui n'ont jamais fait
parler d'eux! Tu vas aller tout de suite lui avouer ta faute et lui
demander pardon, en lui portant un oeuf frais de nos poules.

--Ma ch�re maman, je n'oserai jamais! dit Fanchette en joignant les
mains et en pleurant toujours.

--Tu as bien os� lui prendre son oeuf! Quand on a le mauvais courage de
faire le mal, il faut avoir le bon courage d'en demander pardon.

--Mais elle ne voudra plus me laisser entrer dans sa maison?

--Et elle fera bien. Mais quand m�me elle ne saurait pas que c'est toi
qui as pris son oeuf, je ne te laisserai plus aller chez elle, moi qui
sais maintenant qu'on ne peut pas avoir confiance en toi. Je vais te
rhabiller, et tu y viendras avec moi.�

La Nanne tra�na plut�t qu'elle ne mena sa fille chez la m�re Desloges,
qui, en l'entendant crier comme si on l'e�t battue, demanda ce qu'elle
avait.

�Elle pleure de honte, parce que c'est elle qui a pris votre oeuf, dit
la Nanne, et elle vient vous en demander pardon. Moi, je vous apporte un
autre oeuf, et je vous supplie de ne point parler de tout cela dans
le village, car les enfants ne voudraient plus souffrir Fanchette et
l'appelleraient voleuse. Surtout n'en soufflez mot au p�re! il la
battrait, lui qui tient tant � l'honneur, et il ne lui pardonnerait
jamais d'avoir vol�.�

La m�re Desloges pardonna � Fanchette, et ne parla jamais � personne de
cette mauvaise action.

Dans la suite, quand la m�re de Fanchette sortait de la maison, et lui
disait:

�Sors avec moi; je ne veux pas te laisser seule, car je n'ai point
oubli� l'affaire de l'oeuf.�

Fanchette r�pondait:

�Soyez tranquille, maman, je ne veux rien prendre, allez! j'aimerais
mieux mourir de faim; la faim fait moins de mal que l'id�e d'avoir fait
une faute. J'ai �t� trop malheureuse pendant toute la journ�e o� j'avais
cet oeuf dans ma poche, pour l'oublier jamais.�



L'ENFANT AVIS�

Depuis deux jours, Vincent Vermont avait quitt� sa cabane, b�tie sous un
rocher qui lui servait d'abri. Il guidait les voyageurs qui voulaient
gravir une haute montagne, et sa femme, Th�r�se, �tait rest�e seule avec
L�onard, leur fils unique, qui avait dix ans.

Le matin, Th�r�se se leva de bonne heure; apr�s avoir trait ses vaches
et les avoir conduites au p�turage sur la montagne, elle porta son lait
� la fromagerie communale.

L�onard, qui �tait rest� au lit, fut �veill� par un bruit �pouvantable;
il eut grand' peur et crut que la maison s'�croulait. Il poussa de
grands cris. Personne ne lui r�pondant, il se leva, alluma la chandelle
et ouvrit la porte pour aller chercher sa m�re; mais il fut arr�t� par
un mur de neige qui enveloppait toute la maison. L'enfant comprit alors
qu'une avalanche �tait tomb�e, et que le rocher seul avait emp�ch� la
maison d'�tre �cras�e. Il eut un grand d�sespoir, car il crut qu'il
allait mourir de faim. D'abord il pleura beaucoup; puis il se rappela
que sa m�re lui avait dit que, quand on avait du chagrin, il fallait
prier le bon Dieu, et qu'on �tait bient�t consol�; il se mit � genoux,
et en effet il se trouva plus tranquille apr�s sa pri�re. Il s'habilla,
fit du feu, et chercha ce qu'il pourrait manger � son d�jeuner. Il
entendit b�ler sa ch�vre qui �tait dans une petite �table dont la porte
donnait dans la chambre; il ouvrit cette porte, vit que le pis de la
ch�vre �tait encore tout plein, et il en tira une pleine �cuelle de lait
qui lui fit grand plaisir. Il trouva un reste de pain; alors il pensa
qu'il ne mourrait pas de faim ce jour-l�, et que peut-�tre son p�re, qui
devait �tre de retour le soir, viendrait le d�livrer. La journ�e lui
parut un peu longue, et il se coucha quand il eut envie de dormir.

Le lendemain, apr�s avoir fait sa pri�re, il alla traire sa ch�vre et
lui donner � manger. Comme il ne lui restait gu�re de pain, il prit des
pommes de terre qui �taient dans un coin de l'�table et les fit cuire.
Il alluma sa derni�re chandelle et il eut peur � l'id�e de se trouver
dans l'obscurit�. Il pria Dieu de ne pas l'abandonner, et aussit�t il
se sentit un nouveau courage. L'enfant se souvint d'avoir mont� dans le
grenier une quantit� de r�sine que son p�re avait recueillie sur les
sapins de la montagne. Il en alla chercher et la fit fondre dans une
petite chaudi�re; il prit le chanvre qui �tait � la quenouille de sa
m�re, le tordit en cordes grosses comme le doigt, et de la longueur
d'une chandelle. Il plongea ces cordes � plusieurs reprises dans la
r�sine bouillante, et se procura ainsi le moyen de s'�clairer. Comme il
y avait un peu de bl� dans le grenier, L�onard en �crasa avec un marteau
dans la pierre creus�e qui servait � mettre l'eau que buvait la ch�vre.
Il fit une galette avec cette farine grossi�re, et la mit cuire sous
la cendre; elle lui parut excellente, car il avait grand app�tit. Le
troisi�me jour, il �crasa encore du bl� et fit de la bouillie avec le
lait de la ch�vre. L'eau lui ayant manqu�, il ouvrit la porte, prit un
peu de neige et la fit fondre.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 15th Mar 2025, 1:08