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Page 78
--Mohamed-Ameur-et-A�n, lui dit le G�n�ral en lui tendant la main, nous
honorons le courage chez nos adversaires autant que chez nos propres
soldats. Nous admirons le tien. Assur�ment tu �tais digne d'une
meilleure fortune. Mais qu'advint alors de ta m�re, de ta fianc�e et de
toi-m�me?
--Lalla Fathma, avec les femmes et les enfants qui l'entouraient, fut
amen�e prisonni�re devant Sidi [Seigneur.] Randon, au pic de Tamesguida.
Son fr�re, Sidi Tha�eb, l'accompagnait. Aux questions qui lui furent
adress�es, elle r�pondit d'une voix calme et ferme: �C'�tait �crit!� Le
jour suivant, on la dirigea sur le bordj de Tizi-Ouzou, et de l� sur
celui des Ben Sliman o� elle subit, soumise aux volont�s d'Allah, une
triste captivit�. Quant aux autres prisonniers de Soummeur, ils furent
envoy�s chez les A�th-Bou-Youcef, alors les alli�s des Fran�ais. Ma m�re
et ma fianc�e se trouvaient parmi eux. Les A�th-Bou-Youcef n'eurent pas
d'ailleurs � les garder longtemps; car les A�th-Illilten, les
A�th-Illoula-Oumalou, les A�th-ldger, les A�th-Ithourar, en un mot les
derniers d�fenseurs du Djurjura durent faire leur soumission dans les
vingt-quatre heures. L'amende pay�e, les otages livr�s, on permit � ces
malheureux _manefguis,_ de retourner dans leurs villages dont plusieurs
n'�taient plus que des ruines. Ces choses, je ne les ai apprises, comme
vous le pensez bien, que longtemps apr�s, � mon retour dans la montagne.
Quelle train charitable me releva � l'endroit o� j'�tais tomb� expirant?
Quand, comment et par qui fus-je transport� � l'h�pital de Tizi-Ouzou?
C'est ce que je ne saurais vous dire. Tout cela n'a laiss� dans mon
esprit qu'un souvenir confus. Je me souviens seulement qu'un matin, un
_thebib_ fran�ais m'arracha un grand cri en enfon�ant un instrument dans
le trou b�ant de ma poitrine. En le voyant sourire d'un air de
satisfaction, j'�prouvai pour la premi�re fois de ma vie un sentiment de
peur. Ah! pensai-je, la cruaut� de nos ennemis peut-elle aller
jusque-l�! Mes yeux exprimaient sans doute ce que je ressentais; car un
turco bless� qui �tait couch� dans un lit pr�s du mien, s'empressa de me
dire:
--Ne crains donc rien, ami; le _thebib_ fran�ais est content, car,
dit-il, puisque tu cries, c'est que tu as envie de vivre.
J'ouvris la bouche pour le remercier. Apr�s tout, puisque je n'�tais pas
mort, je n'�tais pas f�ch� de revoir la lumi�re. Mais le _thebib_
fran�ais mit vivement sa main sur mes livres; puis il parla au turco,
mon voisin.
--Il t'avertit, me dit celui-ci, que si tu souffles un mot de la
journ�e, tu ne seras bon ce soir qu'� �tre mis en terre.
Je ne me le fis pas r�p�ter deux fois. Je n'ouvris plus la bouche, mais
je pensai � ma bonne m�re Hasna, � ma bien-aim�e Yasmina. Et pourquoi ne
l'avouerais-je pas? je pensai aussi � Ali, mon mortel ennemi. Je me
souvins m�me de ce regard que je lui avais jet� chez les A�th-Iraten et
qui disait: �C'est bien, Ali, nous r�glerons notre compte ensemble apr�s
la guerre.� Ah! maintenant, je ressentais l'ardent d�sir de vivre: je
n'avais pas seulement � venger mon p�re tu� par les hommes de sa
_kharouba,_ mais encore ma patrie, trahie par lui-m�me. Ces souvenirs et
ces projets avaient sans doute rappel� la fi�vre; car une femme jeune et
belle encore, en robe grise, la t�te couverte d'une grande coiffe
blanche, m'observait debout devant mon lit. Mes yeux ayant rencontr� les
siens, elle mit un doigt sur ses l�vres pour me recommander le silence;
puis, pench�e sur moi, elle fit tomber dans ma bouche quelques gouttes
d'une liqueur qui m'endormit presque aussit�t.
Combien de jours, combien de semaines, suis-je rest� l� couch� sur le
dos, soign� par le _thebib_ fran�ais et par cette femme si douce et si
patiente, en qui j'avais confiance comme en ma propre m�re? Ce que je
sais, c'est que mon voisin le turco s'en �tait all� avec beaucoup
d'autres, morts ou gu�ris, tandis que moi j'�tais toujours � la m�me
place. On me traitait comme le fils d'une kharouba o� il n'�tait n�
avant lui que des filles. Cependant l'impatience me gagnait; le
d�sespoir m�me s'emparant de moi, l'on me surprenait parfois � sangloter
comme un enfant. Ainsi se passa tout l'�t� et une partie de l'automne.
Enfin, ma plaie se ferma; je vous parle de celle de la poitrine; la
blessure de mon bras n'�tait rien, et pour ce qui est de celle de ma
t�te, nous avons coutume de dire qu'aucun _thebib,_ si savant qu'il
soit, n'a jamais pu savoir ce qui est le plus dur d'un cr�ne kabyle ou
d'un caillou roul�.
Un matin, la bonne femme me mit dans la main une petite m�daille et un
grand pain. J'�tais gu�ri!
Le beau Kabyle nous montra sa m�daille. Elle portait sur l'une de ses
faces une image de la Vierge avec cette inscription: �Marie, con�ue sans
p�ch�, priez pour nous qui avons recours � vous.� Sur l'autre face, une
croix couronn�e d'�toiles surmontant un grand M.
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