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Page 72
La _djem�a_ des A�th-Aziz se r�unit. Il en est de m�me dans tous les
villages des Illoula-Oumalou, et dans toutes les tribus des _Zouaoua_.
Au premier moment, beaucoup traitent ces nouvelles de fables:
--Les Fran�ais, disent-ils, ne se sont jamais aventur�s sur les hauts
rochers de l'Est ou sur ceux de l'Ouest, ni avant eux aucun conqu�rant
�tranger. Si nombreux que puissent �tre leurs guerriers, ils savent que
les n�tres sont plus nombreux encore, et que nous sommes r�solus �
d�fendre jusqu'� la mort notre libert� et notre territoire. Mais de
nouveaux �missaires arrivent mieux renseign�s que les premiers; ils nous
racontent ce qu'ils ont vu. Bient�t la v�rit� �clate � tous les yeux
comme l'�clair qui, au milieu de la nuit, remplit le vaste ciel de sa
clart� sinistre. La patrie est en danger! Voici les ambassadeurs de la
conf�d�ration des A�th-Iraten. Envoy�s dans toutes les tribus, ils
r�clament le concours de tous leurs contingents. Plus de haines ni de
vengeances personnelles: amis ou ennemis, tous ont le m�me devoir.
Cependant ma m�re Hasna s'obstinait � douter encore, non qu'elle ignor�t
l'audace des Roumis de France: ne les avait-elle pas vus l'ann�e
pr�c�dente [En septembre 1856.], poussant une pointe hardie chez les
A�th-Smahil, pour y d�truire la _zaou�a_ de Sid-Abd-er-Rhaman? Mais la
vaillante femme se r�voltait � l'id�e qu'ils viendraient, au coeur m�me
de la Kabylie, provoquer tous les _manefguis_ debout et en armes.
--Cela, Mohamed, me disait-elle sans cesse, c'est impossible!
--Eh bien, _imma,_ lui r�pondis-je un jour qu'elle m'avait � moiti�
gagn� � sa conviction, si vous alliez consulter Lalla Fathma! Elle qui
sait tout, m�me l'avenir, pourra mettre fin � notre incertitude.
--Tu as raison, mon fils, j'irai demain.
Elle partit donc, d�s l'aube. J'allai, moi, passer la journ�e � la
_djem�a_; elle si�geait en permanence, les uns entrant, les autres
sortant. On discutait � propos des derni�res nouvelles: tel proposait
ceci, et tel autre cela; on discutait tout le jour et m�me une partie de
la nuit, car on �tait tr�s-loin de s'entendre. Souvent tous parlaient �
la fois, et le dernier mot ne restait pas toujours � celui qui avait le
plus de raison, mais � celui qui avait la voix la plus forte. �tant
parmi les plus jeunes, je ne pouvais gu�re me m�ler aux d�lib�rations;
cependant il me semblait que la moiti� de ces discours, pour le moins,
�taient des discours inutiles.
Ce jour-l�, nous appr�mes que toute l'arm�e fran�aise se trouvait
rassembl�e au pied des montagnes des A�th-lraten; mais des nuages noirs,
charg�s d'�clairs, en d�robaient � ses yeux les sommets; un �pais
brouillard, pareil � un rideau, �tait descendu entre elle et les
vall�es. Aussi les marabouts et les derviches disaient-ils partout: les
Roumis sont si nombreux qu'on ne pourrait jeter en l'air un grain d'orge
sans qu'il retomb�t sur la t�te de l'un d'eux. Mais qu'importe cela,
puisque Allah veille sur nous! Aujourd'hui il envoie ces brouillards,
demain il frappera les infid�les de sa foudre.
Ces propos ou d'autres analogues �taient rapport�s � la _djem�a_; en
sorte que le contingent qu'elle avait vot� pour assister les A�th-lraten
n'avait pas encore re�u son ordre de d�part.
Quant � moi, je d�sapprouvais ces lenteurs. Ce ciel de plomb me pesait
sur la poitrine; et dans l'�clair qui de temps � autre le sillonnait, je
ne voyais qu'un avertissement. J'eusse voulu partir sur l'heure, ces
vaines paroles m'irritaient. Dans l'apr�s-midi, ne pouvant contenir mon
impatience, je quittai la _djem�a_ o� presque tous les A�th-Aziz se
trouvaient alors r�unis. Le vieux Salem �tait l� avec les autres. Je fis
le tour du village. Arriv� derri�re une haie, d'o� j'avais pu
quelquefois contempler ma bien-aim�e, tandis qu'elle arrachait les
mauvaises herbes dans le jardin de son tuteur, je jetai le cri convenu
entre nous. Elle vint pr�s de la haie, en faisant semblant de remplir sa
t�che. Nous redoutions le mauvais oeil de la vieille Kreira, sa voisine.
--Ma ch�re �me, dis-je � mi-voix, je viens te faire mes adieux.
--Tu pars! fit-elle d�faillante; et moi, que deviendrai-je sans toi?
--Pourrais-tu donc aimer un l�che?
--Non, Mohamed, non; mais je sais combien tu es courageux.
--Yasmina, repris-je, il ne faut pas que le Roumi p�n�tre dans nos
montagnes, ni qu'il imprime le stigmate de l'esclavage sur ce sol libre
que nous ont l�gu� nos a�eux. C'est pourquoi je vais combattre chez les
A�th-lraten.
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