En Kabylie by J. Vilbort


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 7

--Il n'aura pas trouv� la cuisine! allez, Caporal, allez!

L'instant d'apr�s, M. Jules revient avec un visage constern�.

--Ce n'est pas ici qu'on d�jeune, Madame.

--Ah!... mais o� donc?

--Aux Issers.

--A trente kilom�tres!

--Venez!

Nous suivons le G�n�ral dans l'auberge.

--Que pouvez-vous nous servir?

--Madame, tout ce qu'il vous plaira.

--A la bonne heure! Eh bien, servez-nous.

--Quoi? de l'absinthe?

C'est la premi�re chose qu'on vous offre dans toute l'Alg�rie, depuis
huit heures du matin jusqu'� six heures du soir; c'est aussi la plus
pernicieuse.

--Des champoreaux?

--Merci! nous venons d'en prendre. Servez-nous un poulet, des oeufs, du
jambon...

--C'est que...

Le G�n�ral fronce le sourcil.

--Nos poules ne pondent pas encore, nos jambons sont mang�s; et quant �
un poulet, il faudrait le temps de le saigner, de le plumer et de le
mettre � la broche.

--Du pain alors!

--Et du fromage, oui, Madame; et du vin, si madame le d�sire.

--Sans doute.

--Du cachet�! vieux m�doc, avec la marque de Bordeaux.

Les visages se d�rident. Le Conscrit nous rejoint, l'oreille basse.
Distrait comme toujours, il a pris la porte de l'�table pour celle de la
cuisine, puis il s'est �gar� dans le potager. Il pr�tend avoir d�couvert
avec sa lorgnette la Koubba de Mohamed-el-Debba [L'�gorgeur.] situ�e �
l'entr�e du col des Beni-A�cha, porte naturelle du pays kabyle. C'�tait
un terrible Turc. Il jouit d'une renomm�e l�gendaire chez les
montagnards de l'Ouest, les A�th-Flisset-oum-el-il, fils de la nuit, et
les A�th-Flisset-Behar, fils de la mer. Ils lui attribuent
indistinctement tous les coups que leur a port�s la domination turque.
Du haut de son bordj de Tizi-Ouzou, ce lieutenant d'Ali-Pacha, dey
d'Alger (1757), observait tout le massif de leurs montagnes ondul�es qui
s'�tend de chaque c�t� de la vall�e du Sebaou, au nord jusqu'� la mer,
au sud jusqu'au Djurjura et � l'Oued [Rivi�re.] Isser. Arm� de son
redoutable cimeterre, il tombait sur eux � l'improviste, et ne pouvant
leur imposer le joug du Beylik, il s'en vengeait par le massacre et le
pillage. Le _flissa_ [Sabre.] le mieux aiguis� n'entamait pas sa peau,
et c'est � peine si la balle d'un fusil des Yenni, les meilleurs
armuriers du Djurjura, parvenait � trouer son burnous. Invuln�rable par
le fer et par le plomb, dit la l�gende, il fallait, pour l'abattre, lui
envoyer dans le corps une charge de pi�ces d'argent.

Nous d�vorons � belles dents un pain savoureux, confectionn� avec de la
farine de bl� dur qu'on r�pudiait, il y a quelques ann�es, comme
impropre � la panification. O pr�jug�! quand cesseras-tu d'outrager la
nature? La faim assouvie, c'est la soif qui nous tourmente. Nous
d�bouchons le m�doc authentique. Madame Elvire demande de l'eau:
l'aubergiste secoue la t�te; elle fronce les sourcils.

--C'est _de la_ poison, Madame! et, pour en avoir bu, voil� plus de six
mois que ma femme est malade.

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Thu 17th Apr 2025, 2:24