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Page 61
--Oh! Monsieur, on aura bien du mal � faire croire aux Kabyles que
certains de leurs marabouts n'ont pas le pouvoir de d�ranger l'ordre
naturel.
--Pas plus, mon ami, qu'on n'en aura � d�masquer nos marabouts � nous,
qui suent sang et eau pour remettre � la mode des jongleries de l'an
mil. Des �coles, des _zaou�a_ o� la jeunesse apprendrait � ne pas
m�priser la raison, mais � s'en servir sans cesse et avec une enti�re
confiance: il n'en faudrait pas plus. Mais tous vos marabouts
pr�chent-ils le surnaturel comme les n�tres, et tous aussi cultivent-ils
le champ f�cond de la sorcellerie? par exemple, allume-t-on des
chandelles dans la m�me paroisse � la fois pour qu'il pleuve et pour
qu'il ne pleuve pas? Tous sont-ils fanatiques au point de maudire et de
vouer au diable les bonnes gens qui font le bien sans eux et refusent de
leur payer la d�me?
--Non: il y en a, bien qu'ils soient rares, qui ne maudissent personne,
pas m�me les _Roumis_, et qu'on honore pour leur sagesse et leur vertu.
Ils donnent d'une main ce qu'ils re�oivent de l'autre, et leur vie
�difiante est tout amour et charit�. Ce sont de vrais saints, ceux-l�;
mais, je le r�p�te, ils sont rares.
--Comme chez nous!
--La _zaou�a_ de Chellata, demandai-je, est une �cole pour les enfants
ou pour les adultes?
--On y trouve des _tolbas_ de tout �ge.
--Sont-ils nombreux?
--Deux � trois cents.
--Et que payent-ils chacun?
--Rien. C'est Ben-Ali-Ch�rif qui paye pour tous.
--Il est donc bien riche?
--Lui! il ne pourrait jamais �puiser son tr�sor. Vous ne savez pas
l'histoire de la _Maison d'or_?
--Non.
--Eh bien, les anc�tres de l'aga, qui �taient des saints, �rig�rent,
dans un endroit connu de lui seul, une maison o� l'or vient comme la
mauvaise herbe dans ce champ. Plus ils en prennent pour faire le bien,
et plus leurs richesses augmentent. C'est un miracle, cela, pourtant, et
un miracle authentique!
--Dis plut�t une all�gorie charmante et toute � l'honneur de cette
famille, puisqu'elle vous apprend qu'en faisant le bien autour d'eux,
ces ch�rifs, fils d'Ali, ont grandi dans le pays en autorit�, en
consid�ration et en richesse.
--Vraie ou non, cette explication me satisfait et me pla�t. Au milieu de
vous, je finirais par devenir raisonnable, quoique marabout. L'aga
s'enrichit donc � d�penser, bon an mal an, deux cent mille francs pour
sa _zaou�a_: car ce n'est pas seulement une �cole, mais aussi une maison
hospitali�re o� chacun est admis, sans qu'on lui demande de quel pays il
est, d'o� il vient, o� il va, ni s'il est riche ou pauvre. Jamais non
plus, l�, on ne vous dit: Quand partez-vous? Que vous y restiez un jour,
huit jours ou un mois, on ne vous refuse pas votre place sur la natte et
autour du plat. Vous y demeureriez pendant toute une ann�e, qu'on ne
vous dirait pas encore: Allez-vous en! C'est la seule _zaou�a_ �tablie
sur ce pied-l�. Aussi les Kabyles s'en font gloire, et les Arabes n'en
ont jamais eu de pareille. Aux f�tes religieuses, plus de mille pauvres
viennent y manger le kouskoussou � la viande. Oui, vous avez raison: le
tr�sor in�puisable et qui grandit sans cesse, c'est la reconnaissance
des malheureux.
--Mais les autres _zaou�a_, de quoi vivent-elles?
--De _ziara_ et d'_achour_ [Offrandes et qu�tes.]. Elles poss�dent aussi
des terres, du b�tail, des figuiers et des oliviers provenant de legs
pieux. Ce fonds est exploit� par des _khemmes_ [M�tayers.], qui
pr�l�vent un cinqui�me de la r�colte, ou au moyen de corv�es
religieuses. Ces _tou�za_, comme celles pour les pauvres, sont impos�es
par les _djem�a_, car l'_oukil_ et les _tolbas_ n'exercent parmi nous
aucune autorit�. En Kabylie, la religion n'est pas du tout m�l�e � la
politique, comme en pays arabe. Pour les _zaou�a_ qui nourrissent nos
pauvres et instruisent nos enfants, nous travaillons, mais
volontairement: chacun leur donne ce qu'il veut, ce qu'il peut. Les
�coliers payent une r�tribution scolaire, un ou deux francs par mois ou
l'�quivalent en nature, moyennant quoi ils y re�oivent l'instruction, le
vivre et le coucher. Apr�s les vacances, les petits, quand les parents
sont dans l'aisance, emportent de la maison quelques douceurs pour
l'_oukil_: du miel, des oeufs ou des g�teaux; mais les parents sont-ils
pauvres, les petits ne payent rien et n'emportent avec eux que la
planchette o� sont grav�s les versets du Coran.
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