En Kabylie by J. Vilbort


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Page 59

A notre extr�me droite, par del� la conf�d�ration des Zouaoua de l'Est,
sur les derni�res d�clivit�s djurjuriennes qui descendent vers le cap
Sigli, nous d�couvrons en partie le territoire de ces deux groupes
kabyles. L'un comprend 196 villages, 8,979 fusils, r�partis entre 17
tribus du cercle de Bougie [Devaux, _les K�ba�les de Djerjera_.]: les
A�th-bou-Me�aoud, Aourzelaguen, Our'lis, Man�our,
Ouled-Sidi-Mou�a-ou-A�dir, Tifra, Bou-Indjedamen, Ouled-
Sidi-Mohammed-Amokran, Ahmed-Garetz, Itoudjen, Amor, Fena�a, Mezza�a,
Amran, Imzalen, Sidi-Abbou et Ksila. L'autre compte 14 tribus, 72
villages, 3,087 fusils: les A�th-Oued-el-Hammam (les fils de la rivi�re
aux eaux chaudes), Ibouha�n, Imadhalen, Ir'kil Nzekri, Bou-Nahman,
Ibarizen, Thiguerin, Hassa�n, Flick, Agouchdal, Ouled-Sidi-Yahia,
Ouled-Si-Ahmed-ou-Youcef, Azouzen, et la tribu des Zarfaoua, d�j�
signal�e.

Encore un regard d'admiration jet� sur la _K'bila-Oumalou_, la Kabylie
du versant nord, et maintenant en route pour la _K'bila-Ousammeur_, la
Kabylie du versant sud. Nous avons rafra�chi avec de la glace nos
visages et nos mains br�l�es par le soleil, nos estomacs incendi�s par
le _felfel_. Nos mulets ont tondu une herbe courte et touffue, o� se
repose avec plaisir l'oeil �bloui par l'�clat de la neige. Nous passons
entre les deux sentinelles qui gardent le col de Chellata, et dont
l'armure de silex reluit comme de l'acier poli. La cr�te, d'un versant �
l'autre, n'a gu�re ici plus de deux cents m�tres. Le d�fil� est une
d�licieuse prairie �maill�e de marguerites. L'immensit� b�ante, devant
nous et derri�re nous, la r�duit � des proportions lilliputiennes. Au
point culminant, les deux Kabylies, celle du Nord et celle du Sud, nous
apparaissent � la fois. Il faut s'arr�ter de nouveau pour contempler ces
deux infinis, que la coupole c�leste r�unit dans un cadre �blouissant.
Ah! que nous sommes petits en nous mesurant � cette grandeur! Mais que
l'�me est plus grande encore, puisqu'elle peut d'un coup d'oeil
l'embrasser tout enti�re et regarder au del�!

Nous repartons, et tout � coup, comme par un coup de th��tre, le d�cor
change: l'Afrique du Sud, l'Afrique torride, l'Afrique fauve, est en
face de nous! C'est la Kabylie m�ridionale dans sa robe pierreuse, jaune
ou grise, �trangement ornement�e de broderies sombres par les oliviers,
les gen�vriers, les lentisques, les lauriers-roses. Entre le Djurjura et
les montagnes tourment�es des A�th-Abb�s qui nous regardent, s'ouvre un
ab�me, la vall�e de l'Oued-Sahel: torrent imp�tueux en hiver, aussi
large alors qu'un fleuve am�ricain, la rivi�re n'est � pr�sent qu'un
mince filet d'eau; et, � la distance o� nous en sommes, on la prendrait
pour une anguille qui se tortille dans la vase. Mais qu'est-ce que ce
mamelon qui s'�l�ve arrondi comme un d�me au milieu de son lit � sec? et
par quel caprice bizarre la nature a-t-elle jet� en cet endroit ce piton
isol�, que ses lignes si r�guli�res font ressembler � un monument �rig�
par la main de l'homme? C'est Akbou, et son sommet garde quelques
pierres romaines. Tout fait croire qu'il y eut l� un tombeau. Mais
derri�re Akbou, quel est ce labyrinthe profond�ment creus� dans le flanc
des montagnes o� la rivi�re se prom�ne en d'inextricables m�andres?
N'est-ce pas un derviche sorcier qui a trac� avec son b�ton magique ces
sillons �trangement contourn�s, pour en former un dessin d'arabesques
cabalistiques? C'est l'Oued-bou-Sellam. Partie des environs de S�tif et
enrichie en chemin des eaux de vingt affluents, cette rivi�re se marie
au fr�re du S�baou, l'Oued-Sahel, qui devient alors, et jusqu'� son
embouchure, l'Oued-Summam. Avant d'�tre l'Oued-Summam et l'Oued-Sahel,
le grand fleuve de la Kabylie m�ridionale a �t� l'Oued-Ziane et
l'Oued-Douss, qui naissent au sud et au sud-est d'Aumale. Dans la saison
des pluies, son lit, large de trois � quatre cents m�tres, devient
pourtant trop �troit et d�borde parfois en quelques heures, quand
accourent, gonfl�s subitement par le d�luge africain, ses nombreux
affluents: l'Oued-Mahrir et l'Oued-Amazin, avec l'Oued-bou-Sellam sur la
rive droite; l'Oued-el-Berd, l'Oued-Ouakoura, l'Oued Mlikeuch et
d'autres sur la rive gauche, qui tombent du Djurjura. Comme je l'ai dit
ailleurs, ce cours d'eau ouvre de l'ouest � l'est, dans les montagnes
berb�res, une br�che parall�le � celle du S�baou: l'une et l'autre
isolent, au nord et au midi, le grand massif djurjurien; et les deux
vall�es sont comme les foss�s, tant�t � sec, tant�t remplis d'eau, de
cette forteresse de g�ants. Nous voici au bout du d�fil�, o� une brise
fra�che nous a caress� le visage. Mais, de d�cembre � mars, de furieuses
rafales y pr�cipitent des tourbillons de neige, qui le ferment ou en
font un passage redoutable. Le versant sud ne nous montre qu'une partie
de sa surface convexe. A droite, sont les contreforts des A�th-Mlikeuch;
� gauche, se dresse un mur vertical de quinze cents m�tres, o� suinte
l'eau des derni�res neiges; devant nous s'enfonce un escalier de g�ants,
qu'en 1857, pendant la campagne, les sapeurs fran�ais ont quelque peu
retouch�. Aupr�s du casse-cou d'hier et de ce matin, cela peut passer
pour une route de premi�re classe.

--Bel-Kassem, quel est ce village?

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Books | Photos | Paul Mutton | Thu 25th Dec 2025, 15:47