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Page 54
--Non; mais elles sont moins tenues que les jeunes filles et les femmes
mari�es.
--En sont-elles moins consid�r�es?
--Tout juste autant que les autres. Si pourtant elles donnent un trop
grand scandale, il arrive parfois que le p�re ou le fr�re les corrige.
--Comment?
--En leur envoyant une balle dans la t�te.
--Avez-vous des f�tes publiques?
--Oui, la f�te de l'_A�th-Kebir_, qui rappelle le sacrifice d'Abraham,
et d'autres, religieuses, politique, o� la _djem�a_ vote l'_ouzia_.
C'est une distribution g�n�rale de viande. Les plus pauvres comme les
plus riches en re�oivent une part �gale; le tr�sor public paye pour tout
le monde. S'il n'y a pas d'argent dans la caisse, on fait une collecte
dans le village, et chacun est oblig� d'y contribuer selon ses moyens.
Ceux qui n'ont rien que la maison et le potager du pauvre ne donnent
rien; mais ils n'en ont pas moins droit � cette viande, la seule qu'ils
mangent dans toute l'ann�e. Et si l'_amin_ ou quelque autre s'avisait de
pr�lever sur l'_ouzia_ une part plus grande ou d'en prendre avant la
r�partition, ne f�t-ce que du mou ou des entrailles, il serait frapp�
d'une amende de cinquante francs.
Le Philosophe battit des mains, et ses applaudissements trouv�rent un
chaleureux �cho.
--Pauvret� n'est pas vice chez nous, reprit fi�rement Bel-Kassem; et
quand un homme est frapp� par le malheur, si l'ennemi ou l'ouragan a
ravag� son champ, renvers� ses arbres, d�truit sa maison, tout le
village lui vient en aide: chacun lui offre son aum�ne, et la _djem�a_
ordonne la _tou�za_, corv�e dont nul ne peut se dispenser; on la fait
�galement pour entretenir, labourer ou ensemencer le _bled-rabbi_ [Le
bien de Dieu.], qui provient de legs charitables et dont les fruits,
figues, olives ou bl�, sont abandonn�s aux pauvres. Celui qui refuserait
de s'acquitter de cette corv�e, impos�e � tous en faveur des malheureux,
payerait aussi cinquante francs d'amende.
--Voil�, dit le Philosophe, ce que les Kabyles auront � enseigner aux
Fran�ais avec beaucoup d'autres bonnes choses, par o� ils les devancent
dans le chemin de la v�rit� et de la justice. Notre d�mocratie n'est
qu'un enfant, tandis que la leur est un homme; et ceux qui, au m�pris de
la dignit� humaine et de tous les droits des citoyens, pr�tendent qu'un
peuple doit �tre tenu en tutelle par un pouvoir absolu, par une
administration centralis�e � outrance, n'ont qu'� venir en Kabylie pour
s'y convaincre de leur erreur; ceux aussi qui pensent que le vrai moyen
de corriger les m�chants est de les mettre en prison, de les enfermer au
bagne ou de leur couper la t�te.
--Ami, dit madame Elvire, tu parles comme les sept Sages; mais je
t'avertis que si vous tentez jamais de nous traiter en Kabyles, c'est en
Fran�aises que nous nous r�volterons.
--Lorsque nos femmes, dit Bel-Kassem, deviendront aimables et vertueuses
comme des Fran�aises, nous les traiterons mieux, et d�j� nous ne les
traitons pas si mal. En voici la preuve: un boeuf, une vache ou un mouton
p�rissent-ils par accident dans la montagne, le ma�tre de la b�te ne
peut pas en disposer avant d'avoir fait savoir au village qu'il y a de
la viande fra�che pour les femmes malades, enceintes ou infirmes.
--Voil� qui est bien. Mais n'est-ce pas mon amoureux qui vient � notre
rencontre?
En effet, il descendait comme un chamois la pente raide, les mains
pleines de fleurs.
--_Ouach halek_ [Bonjour.]! nous crie-t-il d'aussi loin qu'il nous
aper�oit. Arriv� pr�s de madame Elvire, il baise le pan de son manteau,
en d�posant sur ses genoux les filles sauvages et parfum�es du Djurjura.
--D�cid�ment les Kabyles sont tr�s-galants, et leurs femmes... bien
maladroites.
--_Diffa! diffa!_ dit le bel homme d'A�th-Aziz, en �tendant la main vers
ce village perch� sur un petit plateau, au sommet du contre-fort que
nous escaladons.
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