En Kabylie by J. Vilbort


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Page 47

--Mais o� est-il donc, mon amoureux?

--Il vient de repartir pour son village, o� il veut vous faire offrir
demain matin la _diffa_.

--Pauvre gar�on!

--Je ne regrette pas du tout, dit M. Jules, qu'il s'en soit all�. Sous
son air doux, j'en jurerais, cet homme cache des instincts de b�te
f�roce.

--C'est vous, Caporal, qui �tes jaloux, s'�cria le Conscrit, jaloux
comme un tigre.

Le Caporal, qui �tait le meilleur enfant du monde, fut le premier � rire
de cette plaisanterie.

--Et le Marseillais?

--Il prend le frais dans la cour avec les muletiers en attendant qu'on
soupe.

�tant sorti, je trouvai le Marseillais assis sur une pierre et fumant
philosophiquement sa pipe.

--Que fais-tu l�?

--Je fume! Il fait un froid de loup, la ros�e m'a tremp�: je me s�che �
ma pipe. C'est un bon rem�de contre les rhumatismes.

--Pourquoi n'entres-tu pas dans la maison?

--Le ca�d ne m'y a pas invit�, ni personne.

--Il faut nous le pardonner, mon ami; viens!

--Je pensais que vous m'aviez abandonn�, et cela me faisait de la peine,
bagasse!

Comme j'allais entrer avec lui dans la maison, Madame Elvire en sortit:

--Le ca�d, me dit-elle, nous accorde la faveur insigne de nous pr�senter
� ses femmes.

Je me joins au cort�ge. Nous traversons une seconde cour plus petite que
la premi�re, et autour de laquelle s'�l�vent plusieurs corps de logis,
habit�s par divers membres de la _kharouba_. Elle est pav�e de grosses
pierres d'in�gale grandeur, rassembl�es sur un plan inclin� qui favorise
l'�coulement des eaux m�nag�res; comme la rue, c'est un casse-cou. Nous
p�n�trons avec le ca�d dans un de ses logis, et l� toute la vie
int�rieure du Kabyle se r�v�le � nous dans un tableau pittoresque et
charmant.

Des femmes et des jeunes filles sont accroupies � terre autour du foyer.
Des enfants que notre vue effarouche se r�fugient sur le sein de leurs
m�res ou courent se cacher derri�re leur dos. Un gar�on de deux ans,
petit Hercule de bronze, dort nu entre des bras orgueilleux de porter ce
fardeau pr�cieux et magnifique. Une jolie fille de neuf � dix ans, �
l'oeil �veill�, � la l�vre mutine, agite avec gr�ce un tamis d'alfa, d'o�
tombe comme une pluie blanche la fleur de farine. Elle est recueillie
dans un grand plat en bois tourn�, o� plusieurs mains non moins agiles
qu'�l�gantes viennent la prendre incessamment pour la rouler entre leurs
doigts mouill�s. Ces p�tes, en forme de grains arrondis, � peine de la
grosseur d'une t�te d'�pingle, sont, nous dit Bel-Kassem, l'�me et le
corps du _kouskoussou,_ le mets national, le r�gal par excellence du
Kabyle comme de l'Arabe. Le piment, le lait, le miel, la viande m�me,
n'en sont que l'assaisonnement ou la sauce. Sur le feu cuisent plusieurs
poulets d�capit�s, au fond d'un vase � moiti� rempli d'eau. La vapeur de
ce bouillon p�n�tre par un tamis dans un second vase superpos� au
premier et qui renferme les p�tes. Lorsqu'elles ont enti�rement absorb�
le bouillon en s'impr�gnant du suc de la viande, le kouskoussou est �
point, et le palais le plus blas� se r�veille devant ce plat aux fumets
app�tissants. Ce pot qui mijote sur la braise, et qu'une vieille femme
surveille, contient notre souper.

Les p�tes qu'Halima, Yacoute, Amefa, Sa�da, roulent entre leurs doigts
mignons, serviront � pr�parer un autre kouskoussou: car toute la
_kharouba,_ grands ou petits, aura sa part de la diffa. Aussi la joie
�clate sur les visages; ils semblent nous dire: �C'est f�te � la maison!
Ah! si vous pouviez revenir demain!�

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Books | Photos | Paul Mutton | Wed 24th Dec 2025, 13:56