En Kabylie by J. Vilbort


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Page 46

--Elles me d�vorent! dit le G�n�ral exasp�r�.

--Bah! quand elles auront pr�lev� leur _diffa_ sur ta peau blanche et
rose, elles s'endormiront jusqu'au matin.

--Mais moi, je ne fermerai pas l'oeil de la nuit.

--Dans un jour ou deux, tu auras fait la paix avec elles. Alors elles
seront pour toi ce qu'elles sont pour nous: des amies fid�les dont on ne
peut plus se passer.

Il faisait nuit noire au dehors; de temps � autre quelques t�tes
curieuses se montraient dans la p�nombre de la porte, et parmi elles des
t�tes de femmes. Madame Elvire, se tournant vers le ca�d accroupi � c�t�
d'elle, lui demanda si sa femme �tait jeune et jolie? Bel-Kassem servit
d'interpr�te.

--J'ai trois femmes, r�pondit le ca�d d'un air o� l'on voyait qu'il e�t
volontiers fait de madame Elvire la quatri�me.

--Tu n'es donc pas un Kabyle, mais un Turc?

--A l'homme qui vieillit, il faut une femme jeune.

--Laquelle pr�f�res-tu?

--La plus belle.

--Et les autres?

--Elles tissent les burnous et pr�parent le kouskoussou; elles vont
chercher du bois dans la montagne, de l'eau dans la vall�e; elles
tannent la peau des boucs, elles fa�onnent des poteries; elles traient
les vaches et les ch�vres, battent le _thamenth_ [Beurre.] et font
l'_agouglou_ [Fromage de lait aigre.].

--Leur �ge?

--La vieille a trente-cinq ans, la seconde vingt-quatre et la troisi�me
treize.

--S'accordent-elles ensemble?

--Il le faut bien.

--Mais si elles se querellent?

--Je les mets � la raison.

--Comment?

Le ca�d h�sitait � r�pondre. Cependant madame Elvire insistait pour
savoir de quelle mani�re, en Kabylie, un mari possesseur de trois femmes
apaise les discordes intestines de son m�nage. Il se d�cida � lui faire
une r�ponse que Bel-Kassem, en homme bien �lev� par la nature, traduisit
ainsi:

--Je les menace de ma froideur.

Le G�n�ral, �clatant de rire, toisa de haut en bas le petit homme
boiteux.

--Ce n'est pas tout, reprit le ca�d: lorsqu'en se disputant elles se
tirent par les cheveux, se mordent ou se mettent le visage en sang avec
les ongles, elles payent l'amende, et c'est autant d'argent qu'elles ont
en moins pour s'acheter des bijoux.

--Les femmes, ajouta le guide, sont passibles de toutes les amendes que
les _kanouns_ infligent aux hommes.

--Que penses-tu, Philosophe, de cette �galit�-l�?

--Qu'elle n'est pas plus � d�daigner qu'une autre.

--Grand merci!

--L'�galit� devant la r�pression constitue pour la femme kabyle un droit
qui pourra la conduire un jour � l'�galit� devant la loi.

--Oui, dit Bel-Kassem, cela arrivera in�vitablement quand nous verrons
le Djurjura la t�te en bas et les jambes en l'air, ou lorsque nos
femmes, aussi belles et aussi intelligentes que toi, Madame, nous
ensorcelleront comme tu as ensorcel� aujourd'hui le Kabyle d'A�th-Aziz.

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Books | Photos | Paul Mutton | Wed 24th Dec 2025, 11:56