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Page 40
--Nous savons qu'elles n'h�ritent pas.
--Et si une fille, en se mariant, quitte le village, elle n'emporte que
ses bijoux, sa t�te l�g�re et... Bel-Kassem demeura sur ce: et...
--Quoi donc? fit une petite bouche curieuse.
--Sa vertu.
Madame Elvire sourit. A ce signal, notre rire �clate. Cette gaiet� gagne
les muletiers et m�me �l'amoureux de ma femme,� grave et m�lancolique.
Brusquement arrach� � son extase, il nous montre ses dents plus
�blouissantes que les neiges du Djurjura.
--Bagasse! que je m'amuse, moi! s'�crie le Marseillais. C'est une vraie
f�te de voyager avec vous; mais je casserais volontiers une cro�te.
--Et moi aussi!
--Et moi donc!
--Je mangerais de l'herbe, s'il y en avait sur ce rocher.
--Moi, je boirais la mer et ses poissons.
Seuls, nos braves b�tes et leurs ma�tres marchent depuis cinq heures et
marcheront jusqu'au soir sans �prouver le besoin de manger ni de boire.
--Bel-Kassem, ne pourrais-tu d�couvrir par ici un bon h�tel avec un
d�ner cuit � point.
--Non, Madame, le colonel t'en a pr�venue.
--Un bouchon, un petit bouchon.
--S'il ne te faut que cela, il y en a aux bouteilles.
Nouvel �clat de rire: le guide nous regarde d'un air effar�.
--Cassandre, mon ami, dit le Marseillais avec le plus pur accent de la
Canebi�re, tu ne sais donc pas qu'un bouchon, c'est un paradis o� les
bons compagnons _rigolent_.
--Mais, Caporal, � quoi pensez-vous? J'ai faim! j'ai soif! et vous avez
dans vos _tellis_ tout ce qu'il faut! O� trouverons-nous pour _rigoler_
un bouchon comme celui-ci?
--Encore cinq minutes de marche, dit Bel-Kassem, nous rencontrerons une
source: les hommes et les b�tes pourront boire.
Nous gravissions depuis une heure un �norme rocher nu et venions d'en
atteindre la cr�te, o� il ne poussait pas un brin d'herbe. Un grand
silence nous enveloppait. Le sabot des mulets retentissait sur la pierre
sonore. A droite et � gauche, le pr�cipice se creusait presque a pic �
une profondeur de mille m�tres. La vue planait sur un horizon immense
ceint d'un c�t� par le Djurjura recourb� en demi-cercle, de l'autre par
la mer qui apparaissait dans une �chancrure de montagnes. La grandeur
�pique du paysage nous plongeait dans une sorte de stupeur, contre
laquelle r�agissait notre gaiet� un peu f�brile. Pas une maison
fran�aise, aucun vestige d'Europe, le monde berb�re dans sa splendide et
prodigieuse sauvagerie. Nous sommes au coeur de la grande Kabylie.
D'un seul coup d'oeil nous embrassons toutes les tribus des deux grandes
conf�d�rations ou _K'bila_ [K'bila, hommes associ�s.] des _Zouaoua_.
Leurs sofs _R'raba_ [De l'Ouest.] et leurs sofs _Cheraga_ [De l'Est.]
occupent tout le versant septentrional du Djurjura, depuis les
A�th-Guechtoula et les A�th-Sedka vers Dra'-el-Mizan, jusqu'aux tribus
de l'Oud-el-Hammam vers la mer et le cap Sigli. Nous les passons en
revue du haut d'un pic des A�th-Menguelate, 14 villages, 1,350 fusils,
une des tribus les plus consid�rables de la conf�d�ration de l'Ouest.
Chez les Menguelate, comme chez les lraten, la guerre a marqu� son
passage. En juillet 1854 et en juin 1857, ils se sont battus contre les
Fran�ais qui leur ont br�l� plusieurs villages. Ils taillent ou tournent
dans le bois des _thaoulath_ [Pelles.], des _djefoun_ [Plats.], des
_kabkab_ [Sabots.] et autres ustensiles. Au sud de leur territoire,
jusqu'� la cr�te djurjurienne, habitent les A�th-Betroun qui s'appellent
eux-m�mes le coeur des _Zouaoua_. Ces Kabyles de moeurs farouches,
tr�s-rigides dans l'observation de leurs _kanouns,_ se divisent en
quatre tribus. La plus industrieuse est celle des A�th-Yenni, 7
villages, 1,325 fusils, soumis en juin 1857: armuriers renomm�s,
forgerons et orf�vres, nagu�re encore faux monnayeurs. Leurs quatre
principaux villages, rapproch�s les uns des autres, se d�tachent en un
groupe lumineux sur l'obscurit� des vall�es et forment � l'ouest, entre
le fort national et le Djurjura, comme une grande ville kabyle. Ce sont
A�th-et-Arba, Thaourirth-Mimoun, Thaourirth-el-Hadjadj et
A�th-el-Hassen, bourgade consid�rable de 400 fusils. Au-dessus d'eux,
sur le flanc du Djurjura, les A�th-Ouasif, 7 villages, 1,220 fusils,
fabriquent de la cire et des cardes pour la laine; plus haut encore et
jusqu'aux cimes neigeuses, les A�th-bou-Akkach, 4 villages, 765 fusils,
font des peignes � pointes de fer avec lesquels les femmes, en tissant,
serrent la trame sur la cha�ne; et les A�th-Boudrar, 6 villages, 1,225
fusils, habiles jardiniers, cultivent le terrible _felfel,_ le poivre
des _Zouaoua_ [Devaux, _les K�ba�les du Djerjera_.].
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