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Page 34
--Bel-Kassem, de quoi s'amusent-ils tant?
--De tout et de rien. Les Kabyles n'ont pas, comme les Fran�ais, de
grands caf�s pour les distraire; ils n'ont que leur langue, et ils s'en
servent.
Nous voici au milieu des hauts pitons et des profonds ab�mes. C'est
comme un monde nouveau o� nous p�n�trons; la f�erie d'hier soir nous
semble plus merveilleuse encore � la grande lumi�re et de pr�s que de
loin. Dans ce chaos de pierres amoncel�es, les rayons et les ombres
produisent des contrastes surprenants, o� le blanc et le noir se
heurtent avec violence et dont l'oeil se d�tourne, �bloui, bless�, pour
aller se reposer avec d�lices sur le vert des moissons et des arbres,
sur les nuances de la flore harmonieusement diapr�e. Partout autour de
nous, des lamelles de feldspath brillent comme des diamants. Sur notre
droite, c'est un formidable entassement o� la roche calcaire en
d�composition alterne avec une terre jaun�tre, et qui descend par
d�clivit�s abruptes jusqu'au pied des contre-forts djurjuriens. L� sont
deux vall�es: la vall�e de l'Asif A�ssi vers l'est, et celle de l'Asif
Bou-R'ni vers l'ouest. Dans celle-ci, les Turcs poss�daient un bordj
arm� de huit canons et appuy� sur les tribus makhzen des Nezlioua, 6
villages, 875 fusils; des Harchaoua, 4 villages, 218 fusils; et des
Abid, d'origine n�gre, 2 villages, 40 fusils. Ce bordj, abandonn� vers
1830 par les janissaires, fut remplac�, apr�s l'exp�dition d'octobre
1851 contre Bou-Bar'la, par celui de Dra'-el-Mizan, �rig� dans une
position dominante, � l'entr�e de la vall�e. �'a �t�, jusqu'�
l'�tablissement du fort National, le seul poste militaire fran�ais dans
la haute Kabylie. Il fut longtemps command� par le fameux colonel
Beaupr�tre, dont nous allions, � quelques jours de l�, apprendre la mort
tragique dans la r�volte arabe de l'Ouest. Entre le sentier que nous
suivons et les deux vall�es, sur ces pics et dans ces ravins, vivent les
huit fractions conf�d�r�es des A�th-A�ssi, 45 villages, 2362 fusils,
anciens alli�s des lraten pendant la guerre, et toujours avec eux en
relations de commerce et de labour. Ils exercent plusieurs industries,
notamment celle des poteries, o� leurs femmes excellent. Plus loin, dans
la direction du bordj de Dra'-el-Mizan, sont les quatre groupes des
A�th-Ma�tka, 39 villages, 2,011 fusils, soumis depuis 1851.
--Aper�ois-tu, me dit Bel-Kassem, cette pierre blanche qui domine un
village?
--Oui.
--C'est le village de Sidi-Ali-ou-Mou�a, un de nos plus fameux
marabouts; et la pierre blanche, c'est la belle Lalla-Mimouna et son
fianc�. Ils arriv�rent un matin chez le marabout pour qu'il leur r�cit�t
la _fatha_ [Pri�re.] apr�s laquelle le mariage est conclu. Voyez le
contre-temps! il n'�tait pas � la maison. Toute la journ�e ils
l'attendirent en vain et avec la plus grande impatience, car ils �taient
follement amoureux. La nuit venue... ma foi! monsieur, je suis fort
embarrass� pour te dire ce qui arriva. Toujours est-il qu'ayant commis
un gros p�ch� aupr�s d'un lieu saint, la _zaou�a_ de Sidi-Ali-ou-Mou�a,
celui-ci, de retour le lendemain, punit leur profanation en les
changeant en pierre.
Sur notre gauche, la contr�e qui s'�tend vers la mer et que traverse
l'Asif Sebaou, quoique tr�s-accident�e, n'offre pourtant pas un aspect
aussi �trangement sauvage. Les pentes y sont moins raides, les plateaux
plus nombreux. Il semble que la tourmente souterraine ne s'y soit pas
d�cha�n�e avec la m�me fureur. L� habitent, sur la rive gauche du
Sebaou, les A�th-Fraoucen, 19 villages, 1,225 fusils. Ils se donnent
une origine fran�aise: sont-ils ou ne sont-ils pas les descendants des
Francs qui se ru�rent, au troisi�me si�cle, sur l'Europe occidentale et
jusque sur le littoral africain? Au nord, leur territoire borde la
grande vall�e que suivaient les Romains pour aller de Bougie � Dellys;
ceux-ci y ont laiss� de nombreuses ruines, notamment au chef lieu du
_limes Tigensis_ qui devint, sous les Turcs, la Djem�a-Saharidj [La
r�union des bassins.], riche de quatre-vingt-dix-neuf sources. C'est en
grande partie avec ces pierres romaines que les Fraoucen ont b�ti leurs
maisons. A c�t� d'eux sont les A�th-Khelili, 10 villages, 610 fusils,
qui pr�tendent provenir des Maures d'Espagne. Puis, plus � l'est, les
A�th-Boucha�k, 9 villages, 755 fusils, une des rares tribus qui savent
tisser le lin. Sur la rive droite du Sebaou, en regard de ces tribus et,
de celles des Iraten, vivent assez pauvrement les six fractions des
A�th-Djennad, 44 villages, 2,710 fusils, qui �ne peuvent blanchir leurs
maisons, ni poss�der des �nes, ni manger des pois, ni passer la nuit
hors de chez eux pour coucher sur des meules de paille [Devaux, _les
K�ba�les du Djerjera_.].� Pourquoi? parce que telle fut la volont� de
leur marabout Si-Man�our, dont la koubba s'�l�ve sur le _thamgouth_ du
Sebaou, le plus haut pic du littoral kabyle. A l'ouest de leur
territoire habitent les huit fractions des A�th-Ouaguenoun, 55 villages,
1,940 fusils. Ils conserv�rent les derniers l'antique usage de la
_mzerag_ [Lance.] �chang�e avec l'ennemi comme gage de paix apr�s la
guerre. Voulaient-ils la recommencer, ils renvoyaient la lance: les
Romains jetaient un javelot. De l'autre c�t�, � l'est et vers la mer,
les A�th-Zarfaoua, 16 villages, 740 fusils, se pressent sur un
territoire trop �troit, tout parsem� de grandes ruines, autour de
Zeffoun, l'ancien port Rusubeser. Ces Kabyles affirment que leurs
anc�tres faisaient un commerce d'�change avec Marseille, Livourne et
G�nes.
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