En Kabylie by J. Vilbort


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Page 23

--Quel �ge as-tu? demanda le cavalier � la belle Kabyle.

--Quatorze ans.

--Mais � quel �ge, Ma�kara, mariez-vous donc vos filles?

--A quinze ans, � douze, � dix ou m�me � neuf ans, d�s qu'elles
deviennent nubiles. Parfois, le march� se conclut quand la petite tette
encore; et jusqu'au jour o� le mari la prend dans sa maison, elle est
d�j� comme sa femme.

--Et qu'est-ce que vaut une femme en Kabylie?

--Le prix varie, Madame, depuis soixante jusqu'� cinq cents ou mille
francs. Cela d�pend de la beaut� de la fille, de l'amour ou de la
fortune du pr�tendant.

--Le Kabyle qui ach�te sa femme en est donc quelquefois amoureux?

--Tu en as la preuve l�, sous tes yeux. L'_achaoua_ [Coiffure en toile
tiss�e chez les A�th-Idjer.] dont cette jolie blonde para�t si fi�re lui
a �t� donn�e par un amant �perdument �pris qui y a brod� pour elle ces
arabesques �clatantes.

La t�te, le cou, les oreilles, les poignets et les chevilles de ces
femmes et de ces jeunes filles, qui rivalisaient entre elles par la
finesse et l'�l�gance des formes, �taient charg�s de bijoux. Ce luxe
contrastait �trangement avec l'aspect mis�rable des v�tements, avec la
malpropret� des visages et des chevelures. Si j'�tais le gouvernement
fran�ais, au risque de passer pour le plus grand de tous les despotes,
j'ordonnerais, par d�cret, aux femmes kabyles de se laver, et j'en
ferais ainsi les plus belles du monde.

Nous passons en revue tout l'attirail des ornements f�minins: apr�s le
_tavezimth_ des jeunes m�res et l'_achaoua_ des amoureuses ardemment
d�sir�es, le _thazath,_ collier, assemblage de verroteries, de
coquillages, de morceaux de corail, de pinces de monnaie, et m�me de
boutons de cuivre portant les num�ros des r�giments fran�ais; le _dah,_
bracelet en argent ou en cuivre, curieusement ouvr�; les _khralkhrals,_
anneaux des pieds en argent, plus �pais et plus lourds que les cercles
de fer riv�s � la cheville des for�ats, et les _amkies,_ moins pr�cieux,
en cuir, en bois ou en corne; les _koune�s,_ boucles d'oreilles en
argent ornement� de corail: les unes, les _zerou�ar,_ si grandes et si
pesantes que les oreilles ne peuvent les porter, et qu'il faut les
attacher dans les cheveux au moyen de cha�nettes, les autres, les
_thiounissen,_ plus l�g�res, mais bien moins estim�es; le _thacebth_ et
le _zerir,_ bijoux pour la t�te, cha�nettes d'argent enrichies de
corail, de perles, de pi�ces d'or ou d'argent, d'�maux multicolores,
formant diad�me ou ferronni�re; enfin les _ibezimen,_ �pingles-broches
avec lesquelles les femmes attachent le ha�k et toutes les pi�ces de
leur v�tement: car elles ignorent le fil, les aiguilles, les cordons et
les agrafes.

Les plus pauvres poss�dent plusieurs _ibezimen_ d'argent ou de fer,
sentinelles de la pudeur, gardiennes de la d�cence. On nous avait montr�
quelques-uns de ces bijoux sur le march� des Issers, mais de peu de
valeur et m�diocrement pris�s. Les vrais, les beaux ne se font gu�re que
sur commande. Quand monsieur veut plaire � madame, ou un pr�tendu � sa
future, il va trouver l'orf�vre chez les A�th-Yenni ou les A�th-Abb�s,
selon qu'il habite au nord ou au sud de la cr�te djurjurienne. Il lui
compte un nombre de pi�ces d'argent �quivalant � la richesse du pr�sent
que la vanit� ou l'amour le d�termine � faire. Au bout du temps convenu,
l'artiste rend un bijou d'�gal poids, et re�oit pour son travail un
salaire fix� d'avance.

Nous saluons ces dames et ces demoiselles de la t�te seulement, car les
_kanouns_ d�fendent aux hommes tout entretien avec les femmes � la
fontaine. Ils frappent d'amende les d�sob�issants. L'amende est plus
forte pour qui aborde une femme sur une route ou dans un bois. La plus
forte de toutes, trois � quatre cents francs, est inflig�e � qui outrage
une femme par des propositions ou des tentatives coupables, et les
tuiles de sa maison sont bris�es. Et si un aimable jeune homme s'en
vient en l'absence de monsieur rendre visite � madame qui s'ennuie � la
maison, le mari le tue bel et bien, et r�pudie sa femme. La loi ne
tol�re aucun �change de galanterie, f�t-il le plus innocent du monde
[Voici ce que portent les _Kanouns_: Celui qui va � la fontaine des
femmes payera 25 francs; celui qui accoste une femme sur une route dans
un bois, 50 francs; s'il lui fait des propositions honteuses, 300
francs; s'il porte la main sur elle dans un but malhonn�te, 400 francs;
les tuiles de sa maison seront bris�es par la djem�a r�unie, et le mari
a de plus le droit de se venger de lui. Si la femme a consenti, son mari
doit la r�pudier, ou payer une amende �gale � celle du coupable et il ne
sera plus �cout� comme t�moin.].

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 3:36