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Page 21
Le mar�chal Randon, qui commande en chef, �tablit son quartier g�n�ral
au village de Tir-ilt-el-Hadj-Ali, avec la division Yusuf; la division
MacMahon campe � Ima�seren et Bou-Arf�a, et la division Renault �
Ouailel. Cette journ�e a co�t� aux Fran�ais 63 morts et 443 bless�s
[�mile Carrey, _R�cits de Kabylie,_ campagne de 1857.]. Nul n'a compt�
les victimes du patriotisme kabyle. Elles furent sans doute cruellement
nombreuses, car presque toutes les tribus de la conf�d�ration des
A�th-Iraten et beaucoup d'autres sofs alli�s _avaient fait parler la
poudre_.
La grande et belliqueuse tribu des A�th-Iraten se divise en cinq
fractions: les A�th-Irdjen, 16 villages, 975 fusils; les A�th-Akerma, 25
villages, 1060 fusils; les A�th-Oumalou, 14 villages, 840 fusils; les
A�th-Ousammeur, 8 villages, 780 fusils; et les A�th-Aguacha, 11
villages, 600 fusils: soit 74 villages et 4055 fusils. Les tribus qui,
de gr� ou de force, ont constamment suivi leur politique, sont: les
A�th-Fraoucen, les A�th-Bou-Cha�b, les A�th-Khelili [Devaux, _les
K�ba�les du Djerjera_.].
A ces combattants, s'�taient joints les contingents des A�th-Yenni, des
A�th-Menguelate, des A�th-Illilten et d'autres accourus de toutes parts
� la d�fense de la patrie.
Le lendemain au point du jour, la lutte recommence plus acharn�e, car le
d�sespoir inspire � ces h�ros vaincus le m�pris de la mort ou le d�go�t
de la vie. Quand la poudre est �puis�e et toute r�sistance inutile,
cinquante maires de villages viennent demander l'_aman_ [Pardon.].
Leur attitude est triste, mais digne et fi�re encore. Au nom de tous les
fils des Iraten, ils s'engagent � remplir les conditions du vainqueur.
--Vous reconna�trez, leur dit-on, l'autorit� de la France [�mile Carrey,
_R�cits de Kabylie_.]. Nous irons sur votre territoire comme il nous
plaira; nous ouvrirons des routes, construirons des bordjs, nous
couperons les r�coltes qui nous seront n�cessaires pendant notre s�jour,
mais nous respecterons vos figuiers et vos oliviers.
Les _amins_ s'inclinent; mais lorsqu'on leur dit qu'ils auront � livrer
des otages et � payer cent cinquante francs par fusil, un dernier cri de
r�volte s'�chappe de quelques poitrines:
--Les A�th-Iraten ne sont pas tous riches, et parmi eux beaucoup n'ont
pas assez d'argent pour payer cette somme.
Cependant ils apprennent qu'on ne leur prendra ni leurs femmes, ni leurs
enfants, ni leurs maisons, ni leurs champs, ni m�me une figue sans la
payer, qu'ils seront admis sur tous les march�s, et que leurs _kanouns_
seront respect�s sous la seule r�serve que les _amins,_ �lus par eux,
seront agr��s de l'autorit� fran�aise: alors les fronts assombris
s'illuminent.
Et la paix sign�e, les vaincus d'accourir en foule dans le camp des
vainqueurs, o�, avec cette mobilit� d'humeur qui caract�rise les deux
races, Kabyles et Fran�ais se m�lent, se parlent et se comprennent par
signes, se traitent mutuellement comme s'ils avaient toujours �t� les
meilleurs amis. Quiconque a pu reconna�tre leurs nombreux traits d'union
doit se demander s'il �tait bien n�cessaire de verser tant de sang, et
si, en le versant, on a choisi le bon moyen de faire de la Kabylie une
amie d�vou�e de la France. On n'a pas touch� � leurs institutions
nationales: pour nous un devoir, et pour eux un droit. Mais ne
pouvait-on les conqu�rir plus s�rement que par les armes, et les
attacher �troitement � la fortune de la colonie, en s'adressant � leur
intelligence tr�s-vive en m�me temps qu'� leur int�r�t aiguillonn� par
la mis�re?
J'interrogeai l�-dessus notre guide Ma�kara:
--Monsieur, me r�pondit-il, tous les Kabyles qui ont eu des relations
avec les Fran�ais les pr�f�rent et de beaucoup aux Arabes qu'ils
d�testent et aux Juifs qu'ils m�prisent. Il y a d�j� maintenant plus
d'argent chez eux que du temps des Turcs, qui pillaient leurs villages,
br�laient leurs r�coltes, d�pouillaient et souvent �gorgeaient les
malheureux qui vont faire la moisson dans la plaine, ou exercer un
m�tier dans les villes du littoral. Au lieu de les �gorger ou de les
piller, les Fran�ais les prot�gent contre les malfaiteurs; ils ont
construit de bonnes routes par o� un peu de bien-�tre commence �
p�n�trer dans nos montagnes. Les Kabyles ne sont pas des ingrats et
encore moins des aveugles. Celui qui leur apportera la richesse fera
d'eux tout ce qu'il voudra.
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