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Page 15
En approchant de la mer, elle devient l'Oued Ne�a, la rivi�re des
femmes: un trait que l'ironie des montagnards lance contre les Beni-Tour
et les Beni-Slyem aux instincts plus pacifiques. L'Oued Sebaou coupe en
deux le massif des montagnes qui vont en d�clinant depuis les cr�tes
neigeuses du Djurjura jusqu'� la M�diterran�e. Elle y ouvre une br�che
naturelle par o�, � toutes les �poques, l'�tranger s'est �lanc� �
l'assaut de l'ind�pendance berb�re. Mais avant le soldat fran�ais, nul
n'avait pu escalader ces pics aigus, du haut desquels les guerriers
kabyles tombaient comme une avalanche sur tout ennemi qui se flattait de
p�n�trer jusqu'au coeur de leur pays.
Rome avait entour� la Berb�rie d'un cercle militaire: au nord, le _limes
Tubusuptitanus_ vers Bougie, le _limes Taugensis_ (Taourga) vers Dellys,
et le _limes Tigensis_ (Djemma� Saharidj), sur les bords du Sebaou; au
sud, le _limes Auziensis_ � Aumale. Ils occup�rent aussi par les armes
la vall�e de l'Oued-Sahel qui, sur l'autre versant du Djurjura, ouvre
une br�che parall�le � la premi�re dans les montagnes de la Kabylie
m�ridionale. Les mercenaires de Rome ont pass� sur les cailloux roul�s
de ces rivi�res qui sont � sec une partie de l'ann�e, et presque
toujours gu�ables. Les �trangers qui vinrent apr�s eux du Nord, de l'Est
ou de l'Ouest, suivirent les m�mes chemins. Mais sur le _Mons Ferratus,_
sauvage et redout�, dans cet asile inviol� jusqu'en 1857 de la
nationalit� berb�re, aucune de ces pierres �parpill�es depuis le
littoral jusqu'au D�sert, o� la reine du monde a grav� son chiffre! nul
vestige non plus de quelque autre domination, m�me �ph�m�re!
Les Turcs, en possession seulement des deux vall�es, y relev�rent les
fortins romains, comme � Taourga et � Djemma�-Saharidj, ou en
construisirent de nouveau, notamment le bordj Sebaou et le bordj de
Tizi-Ouzou, qui nous apparaissent sur des �minences. Ces postes �taient
garnis de quelques canons, mais cette artillerie manquait souvent
d'artilleurs, soit que la garnison e�t succomb� dans une surprise des
montagnards, soit que, trop faible pour leur r�sister ou assi�g�e par la
famine, elle se f�t r�sign�e � battre en retraite. Pr�s du bordj S�baou,
un vieux Kabyle voulut nous montrer, au fond d'une citerne, les cr�nes
blanchis des soldats turcs �gorg�s vers 1830. A cette �poque, l'autorit�
du pacha d'Alger �tait � ce point affaiblie sur les confins berb�res,
que le bordj Saharidj, le plus avanc� dans la vall�e du Sebaou, avait
�t� enti�rement abandonn�.
Il n'y avait de garnisons permanentes qu'aux bordjs Sebaou, Bour'ni,
Bou�ra, Sour-er-Rozlan (Aumale) et Zammor�; et elles se r�duisaient �
seize seffras de vingt-trois janissaires chacune, soit en tout un
effectif de trois cent quatre-vingt-huit hommes. Les Turcs employaient
contre ces montagnards indompt�s d'autres moyens plus efficaces
d'oppression ou de d�fense. C'�tait d'abord l'organisation des _Zmouls_
[R�unions de familles, pluriel de _Zmala_.]: colonies militaires,
imit�es de celles des Romains. A quiconque venait s'�tablir autour d'un
de leurs bordjs, ils offraient un _zouidja_ (environ douze hectares)
s'il �tait fantassin, et deux s'il �tait cavalier.
Ils lui remettaient, en outre, les instruments de la guerre et ceux du
labourage, mais � titre d'avances dont ils se remboursaient sur les
r�coltes de ce soldat-colon. Ainsi, se form�rent les tribus du Makhzen,
vou�es � la d�fense de la domination turque, et qui ne furent dans
l'origine qu'un ramassis de gens sans feu ni lieu, d'Arabes chass�s de
leurs douars, de Kabyles expuls�s de leurs villages, de Koulourlis
ruin�s dans les villes et de femmes de mauvaise vie. Les commandants des
bordjs exer�aient un pouvoir absolu sur ces enfants perdus de la soci�t�
africaine, auxquels vinrent se joindre peu � peu des familles des
Flisset, des Guechtoula, des Iraten et d'autres tribus fuyant la
terrible vendetta kabyle: l'_oussiga_ [Vengeance.] et la _di�_ [Prix du
sang.]. Les tribus makhzen �taient exemptes d'imp�ts; mais elles
devaient prendre les armes au premier appel des lieutenants du pacha qui
les menait au combat et au pillage. On se servait d'elles pour arracher
violemment, de temps � autre, un maigre imp�t � quelques tribus voisines
qu'on se flattait d'accoutumer de la sorte � une ob�issance qui ne f�t
pas illusoire, et aussi pour pr�lever sur les march�s la taxe plus
productive du _meks,_ ou en tenir �loign�s tous ceux avec qui l'on �tait
en guerre. La pauvret� de certaines tribus, obligeant un assez grand
nombre de leurs hommes � aller � Alger, o� ils faisaient partie de la
corporation des _Berranis_ [�trangers.], fournit �galement une arme aux
Turcs contre les Kabyles qui leur livraient ainsi, par n�cessit�, des
otages. Chaque ann�e, quelques t�tes montagnardes ornaient, troph�e
hideux et menteur, la porte de Bab-el-oued. Le glaive du bourreau,
suspendu sur la t�te de leurs fils qui descendaient dans la plaine,
d�terminait parfois ces tribus � payer l'imp�t qui n'�tait en r�alit�
qu'une ran�on.
Les Amaraoua, 22 villages, 1,402 fusils, dont nous traversons le
territoire, �taient la plus consid�rable des colonies militaires de
l'Est. Ils ont rempli--comme le dit leur nom--la vall�e, au pied de la
haute Kabylie. Ils formaient une cavalerie nombreuse et redoutable. Leur
t�che consistait � emprisonner dans leurs rochers verticaux les tribus
les plus hostiles, notamment les belliqueux Iraten, atteints pour la
premi�re fois en 1857, et � garder la route du Djurjura � la Mitidja et
� Alger. Il fallait pour cela couper en deux les _sofs_ jadis
�troitement li�s des Flisset-oum-el-lil, et des Flisset-Behar, 25
villages, 1,165 fusils, tribu �nergique qui s'�tend depuis la rive
droite de l'Oued Sebaou jusqu'� la mer.
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