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Page 14
Sur notre droite, s'�tend jusqu'au pied du Djurjura le pays montagneux
des A�th-Flisset-oum-el-lil ou Fils de la nuit, qui comprend 14 tribus,
136 villages, 5856 fusils. Cette race belliqueuse, l'une des
quinquegentiennes, se signala � toutes les �poques par son ardeur �
combattre l'�tranger. Elle prit part aux guerres contre Rome, notamment
aux r�voltes de Firmus et de Gildon. Soutenir quiconque se soulevait
dans la plaine contre la domination existante, ce fut la politique
traditionnelle des montagnards kabyles; mais si celui qui avait obtenu
l'appui de leurs armes devenait ma�tre et tyran � son tour, ils se
tournaient aussit�t contre lui.
C'est ce qui arriva peu d'ann�es apr�s le d�barquement en Afrique des
corsaires osmanlis 'Aroudj et Kheir-ed-Din, Barberousse et Noureddin.
Ils se ligu�rent avec eux pour chasser les Espagnols de Gigelli et
d'Alger, o� ceux-ci s'�taient �tablis, en 1510, dans la tour du Pegnon
qui supporte maintenant le phare. Et lorsqu'ensuite ces deux
aventuriers, qui n'�taient pas �fils de prince�, comme ils le disaient
eux-m�mes, mais les enfants d'un petit commer�ant de M�tellin, le turc
Yacoub, se furent empar�s pour leur propre compte du riche territoire
que convoitaient alors les rois d'Espagne, les Kabyles se retourn�rent
contre eux. Vers 1519, les Flisset massacr�rent un corps d'arm�e turc
dans les d�fil�s de leurs montagnes. Peu de temps apr�s, dix-huit cents
des leurs prirent part � la bataille que livra � Kheir-ed-Din, le chef
de Koukou, Ben-el-Kadi, au col des Beni-A�cha o� p�rit, assassin� par
des tra�tres, ce grand guerrier si fameux dans les annales berb�res. Ce
fut depuis ce temps une guerre � mort entre eux et les Osmanlis auxquels
ils port�rent des coups terribles. On les vit � diverses reprises, non
moins ardents au pillage qu'au combat, s'�lancer de leurs sommets
jusqu'aux portes d'Alger. Au si�cle dernier, Mohamed-bey l'�gorgeur
exer�a sur eux de cruelles repr�sailles, mais sans abattre leur courage
ou amoindrir leur audace. Ce fut lui qui jeta sur la lisi�re de leur
territoire le bordj Mena�el, que nous apercevons � droite de la route.
Peut-�tre ne fit-il que relever les ruines de Vasana [Aucapitaine, _les
Kabyles et la colonisation en Alg�rie_.], fortin romain, autrefois post�
en sentinelle � l'entr�e de la vall�e du Sebaou. Mais les canons turcs
n'en impos�rent pas plus aux Fils de la nuit, que les javelots romains:
en 1807 et en 1811, ils p�n�tr�rent de nouveau jusqu'au coeur de la
Mitidja, tuant, d�vastant et pillant; et ils ne retourn�rent dans leurs
_thaderth_ [Villages.], que pour y mettre en s�ret� leur butin.
Les Fran�ais eurent maille � partir avec eux d�s 1830, o� ils vinrent,
conduits par Ben-Zamoun, attaquer Blidah le 26 novembre. En 1851, le
grand agitateur Bou-Bar'la, apr�s ses �checs dans le Djurjura oriental,
parvint � soulever les Flisset, en m�me temps que leurs voisins, les
Guechtoula et les Ma�tka, tribus djurjuriennes de l'ouest. Le g�n�ral
P�lissier leur br�la une trentaine de villages, et depuis lors leur
humeur guerri�re semble s'�tre un peu calm�e. D'ailleurs, leur
territoire est rendu accessible aujourd'hui par de bonnes routes
carrossables ou muleti�res; le fort National, les bordjs de Tizi-Ouzou
et de Dra-el-Mizan, les placent dans un triangle de feux crois�s. Ils
commencent aussi � appr�cier les douceurs d'une paix qui leur procure le
bien-�tre.
Leur �tat perp�tuel de guerre sous les Turcs les avait fort appauvris.
Leurs villages offrent un aspect mis�rable: quelques maisons, et un plus
grand nombre de gourbis. Un point blanc brille sur un de leurs sommets:
c'est la koubba du _Thimezerith_ [Lieu �lev�.] ou des quarante
vieillards.
--Leur miracle, dit le Philosophe, vaut vraiment bien celui de
Notre-Dame de la Salette. Il est plus original et surtout plus po�tique.
Une nuit, quarante t�tes blanches ou chauves, tous marabouts, apparurent
� un petit chevrier qui gardait son maigre troupeau dans la montagne.
C'�taient les anc�tres des Flisset. Ils demandaient un tombeau. Les
tribus s'empress�rent d'�lever une koubba � quarante niches, une pour
chacun de ces saints dont la protection leur assura la victoire dans
toutes les rencontres avec les Turcs. Ah! si les r�v�rends p�res
savaient du moins nous faire des miracles comme celui-l�!
Nous sommes en plein pays de montagnes. A mesure qu'on avance, le
pr�cipice se creuse tant�t � droite, tant�t � gauche de la route. Au
fond de la vall�e serpente une rivi�re: c'est l'Oued Sebaou. Elle na�t
dans la grande Kabylie qu'elle parcourt de l'est � l'ouest pour aller
verser dans la mer, pr�s de Dellys, toutes les eaux du Djurjura
septentrional. Elle s'appelle d'abord l'_Asif_ [_Asif,_ rivi�re en
kabyle; _oued_ en arabe.] Bourbehir, form�e par les sources des
A�th-Illoula-Oumalou; des A�th-Ithourar et des A�th-Idjer. Lorsqu'elle
passe chez les Amaraoua, cette tribu lui donne son nom, et c'est l� une
coutume qui s'applique � la plupart des cours d'eau: rivi�res, ruisseaux
ou fontaines.
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