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Page 48
Avant de mourir, il fallait savoir la v�rit�, ne f�t-ce que pour mourir
avec moins de haine dans le coeur et de honte sur la t�te.
Elle pouvait toujours en venir l�; elle avait le poignard, elle le tira
et regarda � la lueur du r�verb�re sa lame effil�e sa fine pointe; elle
le regarda longtemps, elle per�a le bout de sa ceinture de soie repli�e
en plusieurs doubles. Rien n'est plus imp�n�trable � l'acier, la plus
forte aiguille s'y f�t bris�e; le stylet s'y enfon�a sans que Francia
fit le moindre effort.
--Eh bien! se dit-elle, rien n'est plus facile que de se mettre cela
dans le coeur. Me voila s�re d'en finir quand je voudrai. J'ai �t�
bless�e � la guerre; je sais que dans le moment cela ne fait pas de mal.
Si on meurt tout de suite, on ne souffre pas! Elle roula trois fois
autour de sa taille la belle �charpe de cr�pe de Chine que Mourzakine
lui avait fait choisir. Elle y cacha le poignard persan et reprit sa
course jusqu'� l'h�tel de Thi�vre, o� elle voulait passer avant de se
rendre au pavillon.
Il �tait trois heures du matin lorsqu'elle y arriva. Une voiture en
sortait et se dirigeait vers la grille du jardin o� le pavillon �tait
situ�. Elle suivit cette voiture qui allait vite; elle la suivit avec la
puissance exceptionnelle que donne la surexcitation: elle arriva en m�me
temps que Mourzakine en descendait. Elle se pla�a de mani�re � n'�tre
pas vue, et, profitant du moment o�, apr�s avoir ouvert la grille,
Mozdar se pr�sentait � la porti�re pour recevoir son ma�tre, elle
se glissa dans le jardin si rapidement et si adroitement, que ni le
Cosaque, qui lui tournait le dos, ni le prince, qui avait le grand et
gros corps du Cosaque devant les yeux, ne se dout�rent qu'elle f�t
entr�e.
Elle s'�lan�a dans le jardin, au hasard d'y rencontrer Valentin, qu'elle
ne rencontra pas, alla droit � la chambre de Mourzakine et se cacha
derri�re les rideaux de son lit. Elle voulait le surprendre, voir sur
lui le premier effet de son apparition, l'accabler de son m�pris avant
qu'il e�t pr�par� une fable pour la tromper encore, et se tuer devant
lui en le maudissant.
Mourzakine, en gagnant son appartement, avait d�j� demand� � Mozdar si
Francia �tait rentr�e, et, sur sa r�ponse n�gative, il s'�tait dit:
--Voil�! je m'en doutais! mon oncle me l'a enlev�e. Du moment o� il a
devin� que j'aimais mieux celle-ci que l'autre, il m'a laiss� l'autre et
s'est veng� en me prenant mon vrai bien!
Il rentra chez lui en proie � un acc�s de rage et de chagrin qui ne
dura pourtant pas tr�s-longtemps, car il �tait dans cette situation de
l'esprit et du corps o� le besoin de repos est plus imp�rieux que
les secousses de la passion. Pourtant il voulut avant de se coucher
conna�tre les circonstances de l'enl�vement, et, en homme qui paye
cher toutes choses, il ne se g�na pas pour faire �veiller et appeler
Valentin.
Francia observait tous ses mouvements, elle attendait qu'il f�t seul.
Elle voulait se montrer, quand Valentin entra. Mourzakine allait parler
en fran�ais; allait-il parler d'elle? Elle �couta et ne perdit rien.
--Il para�t, mon cher, dit le prince � l'homme d'intrigues, que vous
m'avez laiss� voler ma petite amie! Je ne vous aurais pas cru si facile
� tromper. Comment se fait-il que vous soyez rentr� sur les minuit sans
la ramener?
Valentin montra une tr�s-grande surprise, et il �tait sinc�re. Il
raconta comment le comte lui avait donn� cong� de la part du prince. Il
�tait impossible de soup�onner un projet d'enl�vement.
--N'importe! vous avez manqu� de p�n�tration. Un homme comme vous doit
tout pressentir, tout deviner, et vous avez �t� jou� comme un �colier.
--J'en suis au d�sespoir, Excellence; mais je peux r�parer ma faute. Que
dois-je faire? me voil� pr�t.
--Vous devez retrouver la petite.
--O�, Excellence? A l'h�tel Talleyrand? Certes ce n'est pas l� que le
comte l'aura men�e.
--Non; mais je ne sais rien de Paris, et vous devez savoir o� en pareil
cas on conduit une capture de ce genre.
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