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Page 45
Venez, dit le comte en lui offrant son bras, qu'elle eut de la peine �
atteindre, tant elle �tait petite et tant il �tait grand.
Il trouva tr�s-vite un fiacre et s'y assit aupr�s d'elle en lui jurant
qu'il ne laisserait pas une jolie fille ador�e de son neveu sous la
garde d'un cocher de _sapin_.
Il avait dit tout bas au cocher de prendre les boulevards et de les
suivre au pas en remontant du c�t� de la Bastille. Francia, qui
connaissait son Paris, s'aper�ut bient�t de cette fausse route et en fit
l'observation au comte.
--Qu'importe? lui dit-il; l'animal est ivre, ou il dort, nous pouvons
causer tranquillement, et j'ai � causer avec vous de choses tr�s-graves
pour vous. Vous aimez mon neveu, et il vous aime; mais vous �tes libre,
et il ne l'est pas. Une tr�s-belle dame que vous ne connaissez pas...
--Madame de Thi�vre! s'�cria Francia frapp�e au coeur.
--Moi, je ne nomme personne, reprit le comte; il me suffit de vous dire
qu'une belle dame a sur son coeur des droits ant�rieurs aux v�tres, et
qu'en ce moment elle les r�clame.
--C'est-�-dire qu'il est, non pas chez l'empereur, mais chez cette dame.
--Vous avez parfaitement saisi; il m'a charg� de vous distraire ou de
vous ramener. Que choisissez-vous? Un bon petit souper au Cadran-Bleu,
ou un simple tour de promenade dans cette voiture?
--Je veux m'en aller chez moi bien vite.
--Chez vous? Il para�t que vous n'avez plus de chez vous, et je vous
jure que vous ne trouverez pas cette nuit mon neveu chez lui! Allons,
pleurez un peu, c'est in�vitable, mais pas trop, ma belle petite! Ne
g�tez pas vos yeux qui sont les plus doux et les plus beaux que j'aie
vus de ma vie. Pour un amant perdu, cent de retrouv�s quand on est aussi
jolie que vous l'�tes. Mon neveu a bien pr�vu que son infid�lit� forc�e
vous brouillerait avec lui, car il vous sait jalouse et fi�re. Aussi
m'a-t-il approuv� lorsque je lui ai offert de vous consoler. Dites oui,
et je me charge de vous. Vous y gagnerez. Mourzakine n'a rien que ce que
je lui donne pour soutenir son rang, et moi je suis riche! Je suis moins
jeune que lui, mais plus raisonnable, et je ne vous placerai jamais dans
la situation o� il vous laisse ce soir. Allons souper; nous causerons de
l'avenir, et sachez bien que mon neveu me sait gr� de l'aider � rompre
des liens qu'il e�t �t� forc� de d�nouer lui-m�me demain matin.
Francia, �touff�e par la douleur, l'indignation et la honte, ne pouvait
r�pondre.
--R�fl�chissez, reprit le comte; je vous aimerai beaucoup, moi!
R�fl�chissez vite, car il faut que je m'occupe de vous trouver un g�te
agr�able, et de vous y installer cette nuit.
Francia restait muette. Ogoksko� crut qu'elle mourait d'envie
d'accepter, et, pour h�ter sa r�solution, il l'entoura de ses bras
athl�tiques. Elle eut peur, et, en se d�gageant, elle se rappela la
mani�re �trange dont Mourzakine lui avait gliss� son poignard; elle le
sortit adroitement de sa ceinture, o� elle l'avait pass� en le couvrant
de son ch�le.
--Ne me touchez pas! dit-elle � Ogoksko�; je ne suis pas si m�prisable
et si faible que vous croyez.
Elle �tait r�solue � se d�fendre, et il l'attaquait sans m�nagements, ne
croyant point � une vraie r�sistance, lorsqu'elle avisa tout � coup, �
la clart� des r�verb�res, un homme qui avait suivi la voiture et qui
marchait tout pr�s.
--Antoine! s'�cria-t-elle en se penchant dehors.
A l'instant m�me la porti�re s'ouvrit, et, sans que le marchepied f�t
baiss�, elle tomba dans les bras d'Antoine, qui l'emporta comme une
plume. Le comte avait essay� de la retenir, mais on �tait alors devant
la Porte Saint-Martin, et les boulevards �taient remplis de monde qui
sortait du th��tre. Ogoksko� craignit un scandale ridicule; il retira �
lui la porti�re, poussa vivement son cocher de fiacre � doubler le pas,
et disparut dans la foule des voitures et des pi�tons.
Francia �tait presque �vanouie; pourtant elle put dire �
Antoine:--Allons chez Moynet.
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