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Page 43
Mais Diomiditch comptait sur l'�loquence de Valentin pour la rassurer et
lui faire prendre patience. D'ailleurs elle �tait en fiacre, la voiture
lou�e par Ogoksko� allait tr�s-vite. Il ne pouvait manquer d'arriver en
m�me temps que Francia au pavillon.
Quand il eut fait ces r�flexions, il en fit d'autres relativement � la
belle marquise. Il avait des torts envers elle, elle �tait furieuse
contre lui: devait-il accepter platement sa d�faite et l'humiliation
que son oncle lui avait m�nag�e? Nul doute qu'Ogoksko� n'e�t dit � la
marquise en quelle soci�t� il avait surpris son beau neveu, et qu'il
n'e�t compt� les brouiller � jamais ensemble pour se venger de ne
pouvoir rien esp�rer d'elle. Mourzakine se demanda fort judicieusement
pourquoi la marquise, qui affectait de le m�priser, l'avait appel� dans
sa voiture au lieu de lui d�fendre d'y monter. Il est vrai que cette
voiture n'�tait pas la sienne et qu'elle pouvait avoir peur de se
trouver � minuit dans un _remise_ dont le cocher lui �tait inconnu.
Pourtant un de ses valets de pied �tait rest� pour l'accompagner, et il
�tait sur le si�ge. Elle n'avait nullement besoin de Mourzakine pour
rentrer sans crainte. Donc il lui plaisait d'avoir Mourzakine � bouder
ou � quereller. Il provoqua l'explosion en se mettant � ses genoux et
en se laissant accabler de reproches jusqu'� ce que toute la col�re
f�t exhal�e. Il e�t volontiers menti effront�ment si la chose e�t
�t� possible; mais la rencontre de la marquise avec Francia ne lui
permettait pas de nier. Il avoua tout, seulement il mit le tout sur le
compte de la jeunesse, de l'emportement des sens et de l'excitation
d�lirante o� l'avaient jet� les rigueurs de sa belle cousine. Ce
reproche, qu'elle ne m�ritait gu�re, car elle ne l'avait certes pas
d�sesp�r�, fit rougir la marquise; mais elle l'�crasait en vain du poids
de la v�rit�, elle perdit son temps � lui d�montrer que tout ce qu'il
lui avait dit de ses relations avec Francia �tait faux d'un bout �
l'autre. Il coupa court aux explications par une sc�ne de d�sespoir.
Il se frappa la poitrine, il se tordit les mains, il feignit de perdre
l'esprit en se montrant d'autant plus t�m�raire qu'il avait moins le
droit de l'�tre. La marquise perdit l'esprit tout de bon et le d�fia de
rester chez elle � attendre le marquis de Thi�vre jusqu'� deux o� trois
heures du matin, comme cela leur �tait d�j� arriv�.
--Si vous �tes capable, lui dit-elle, de causer raisonnablement avec
moi sans songer � celle qui vous attend chez vous, je croirai que
vous n'avez pour elle qu'une grossi�re fantaisie et que votre coeur
m'appartient. A ce prix, je vous pardonnerai vos folies de jeune homme,
et, ne voulant de vous qu'un amour pur, je vous regarderai encore comme
mon parent et mon ami.
Le prince s'�tait mis dans une situation � ne pouvoir reculer. Il baisa
passionn�ment les mains de la marquise et la remercia si ardemment,
qu'elle se crut veng�e de Francia et le fit entrer chez elle en
triomphe.
Elle se fit apporter du th� au salon, annon�a � ses gens qu'ils eussent
� attendre M. de Thi�vre et � introduire les personnes qui pourraient
venir de sa part lui apporter des nouvelles. La conspiration royaliste
autorisait ces choses anormales dont les valets n'�taient point dupes,
mais que le grave et politique Martin prenait au s�rieux, se chargeant
d'imposer silence aux commentaires des laquais du second ordre, lesquels
�taient r�duits � chuchoter et � sourire. Quant � lui, croyant fermement
� des secrets d'�tat et comptant que sa prudence �tait un puissant
auxiliaire aux projets de ses ma�tres, il se tint dans l'antichambre,
aux ordres de la marquise, et envoya les autres valets plus loin, pour
les emp�cher d'�couter aux portes.
Mourzakine avait assez �tudi� la maison pour se rendre compte des
moindres d�tails. Il admira l'air d�gag� et imposant avec lequel
une femme aussi jeune que la marquise savait jouer la com�die de la
pr�occupation politique pour s'affranchir des usages et se d�barrasser
des t�moins dangereux. Il se reprit de go�t pour cette fi�re et
aristocratique beaut� qui lui pr�sentait un contraste si tranch� avec la
craintive et tendre grisette. Il pensa � son oncle, qui avait compt� par
ses railleuses d�lations le brouiller avec l'une et avec l'autre, et qui
ne devait r�ussir qu'� lui assurer la possession de l'une et de l'autre.
Il jura � la marquise qu'il l'aimait avec son �me, qu'il la respectait
trop pour l'aimer autrement; mais il feignit d'�tre fort jaloux
d'Ogoksko�, et coupa court � ses r�criminations en lui reprochant �
son tour de vouloir trop plaire � son oncle. Elle fut forc�e de se
justifier, de dire que son mari �tait un ambitieux qui la prot�geait mal
et qui l'avait prise au d�pourvu en invitant le comte � d�ner chez elle,
� l'accompagner au th��tre et � la reconduire.
--Et vous-m�me, ajouta-t-elle, n'�tes-vous pas un ambitieux aussi? Ne
m'avez-vous pas n�glig�e ces jours-ci pour ne pas d�plaire � cet oncle
que vous craignez tant? ne m'avez-vous pas conseill�e d'�tre aimable
avec lui, de le m�nager, pour qu'il ne vous �cras�t pas de son courroux?
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