Francia; Un bienfait n'est jamais perdu by George Sand


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Page 42

Et, sans attendre la r�ponse, il entra vivement, et dit � Francia:

--Je reviens � l'instant; voici mon oncle, un grand personnage, qui a la
bont� de prendre ma place,... tu lui dois le respect.

En achevant ces mots, que le comte entendait, il glissa adroitement �
Francia le poignard persan qu'il avait gard� sur lui, et qu'il lui mit
dans la main en la lui serrant d'une mani�re significative Son corps
interceptait au regard d'Ogoksko� cette action myst�rieuse, que Francia
ne comprit pas du tout, mais � laquelle une soumission instinctive la
porta � se pr�ter. Il h�sitait toutefois � se retirer, quand Ogoksko� le
poussa sans qu'il y par�t, mais avec la force inerte et invincible d'un
rocher qui se laisse glisser sur une barri�re. Diomiditch dut c�der
la place et monter � la loge de madame de Thi�vre, dont, sans autre
explication, son oncle lui jeta le num�ro en refermant la porte de celle
de Francia.

La marquise le re�ut tr�s-froidement. Il l'avait trop ouvertement
n�glig�e; elle le m�prisait, elle le ha�ssait m�me. Elle le salua �
peine et se retourna aussit�t vers le th��tre, comme si elle e�t pris
grand int�r�t au dernier acte.

Mourzakine allait redescendre, impatient de faire cesser le t�te-�-t�te
de son oncle avec Francia, quand le marquis le retint.

--Restez un instant, mon cher cousin, lui dit-il, restez aupr�s de
madame de Thi�vre: je suis forc�, pour des raisons de la derni�re
importance, de me rendre � une r�union politique. Le comte Ogoksko� m'a
promis de reconduire la marquise chez elle; il a sa voiture, et je suis
forc� de prendre la mienne. Il va revenir, je n'en doute pas, veuillez
donc ne quitter madame de Thi�vre que quand il sera l� pour lui offrir
son bras.

M. de Thi�vre sortit sans admettre que Mourzakine p�t h�siter, et
celui-ci resta plant� derri�re la belle Flore, qui avait l'air de ne pas
tenir plus de compte de sa pr�sence que de celle d'un laquais, tandis
qu'il sentait sa moustache se h�risser de col�re en songeant au m�chant
tour que son oncle venait de lui jouer. Il n'�tait pas sans crainte
sur l'issue de cette mystification f�roce, lorsqu'au bout de quelques
instants il vit l'ouvreuse entr'ouvrir discr�tement la loge et lui
glisser une carte de visite de son oncle, sur le dos de laquelle il lut
ces mots au crayon:

�Dis � madame la marquise qu'un ordre inattendu, venue de la rue
Saint-Florentin, me prive du bonheur de la reconduire et me force � te
laisser l'honneur de me remplacer aupr�s d'elle. Vous trouverez en bas
mes gens et ma voiture. Je prends un fiacre, et je laisse la petite
personne aux soins de M. Valentin, ton majordome, qui la reconduira chez
toi.�

--Eh bien, pensa Mourzakine, il n'y a que demi-mal, puisqu'elle est
d�barrass�e de lui! Elle sera jalouse, si elle me voit sortir avec la
marquise; mais celle-ci me re�oit si mal qu'elle ne me gardera
pas longtemps, et peut-�tre m�me ne me permettra-t-elle pas de
l'accompagner.

Le spectacle finissait. Il offrit � madame de Thi�vre le ch�le qu'elle
devait prendre pour sortir.

--O� donc est le comte Ogoksko�? lui dit-elle s�chement.

Il lui expliqua la substitution de cavalier, et lui offrit son bras.
Elle le prit sans r�pondre un mot, et comme, d'apr�s son air courrouc�,
il h�sitait � monter en voiture aupr�s d'elle, elle lui dit d'un ton
imp�rieux:

--Montez donc! vous me faites enrhumer.

Il s'assit sur la banquette de devant, elle fit un mouvement de droite �
gauche pour ne pas rester en face de lui et pour se trouver aussi loin
de lui que possible.

Il n'en fut point piqu�. Il aimait vraiment Francia, il ne songeait qu'�
elle. Il l'avait cherch�e des yeux � la sortie. Il n'avait vu ni elle,
ni Valentin; mais cela n'�tait-il pas tout simple? Les spectateurs
plac�s au rez-de-chauss�e avaient d� s'�couler plus vite que ceux
du premier rang. Une seule chose le tourmentait, l'inqui�tude et la
jalousie de sa petite amie. Il ne doutait point que, pour parfaire sa
vengeance, Ogoksko� ne lui e�t dit en la quittant:--Mon neveu reconduit
une belle dame, ne l'attendez pas.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 13:35