Francia; Un bienfait n'est jamais perdu by George Sand


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Page 40

Mourzakine sortit pour aller chercher des oranges et des bonbons.
Francia l'attendit en se tenant d'abord bien au fond de la baignoire;
mais elle s'ennuya, et, voyant la salle � moiti� vide, le parterre vide
absolument, elle s'avan�a pour se donner le plaisir de regarder la
toile. En ce moment, elle se trouva face � face avec le regard doux
et le timide sourire d'Antoine qui rentrait, et qui la reconnaissait
parfaitement. Il �tait trop na�f pour croire d�plac� de lui adresser la
parole. Bien au contraire, il e�t pens� faire une grossi�ret� en ne lui
parlant pas.

--Comment donc, mademoiselle Francia, lui dit-il, c'est vous? Je vous
croyais bien loin! Vous voil� donc revenue? Est-ce que votre maman...

--Je l'ai rencontr�e en route, r�pondit Francia avec la vivacit�
nerveuse d'une personne qui ne sait pas mentir.

--Ah! bien, bien! vous �tes revenues ensemble? Et Dodore, il est revenu
aussi?

--Oui, il est l� avec moi, il vient de sortir, dit Francia, qui ne
savait plus ce qu'elle disait.

--Tant mieux, tant mieux! reprit pesamment Antoine. A pr�sent, vous
voil� contents, vous voil� heureux, car vous �tes habill�e,... tr�s-bien
habill�e, tr�s-jolie! Et la sant� est bonne?

--Oui, oui, Antoine, merci!

--Et la maman? sans doute qu'elle a fait fortune l�-bas, dans les
voyages?

Et Antoine soupira bruyamment en croyant dissimuler son chagrin.

Francia comprit ce soupir: Antoine se disait qu'il ne pouvait plus
aspirer � sa main. Elle saisit ce moyen de le d�courager.

--C'est comme cela, mon bon Antoine, reprit-elle; maman a fait fortune,
et nous partons demain pour les pays �trangers, o� elle a du bien.

--Demain, d�j�! vous partez demain! mais vous viendrez bien dire adieu �
mon oncle, qui vous aime tant?

--J'irai, bien s�r, mais ne lui dites pas que vous m'avez vue; il
aurait du chagrin de savoir que je vais au spectacle avant de courir
l'embrasser.

--Je ne dirai rien. Allons! adieu, mademoiselle Francia; est-ce demain
que vous viendrez chez l'oncle? Je voudrais bien savoir l'heure, pour
vous dire adieu aussi.

--Je ne sais pas l'heure, Antoine, je ne peux pas d�cider l'heure... Je
vous dis adieu tout de suite.

--J'aurais voulu voir votre maman. Est-ce qu'elle va rentrer dans votre
loge?

--Je ne sais pas! dit Francia, inqui�te et impatient�e. Qu'est-ce que �a
vous fait de la voir? Vous ne la connaissez pas!

--C'est vrai! D'ailleurs je ne peux pas rester. Il est d�j� tard, et il
faut que je sois lev� avec le jour, moi!

--Et puis le spectacle ne vous amuse s�rement pas beaucoup?

--C'est vrai, que �a ne m'amuse gu�re; les chansons durent trop
longtemps, et �a r�p�te toujours la m�me chose. J'�tais venu rapporter
� ce th��tre une commande de pi�ces de r�flecteurs, et comme je ne
demandais pas de pourboire, ils m'ont dit dans les coulisses:

--Voulez-vous une place debout, � l'entr�e du parterre? J'ai trouv� une
place assis. J'ai regard�, mais j'en ai assez, et puisque vous voil�
riche,... c'est-�-dire puisque vous viendrez...

--Oui, oui, Antoine, j'irai voir votre oncle. Adieu! portez-vous bien!

Antoine soupira encore et s'en alla; mais, comme il traversait le
couloir, il vit le beau prince russe qui entrait famili�rement dans la
loge de Francia, et une faible lumi�re se fit dans son esprit, lent �
saisir le sens des choses. Je ne sais s'il �tait capable de d�brouiller
tout seul le probl�me, mais l'instinct du caniche lui fit oublier qu'il
voulait s'en aller. Il resta � fl�ner sous le p�ristyle du th��tre.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 9:41