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Page 36
Madame Valentin bavardait plus que ne l'e�t permis son prudent mari.
Francia ne voulait pas l'�couter; mais elle l'entendait malgr� elle,
et la honte de se voir prot�g�e et conseill�e par de telles gens lui
faisait davantage sentir l'horreur de sa situation.
--Je veux m'en aller! s'�cria-t-elle en sortant de son lit et en
essayant de s'habiller � la h�te; je ne dois pas rester ici!
Madame Valentin la crut prise de d�lire et la fit recoucher, ce qui ne
fut pas difficile, car les forces lui manquaient et la p�leur de la
mort �tait sur ses joues. Madame Valentin envoya son mari chercher un
m�decin. Valentin amena un chirurgien qu'il connaissait pour avoir �t�
soign� par lui d'une plaie � la jambe, et qui exer�ait la m�decine,
depuis qu'estropi� lui-m�me il n'�tait plus attach� effectivement �
l'arm�e. C'�tait un ancien �l�ve et un ami d�vou� de Larrey. Il avait la
bont� et la simplicit� de son ma�tre, et m�me il lui ressemblait un peu,
circonstance dont il �tait flatt�. Aussi aidait-il � la ressemblance en
copiant son costume et sa coiffure; comme lui, il portait ses cheveux
noirs assez longs pour couvrir le collet de son habit. Comme lui, du
reste, il avait la figure p�le, le front pur, l'oeil vif et doux.
Francia s'y trompa au premier abord, car ses souvenirs �taient rest�s
assez nets, et, en le voyant aupr�s d'elle, elle s'�cria en joignant les
mains:
--Ah! monsieur Larrey, je vous ai souvent vu l�-bas!
--O� donc? r�pondit le docteur Faure, que l'erreur de Francia toucha
profond�ment.
--En Russie!
--Ce n'est pas moi, mon enfant, je n'y �tais pas; mais j'y �tais de
coeur avec _lui_! Voyons, quel mal avez-vous?
--Rien, monsieur, ce n'est rien, c'est le chagrin. J'ai eu des r�ves, et
puis je me sens faible; mais je n'ai rien et je veux m'en aller d'ici.
--Vous voyez, docteur, dit la Valentin, elle d�raisonne; elle est ici
chez elle et elle y est fort bien.
--Laissez-moi seule avec elle, dit le docteur. Vous paraissez
l'effrayer. Je n'ai pas besoin de vous pour savoir si elle a le d�lire.
La Valentin sortit.
--Monsieur le docteur, dit Francia recouvrant une vivacit� f�brile, il
faut que vous m'aidiez � retourner chez nous! Je suis ici chez un homme
qui m'a tu� ma m�re!
Le docteur fron�a l�g�rement le sourcil; l'�trange r�v�lation de la
jeune fille ressemblait beaucoup � un acc�s de d�mence. Il lui toucha le
pouls; elle avait la fi�vre, mais pas assez pour l'inqui�ter. Il lui fit
boire un peu d'eau, l'engagea � se tenir calme un instant et l'observa;
puis, la questionnant avec ordre, laconisme et douceur, il fut frapp� de
la lucidit� et de la sinc�rit� de ses r�ponses. Au bout de dix minutes,
il savait toute la vie de Francia, et se rendait un compte exact de sa
situation.
--Ma pauvre enfant, lui dit-il, il ne me para�t pas certain que ce
prince russe soit le meurtrier de votre m�re. Vous avez pu �tre tromp�e
par une rivale, � l'effet de vous faire souffrir ou de rompre vos
relations avec son amant; mais je suis pour le proverbe _Dans le doute,
abstiens-toi!_ Vous ferez donc bien, dans quelques heures, ce soir,...
quand vous pourrez sortir sans inconv�nient pour votre sant�, de vous en
aller d'ici.
Francia fit un geste d'angoisse.
--Vous n'avez rien, je sais, reprit le docteur, et vous ne voulez plus
rien recevoir de ce prince. Moi, je ne suis pas riche, je suis m�me
pauvre; mais je connais de bonnes �mes qui, sans m�me savoir votre nom
et votre histoire, me donneront un secours suffisant pour vous permettre
d'aller loger ailleurs. Dame! apr�s �a, il faudra bien essayer de
travailler!
--Mais, monsieur, je travaille! Voyez, mon ouvrage est l�. J'ai des
pi�ces � finir et � renvoyer.
--Oui, dit le docteur, des gilets de flanelle! Je sais ce que �a
rapporte. Ce n'est pas assez; il faut entrer dans quelque hospice ou
dans tout autre �tablissement public pour travailler � la lingerie avec
des appointemens fixes. Je m'occuperai de vous. Si vous �tes courageuse
et sage, vous vous tirerez honn�tement d'affaire; sinon, je vous en
avertis, je vous abandonnerai. Je vois qu'en ce moment vous avez de
bonnes intentions; je vais vous mettre � m�me d'y donner suite. T�chez
de dormir une heure, � pr�sent que vous voyez le moyen de r�parer votre
faute. Et puis vous vous l�verez, vous vous habillerez tout doucement,
et je viendrai vous prendre pour vous conduire au logement provisoire
que vous voudrez choisir. Il me faut deux ou trois jours au plus pour
vous caser.
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