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Page 34
Pour rassurer Francia, Valentin lui apprit ce qui se passait. Ce fut
pour elle une terreur plus grande que celle de son infid�lit�, ce fut
l'effroi des dangers qu'il allait courir. Elle savait ce que c'est que
la guerre. Elle avait maintes fois vu comment une poign�e de Fran�ais
traversait alors les masses ennemies, ou se repliait apr�s en avoir fait
un carnage �pouvantable.
-Ils vont me le tuer! s'�cria-t-elle; ils vont reprendre Paris et ils ne
feront gr�ce � aucun Russe!
Elle se tordit les mains et fit peut-�tre des voeux pour l'ennemi. Elle
�tait dans cette angoisse, quand le soir son fr�re entra chez elle.
--Je viens te faire mes adieux, lui dit-il; �a va chauffer, Fafa,
et cette fois j'en suis! L'�ge n'y fait rien. On va barricader les
barri�res pour emp�cher messieurs les ennemis d'y rentrer, aussit�t
qu'ils en seront tous sortis, et quand l'AUTRE leur aura flanqu� une
peign�e, nous serons l� derri�re pour les recevoir � coups de pierres,
avec des pioches, des pinces, tout ce qu'on aura sous la main. On
ira tous dans le faubourg, on n'a pas besoin d'ordres, on se passera
d'officiers, on fera ses affaires soi-m�me.
Il en dit long sur ce ton. Francia, les yeux agrandis par l'�pouvante,
les mains crisp�es sur son genou, ne r�pondait rien: elle voyait d�j�
morts les deux seuls �tres qui lui fussent chers, son fr�re et son
amant.
Elle chercha pourtant � retenir Th�odore. Il se r�volta.
--Tu voudrais me voir l�che? Tu ne te souviens d�j� plus de ce que tu me
disais si souvent: Tu ne seras jamais un homme! Eh bien! m'y voil�, j'en
suis un. J'�tais parti pour travailler; mais tous ceux qui travaillent
veulent se battre et je suis aussi bon qu'un autre pour taper dans une
bagarre. Y a pas besoin d'�tre grand et fort pour faire une presse; les
plus lestes, et j'en suis, sauteront en croupe des Cosaques et leur
planteront leur couteau dans la gorge. Les femmes en seront aussi: elles
entassent des pav�s dans les maisons pour les jeter par la fen�tre;
qu'ils y viennent, on les attend!
Francia, rest�e seule, sentit que son cerveau se troublait. Elle
descendit au jardin et se promena sous les grands arbres sans savoir
o� elle �tait: elle s'imaginait par moments entendre le canon; mais ce
n'�tait que l'afflux du sang au cerveau qui r�sonnait dans ses oreilles.
Paris �tait tranquille, tout devait se passer en luttes diplomatiques
et, apr�s une derni�re vell�it� de combat, Napol�on devait se r�signer �
l'�le d'Elbe.
Tout � coup Francia se trouva en face d'une femme grande, drap�e dans un
ch�le blanc, qui se glissait dans le cr�puscule et qui s'arr�ta pour la
regarder; c'�tait madame de Thi�vre, qui, connaissant les localit�s
et traversant le jardin de madame de S..., son amie absente, venait
s'informer de Mourzakine. Elle aussi �tait inqui�te et agit�e. Elle
voulait savoir s'il �tait rentr�; elle avait d�j� envoy� deux fois
Martin, et, n'osant plus lui montrer son angoisse, elle venait
elle-m�me, � la faveur des ombres du soir, regarder si le pavillon �tait
�clair�.
En voyant une femme seule dans ce jardin o� personne du dehors ne
p�n�trait, la marquise ne douta pas que ce ne f�t la jeune prot�g�e du
prince et elle n'h�sita pas � l'arr�ter en lui disant:
--Est-ce vous, mademoiselle Francia?
Et comme elle tardait � r�pondre, elle ajouta:
--Ce ne peut �tre que vous; n'ayez pas peur de me parler. Je suis
une proche parente du prince et je viens savoir si vous avez de ses
nouvelles.
Francia ne se m�fia point et r�pondit qu'elle n'en avait pas. Elle
ajouta imprudemment qu'elle s'en tourmentait beaucoup et demanda si on
se battait aux barri�res:
--Non, Dieu merci! dit la marquise; mais peut-�tre y a-t-il quelque
engagement plus loin. Vous n'�tes pas rassur�e, je vois cela; vous �tes
tr�s attach�e au prince? N'en rougissez pas, je sais ce qu'il a fait
pour vous et je trouve que vous avez bien sujet d'�tre reconnaissante.
--Il vous a donc parl� de moi? dit Francia, stup�faite.
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