Francia; Un bienfait n'est jamais perdu by George Sand


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 31

--Le jeune homme est content? dit Valentin en clignotant; � pr�sent, il
faut songer � lui donner de l'occupation. Le prince d�sire qu'on ne le
voie pas vaguer aux alentours. Je l'enverrai � un de mes amis qui a une
entreprise de roulage hors Paris. Sait-il �crire?

--Pas trop, dit Francia.

--Mais il sait lire?

--Oui, assez bien. C'est moi qui lui ai appris. S'il voulait, il
apprendrait tout! Il n'est pas sot, allez!

--Il fera les commissions, et peu � peu il se mettra aux �critures;
c'est son affaire de s'instruire. Plus on est instruit, plus on gagne.
Il sera log� et nourri en attendant qu'il fasse preuve de bonne volont�,
et on lui donnera quelque chose pour s'habiller. Voici l'adresse et une
lettre pour le patron. Quant � vous, ma ch�re enfant, vous �tes libre de
sortir; mais, comme vous d�sirez rester cach�e, ma femme vous apportera
vos repas, et, si vous vous ennuyez d'�tre seule, elle viendra tricoter
aupr�s de vous. Elle ne manque pas d'esprit, sa soci�t� est agr�able.
Vous pourrez prendre l'air au jardin le matin de bonne heure et le soir
aussi; soyez tranquille, vous ne manquerez de rien et je suis tout �
votre service.

Ayant ainsi r�gl� l'existence des deux enfants confi�s � ses soins
�clair�s, M. Valentin se retira sans dire � Francia, qui n'osa pas le
lui demander, quand elle reverrait le prince.

--Eh bien! te voil� content? dit-elle � son fr�re. Tu voulais
travailler,... tu vas te faire un �tat!

--Bien s�r, que je veux travailler! r�pondit-il en frappant du pied d'un
air r�solu. Je suis content de ne rien devoir aux autres. Il y a assez
longtemps que �a dure. Alors, je m'en vais, je prends un col blanc pour
avoir une tenue pr�sentable, un air comme il faut, et mes souliers
neufs, puisqu'il y aura des courses � faire. Quand j'aurai besoin
d'autre chose, je viendrai le chercher. Adieu, Fafa; je te laisse
heureuse, j'esp�re!... D'ailleurs je reviendrai te voir.

--Tu t'en vas comme �a, tout de suite? dit Francia, dont le coeur se
serra � l'id�e de rester seule.

Elle n'�tait pas bien s�re de la fermet� de r�solution de son fr�re.
Habitu�e � le surveiller autant que possible, � le gronder quand il
rentrait tard, elle l'avait emp�ch� d'arriver au d�sordre absolu.
N'allait-il pas y tomber maintenant qu'il ne craindrait plus ses
reproches?

--Qu'est-ce que tu veux que je fasse ici? r�pondit-il le coeur
gros; c'est joli, ici, c'est cossu m�me. J'y serais trop bien, je
m'ennuierais, je serais comme un oiseau en cage. Il faut que je trotte,
moi, que j'avale de l'air, que je voie des figures! Celle de ton prince
ne me va gu�re, et la mienne ne lui va pas du tout. Et puis, c'est un
�tranger, un _coalis�_! Tu auras beau dire..., �a me remue le sang.

--C'est un ennemi, j'en conviens, dit Francia; mais sans lui tu ne
m'aurais pas, et sans lui nous n'aurions pas de chance de retrouver
notre m�re.

--Eh bien! si on la retrouve, �a changera! Elle sera malheureuse, on
travaillera pour la nourrir. Je m'en vais travailler!

--Vrai?

--Quand je te le dis!

--Tu m'as promis si souvent!

--A pr�sent, c'est pour de vrai, faut bien, � moins d'�tre m�pris�!

--Allons, va! et embrasse-moi!

--Non, dit le gamin en enfon�ant sa casquette sur ses yeux; faut pas
s'attendrir, c'est des b�tises!

Il sortit r�solument, se mit � courir jusqu'au bout de la rue, s'arr�ta
un moment, �touff� par les sanglots, et reprit sa course jusqu'�
Vaugirard, o� il se mit � la disposition du patron � qui M. Valentin le
recommandait.

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 15:27