Francia; Un bienfait n'est jamais perdu by George Sand


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Page 23

--Oui, oui, depuis Moscou, j'en connais, il y en a de bons.

--Avec les jolies filles, ils peuvent �tre bons, les gredins! C'est
pourquoi je te d�fends d'y aller, moi! Allons, remonte chez toi, ou
reste ici. Je vais t�cher de ravoir ton imb�cile de fr�re. Un gamin
comme �a, s'attaquer tout seul � l'ennemi! C'est �gal, �a n'est pas d'un
l�che, et je vas parlementer pour qu'on nous le rende!

Il sortit. Francia l'attendit un quart d'heure qui lui sembla durer une
nuit enti�re, et puis une demi-heure qui lui sembla un si�cle. Alors,
n'y tenant plus, elle avisa au passage un de ces affreux cabriolets de
place dont l'esp�ce a disparu, elle y monta � demi folle, sachant �
peine o� elle allait, mais ob�issant � une id�e fixe: invoquer l'appui
de Mourzakine pour emp�cher son fr�re de mourir.

Bien qu'elle e�t pris le cabriolet � l'heure, il alla vite, press� qu'il
�tait de se retrouver sur les boulevards � la sortie des spectacles;
il n'�tait que onze heures, et Francia lui promettait de ne se faire
ramener par lui que jusqu'� la porte Saint-Martin.

Elle alla d'abord � l'h�tel de Thi�vre, personne n'�tait rentr�; mais
le concierge lui apprit que le prince Mourzakine devait occuper le soir
m�me son nouveau logement, et il le lui d�signa.

--Vous sonnerez � la porte, lui dit-il, il n'y a pas de concierge.

Francia, sans prendre le temps de remonter dans son cabriolet, dont le
cocher la suivit en grognant, descendit la rue, coupa � angle droit,
avisa un grand mur qui longeait une rue plus �troite, assombrie par
l'absence de boutiques et le branchage des grands arbres qui d�passait
le mur. Elle trouva la porte, chercha la sonnette � t�tons et vit au
bout d'un instant appara�tre une petite lumi�re port�e par le grand
cosaque Mozdar.

Il lui sourit en faisant une grimace qui exprimait d'une mani�re
effroyable ses acc�s de bienveillance, et il la conduisit droit �
l'appartement de son ma�tre, o� M. Valentin, le gardien du local,
appr�tait le lit et achevait de ranger le salon.

C'�tait un petit vieillard tr�s-diff�rent de son ami, le formaliste et
respectueux Martin. Le jeune financier qu'il avait servi menait joyeuse
vie et n'avait eu qu'� se louer de son caract�re tol�rant.

En voyant entrer une jolie fille tr�s-fra�chement par�e, car elle avait
fait sa plus belle toilette pour aller en loge � l'Op�ra, il crut
comprendre d'embl�e, et lui fit bon accueil.

--Asseyez-vous, _mam'selle,_ lui dit-il d'un ton l�ger et agr�able;
puisque vous voil�, sans doute que le prince va rentrer.

--Croyez-vous qu'il rentrera bient�t? lui demanda-t-elle ing�nument.

--Ah ��! vous devez le savoir mieux que moi: est-ce qu'il ne vous a pas
donn� rendez-vous?

Et, saisi d'une certaine m�fiance, il ajouta:

--J'imagine que vous ne venez pas chez lui sur les minuit sans qu'il
vous en ait pri�e? Francia n'avait pas l'ignorance de l'innocence. Elle
avait sa chastet� relative, tr�s-grande encore, puisqu'elle rougit et
se sentit humili�e du r�le qu'on lui attribuait; mais elle comprit fort
bien et accepta cet abaissement, pour r�ussir � voir celui qu'elle
voulait int�resser � son fr�re.

--Oui, oui, dit-elle, il m'a pri�e de l'attendre, et vous voyez que le
cosaque me conna�t bien, puisqu'il m'a fait entrer.

--Ce ne serait pas une raison, reprit Valentin; il est si simple! Mais
je vois bien que vous �tes une aimable enfant. Faites un somme, si vous
voulez, sur ce bon fauteuil; moi, je vais vous donner l'exemple: j'ai
tant rang� aujourd'hui que je suis un peu las.

Et, s'�tendant sur un autre fauteuil avec un soupir de b�atitude, il
ramena sur ses maigres jambes frileuses, chauss�es de bas de soie, la
pelisse fourr�e du prince et tomba dans une douce somnolence.

Francia n'avait pas le loisir de s'�tonner des mani�res de ce personnage
poliment familier. Elle ne regardait rien que la pendule et comptait les
secondes aux battements de son coeur. Elle ne voyait pas la richesse
galante de l'appartement, les figurines de marbre et les tableaux
repr�sentant des sc�nes de volupt�; tout lui �tait indiff�rent, pourvu
que Mourzakine arriv�t vite.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 20th Dec 2025, 12:15