Francia; Un bienfait n'est jamais perdu by George Sand


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Page 24

Il arriva enfin. Il y avait longtemps que le cocher de Francia avait
fait ce raisonnement philosophique, qu'il vaut mieux perdre le prix
d'une course que de manquer l'occasion d'en faire deux ou trois. En
cons�quence, il �tait retourn� aux boulevards sans s'inqui�ter de sa
pratique. Mourzakine ne fut donc pas averti par la pr�sence d'une
voiture � sa porte, et sa surprise fut grande quand il trouva Francia
chez lui. Valentin, qui, au coup de sonnette, s'�tait lev�, avait
soigneusement �pousset� la pelisse et s'�tait port� � la rencontre du
prince, vit son �tonnement et lui dit comme pour s'excuser:

--Elle pr�tend que Votre Excellence l'a mand�e chez elle, j'ai cru...

--C'est bien, c'est bien, r�pondit Mourzakine, vous pouvez vous retirer.

--Oh! le cosaque peut rester, dit vivement Francia en voyant que Mozdar
se disposait aussi � partir. Je ne veux pas vous importuner longtemps,
mon prince. Ah! mon bon prince, pardonnez-moi; mais il faut que vous me
donniez un mot, un tout petit mot pour quelque officier de service sur
les boulevards, afin qu'on me rende mon fr�re qu'ils ont arr�t�.

--Qui l'a arr�t�?

--Des Russes, mon bon prince; faites-le mettre en libert� bien vite!

Et elle raconta ce qui s'�tait pass� au caf�.

--Eh bien! je ne vois pas l� une si grosse affaire! r�pondit le prince.
Ton galopin de fr�re est-il si d�licat qu'il ne puisse passer une nuit
en prison?

--Mais s'ils le tuent! s'�cria Francia en joignant les mains.

--Ce ne serait pas une grande perte!

--Mais je l'aime, moi, j'aimerais mieux mourir � sa place!

Mourzakine vit qu'il fallait la rassurer. Il n'�tait nullement inquiet
du prisonnier. Il savait qu'avec la discipline rigoureuse impos�e aux
troupes russes, nulle violence ne lui serait faite; mais il d�sirait
garder un peu la suppliante pr�s de lui, et il donna ordre � Mozdar de
monter � cheval et d'aller au lieu indiqu� lui chercher le d�linquant.
Muni d'un ordre �crit et sign� du prince, le cosaque enfourcha son
cheval h�riss� et partit aussit�t.

--Tu resteras bien ici � l'attendre? dit Mourzakine � la jeune fille qui
n'avait rien compris � leur dialogue.

--Ah! mon Dieu, r�pondit-elle, pourquoi ne le faites-vous pas remettre
en libert� tout bonnement? Il n'a pas besoin de venir ici, puisqu'il
vous d�pla�t! Il ne saura pas vous remercier, il est si mal �lev�!

--S'il est mal �lev�, c'est ta faute; tu aurais pu l'_�duquer_ mieux,
car tu as des mani�res gentilles, toi! Tu sauras que j'ai �crit pour
retrouver ta m�re l�-bas, si c'est possible.

--Ah! vous �tes bon, vrai! vous �tes bien bon, vous! Aussi, vous voyez,
je suis venue � vous, bien s�re que vous auriez encore piti� de moi;
mais il faut me permettre de rentrer, monsieur mon prince. Je ne peux
pas m'attarder davantage.

--Tu ne peux pas t'en aller seule � minuit pass�!

--Si fait, j'ai un fiacre � la porte.

--A quelle porte? Il n'y en a qu'une sur la rue, et je n'y ai pas vu la
moindre voiture.

--Il m'aura peut-�tre plant�e l�? Ces sapins, ils sont comme �a! Mais
�a ne me fait rien; je n'ai pas peur dans Paris, il y a encore du monde
dans les rues.

--Pas de ce c�t�-ci, c'est un d�sert.

--Je ne crains rien, moi, j'ai l'oeil au guet et je sais courir.

--Je te jure que je ne te laisserai pas t'en aller seule. Il faut
attendre ton fr�re. Es-tu si mal ici, ou as-tu peur de moi?

--Oh! non, ce n'est pas cela.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 0:53