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Page 16
--Fi! ma ch�re, reprit la vieille qui avait d�j� parl�; ce sont les
jacobins qui font courir ces bruits-l�! Les officiers de cosaques sont
des hommes tr�s-bien n�s et tr�s-bien �lev�s. Celui qui loge ici est un
prince, � ce que j'ai ou� dire.
--Revenez me voir demain, je vous le pr�senterai, dit la marquise. En ce
moment, je ne sais o� il est.
--Il n'est pas loin, dit un ing�nu de douze ans, jeune duc qui
accompagnait sa grand'm�re dans ses visites; je viens de le voir
traverser le jardin!
--Madame de Thi�vre nous le cache, c'est bien s�r! s'�cri�rent les
jeunes curieuses.
Le fait est que la marquise avait depuis quelques instants, pour son
beau cousin, un d�dain qui frisait le d�go�t. Elle l'avait quitt� sans
lui offrir de le pr�senter � son entourage, et il boudait au fond du
jardin. Elle prit le parti de le faire appeler, contente peut-�tre de
produire ce bel exemplaire de la gr�ce russe et d'avoir l'air de s'en
soucier m�diocrement; vengeance de femme.
Il eut un succ�s d'enthousiasme; vieilles et jeunes, avec ce sans-fa�on
de curiosit� qui est dans nos moeurs et que les biens�ances ne savent
pas mod�rer, l'entour�rent, l'examinant comme un papillon exotique qu'il
fallait voir de pr�s, lui faisant mille questions d�licates ou niaises,
selon la port�e d'esprit de chacune, et s'excusant sur l'�motion
politique de l'indiscr�tion de leurs avances. Les derni�res impressions
de l'empire avaient pr�par� � voir dans un cosaque une sorte de monstre
croquemitaine. L'exemplaire �tait beau, caressant, parfum�, bien
costum�. On aurait voulu le toucher, lui donner du bonbon, l'emporter
dans sa voiture, le montrer � ses bonnes amies.
Mourzakine, surpris, voyait se reproduire dans ce monde choisi les
sc�nes ing�nues qui l'avaient frapp� dans d'autres milieux et d'autres
pays. Il eut le succ�s modeste; mais son regard p�n�trant et enflamm�
fit plus d'une victime, et, quand les visites s'�coul�rent � regret, il
avait re�u tant d'invitations qu'il fut forc� de demander le secours de
la marquise pour inscrire sur un carnet les adresses et les noms de ses
conqu�tes.
Madame de Thi�vre lui vanta l'esprit et la bonne gr�ce de ses nombreuses
rivales avec un d�sint�ressement qui l'�claira. Il se vit m�pris�, et
d�s lors une seule conqu�te, celle de la marquise, lui parut d�sirable.
Elle devait sortir le soir apr�s le d�ner; elle alla s'habiller de
nouveau, le laissant seul avec M. de Thi�vre, et, par un raffinement
de vengeance, elle vint en toilette de soir�e, les bras nus jusqu'�
l'�paule, la poitrine d�couverte presque jusqu'� la ceinture, r�clamant
le bras de son mari, exprimant � son h�te l'ironique regret de le
laisser seul. M. de Thi�vre s'excusa sur la n�cessit� d'aller s'occuper
des affaires publiques. Mourzakine resta au salon, et, apr�s avoir avoir
feuillet� en b�illant un opuscule politique, il s'endormit profond�ment
sur le sofa.
II
Mourzakine go�tait ce doux repos depuis environ une heure, quand il fut
r�veill� en sursaut par une petite main qui passait l�g�rement sur son
front. Persuad� que la marquise, dont il venait justement de r�ver, lui
apportait sa gr�ce, il saisit cette main et allait la baiser, lorsqu'il
reconnut son erreur. Bien qu'il e�t �teint les bougies et baiss� le
chapiteau de la lampe pour mieux dormir, il vit un autre costume, une
autre taille, et se leva brusquement avec la soudaine m�fiance de
l'�tranger en pays ennemi.
--Ne craignez rien, lui dit alors une voix douce, c'est moi, c'est
Francia!
--Francia! s'�cria-t-il, ici? Qui vous a fait entrer?
--Personne. J'ai dit au concierge que je vous apportais un paquet. Il
dormait � moiti�, il n'a pas fait attention; il m'a dit: �--Le perron.�
J'ai trouv� les portes ouvertes. Deux domestiques jouaient aux cartes
dans l'antichambre; ils ne m'ont pas seulement regard�e. J'ai travers�
une autre pi�ce o� dormait un de vos militaires, un cosaque! Celui-l�
dormait si bien que je n'ai pas pu l'�veiller; alors j'ai �t� plus loin
devant moi, et je vous ai trouv� dormant aussi. Vous �tes donc tout seul
dans cette grande maison? Je peux vous parler, mon fr�re m'a dit que
vous ne refusiez pas...
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