Francia; Un bienfait n'est jamais perdu by George Sand


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Page 13

�--Plus jolie que la marquise?

�--Non, c'est autre chose.�

Et apr�s ce muet entretien avec sa pens�e, Mourzakine se rappela qu'il
avait laiss� la marquise en t�te-�-t�te avec son oncle.

--Arrivez donc, mon cousin! s'�cria-t-elle en le voyant revenir. Venez
me prot�ger. On est en grand p�ril avec M. Ogoksko�. Il est d'une
galanterie vraiment pressante. Ah! les Russes! Je ne savais pas, moi,
qu'il fallait en avoir peur.

Tout cela, d�bit� avec l'aplomb d'une femme qui n'en pense pas un mot,
porta diff�remment sur les deux Russes. Le jeune y vit un encouragement,
le vieux une raillerie am�re. Il crut lire dans les yeux de son neveu
que cette ironie �tait partag�e.

--Je pense, dit-il en dissimulant son d�pit sous un air enjou�, que vous
mourez d'envie de vous moquer de moi avec Diomiditch; c'est l'affaire
des jeunes gens de plaire � premi�re vue, n'eussent-ils ni esprit, ni
m�rite;... mais ce n'est pas ici le cas, et je vous laisse en meilleure
compagnie que la mienne.

--Puis-je vous demander, lui dit Mourzakine en le reconduisant jusqu'�
sa voiture de louage, si vous avez plaid� ma cause?...

--Aupr�s de ta belle h�tesse? Tu la plaideras bien tout seul!

--Non! aupr�s de notre p�re.

--Le p�re a bien le temps de s'occuper de toi. Il est en train de faire
un roi de France! Fais-toi oublier, c'est le mieux! Tu es bien ici,
restes-y longtemps.

Mourzakine comprit que le coup �tait port�. La marquise avait plu �
Ogoksko�, et lui, Mourzakine, avait encouru la disgr�ce de son oncle,
celle du ma�tre par cons�quent.--A moins que la marquise...; mais cela
n'�tait point � supposer, et Mourzakine �tait d�j� assez �pris d'elle
pour ne pas s'arr�ter volontiers � une pareille hypoth�se.

Il s'effor�a de s'y soustraire, de faire bon march� de sa m�saventure,
de consommer l'oeuvre de s�duction d�j� entam�e, d'�tre pressant,
irr�sistible; mais ce n'est pas une petite affaire que le m�contentement
d'un oncle russe plac� pr�s de l'oreille du tsar! C'est toute une
carri�re bris�e, c'est une destin�e toute p�le,--toute noire peut-�tre,
car, si le d�plaisir se change en ressentiment, ce peut �tre la ruine,
l'exil,--et pourquoi pas la Sib�rie? Les pr�textes sont faciles � faire
na�tre.

La marquise trouva son adorateur si pr�occup�, si sombre par moments,
qu'elle fut forc�e de le remarquer. Elle essaya d'abord de le plaisanter
sur sa longue absence du salon, et, ne croyant pas deviner si juste,
elle lui demanda s'il l'avait quitt�e pendant un grand quart d'heure
pour s'occuper de la grisette.

--Quelle grisette?

Il n'avait plus le moindre souci d'elle. Ce qu'il voulait se faire
demander, c'�tait la v�ritable cause de son inqui�tude, et il y r�ussit.

D'abord la folle marquise ne fit qu'en rire. Elle n'�tait pas f�ch�e de
tourner la t�te au puissant Ogoksko�, et il ne pouvait pas lui tomber
sous le sens qu'elle d�t expier sa coquetterie en subissant des
obsessions s�rieuses. Mourzakine vit bien vite que cette petite t�te
chauve et ce corps �norme lui inspiraient une horreur profonde, et il
n'eut pas le mauvais go�t de sa secr�te intention, mais il crut pouvoir
louvoyer adroitement.

--Puisque vous prenez cela pour une plaisanterie, lui dit-il, je suis
bien heureux de sacrifier la protection de mon oncle, dont je commen�ais
� �tre jaloux; mais, je dois pourtant vous �clairer sur les dangers qui
vous sont personnels.

--Des dangers, � moi? vis-�-vis d'un pareil _monument_? Pour qui donc me
prenez-vous, mon cousin? Avez-vous si mauvaise opinion des Fran�aises...

--Les Fran�aises sont beaucoup moins coquettes que les femmes russes,
mais elles sont plus t�m�raires, plus franches, si vous voulez, parce
qu'elles sont plus braves. Elles irritent des vanit�s qu'elles ne
connaissent pas. Oserai-je vous demander si M. le marquis de Thi�vre
d�sire la restauration des Bourbons par raison de sentiment...

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 19th Dec 2025, 16:32