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Page 44
[Illustration: Des soldats qui passaient me relev�rent.]
Que pouvais-je r�pondre � de semblables discours? Je le regardais d'un
air stup�fait. Je m'�tonnais de le trouver encore beau, encore aimable;
de sentir toujours aupr�s de lui la m�me �motion, le m�me d�sir de
ses caresses, la m�me reconnaissance pour son amour. Son abjection ne
laissait aucune trace sur son noble front; et quand ses grands yeux
noirs dardaient leur flamme sur les miens, j'�tais �blouie, enivr�e
comme autrefois; toutes ses souillures disparaissaient, et jusqu'aux
taches du sang d'Henryet, tout �tait effac�. J'oubliai tout pour
m'attacher � lui par des promesses aveugles, par des serments et des
�treintes insens�es. Alors en effet je vis son amour se rallumer ou
plut�t se renouveler, comme il me l'avait annonc�. Il abandonna � peu
pr�s la princesse Zagarolo et passa tout le temps de ma convalescence
� mes pieds, avec les m�mes tendresses, les m�mes soins et les m�mes
d�licatesses d'affection qui m'avaient rendue si heureuse en Suisse;
je puis m�me dire que ces marques de tendresse furent plus vives et me
donn�rent plus d'orgueil et de joie, que ce fut le temps le plus heureux
de ma vie, et que jamais Leoni ne me fut plus cher. J'�tais convaincue
de tout ce qu'il m'avait dit; je ne pouvais plus d'ailleurs craindre
qu'il s'attach�t � moi par int�r�t, je n'avais plus rien au monde � lui
donner, et j'�tais d�sormais � sa charge et soumise aux chances de
sa fortune. Enfin, je sentais une sorte d'orgueil � ne pas rester
au-dessous de ce qu'il attendait de ma g�n�rosit�, et sa reconnaissance
me sembla il plus grande que mes sacrifices.
Un soir il rentra tout agit�, et, me pressant mille fois sur son coeur:
--Ma Juliette, dit-il, ma soeur, ma femme, mon ange, il faut que lu sois
bonne et indulgente comme Dieu, il faut, me donner une nouvelle preuve
de ta douceur adorable et de ton h�ro�sme: il faut que tu viennes
demeurer avec moi chez la princesse Zagarolo.
Je reculai confondue de surprise; et, comme je sentis qu'il n'�tait plus
en mon pouvoir de rien refuser, je me mis � p�lir et � trembler comme un
condamn� en pr�sence du supplice.
--�coute, me dit-il, la princesse est horriblement mal. Je l'ai n�glig�e
� cause de toi; elle a pris tant de chagrin que sa maladie s'est
aggrav�e consid�rablement, et que les m�decins ne lui donnent pas plus
d'un mois � vivre. Puisque tu sais tout....., je puis te parler de cet
infernal testament. Il s'agit d'une succession de plusieurs millions,
et je suis en concurrence avec une famille attentive � profiter de mes
fautes et � m'expulser au moment d�cisif. Le testament en ma faveur
existe en bonne forme, mais un instant de d�pit peut l'an�antir. Nous
sommes ruin�s, nous n'avons plus que cette ressource. Il faut que tu
ailles � l'h�pital et que je me fasse chef de brigands si elle nous
�chappe.
--O mon Dieu! lui dis je, nous avons v�cu en Suisse � si peu de frais!
Pourquoi la richesse est-elle une n�cessit� pour nous? A pr�sent que
nous nous aimons si bien, ne pouvons-nous vivre heureux sans faire de
nouvelles infamies?...
Il ne me r�pondit que par une contraction des sourcils qui exprimait la
douleur, l'ennui et la crainte que lui causaient mes reproches. Je me
tus aussit�t et lui demandai en quoi j'�tais n�cessaire au succ�s de son
entreprise.
--Parce que la princesse, dans un acc�s de jalousie assez bien fond�e,
a demand� � te voir et � l'interroger. Mes ennemis avaient eu soin de
l'informer que je passais toutes les matin�es aupr�s d'une femme jeune
et jolie qui �tait venue me trouver � Milan. Pendant longtemps j'ai
r�ussi � lui faire croire que tu �tais ma soeur; mais, depuis un mois
que je la d�laisse enti�rement, elle a des doutes et refuse de croire �
la maladie, que je lui ai fait valoir comme une excuse. Aujourd'hui elle
m'a d�clar� que, si je la n�gligeais dans l'�tat o� elle se trouve, elle
ne croirait plus � mon affection et me retirerait la sienne.--Si votre
soeur est malade aussi et ne peut se passer de vous, a-t-elle dit,
faites-la transporter dans ma maison; mes femmes et mes m�decins la
soigneront. Vous pourriez la voir � toute heure; et, si elle est
vraiment votre soeur, je la ch�rirai comme si elle �tait la mienne
aussi. En vain j'ai voulu combattre celle �trange fantaisie. Je lui ai
dit que tu �tais tr�s-pauvre et tr�s-fi�re, que rien au monde ne te
ferai consentir � recevoir l'hospitalit�, et qu'il �tait en effet
inconvenant et ind�licat que tu vinsses demeurer chez la ma�tresse de
ton fr�re. Elle n'a rien voulu entendre, et � toutes mes objections elle
r�pond:--Je vois bien que vous me trompez; ce n'est pas votre soeur. Si
tu refuses, nous sommes perdus. Viens, viens, viens; je t'en supplie,
mon enfant, viens!
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