Leone Leoni by George Sand


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Page 42

--Oui, il s'est tr�s-bien d�fendu, dit le marquis; vous avez fait l'un
et l'autre des prodiges de valeur. C'�tait une chose tr�s-belle � voir
et vraiment hom�rique que ce duel au couteau. Mais je dois dire pourtant
que, pour un V�nitien, tu manies cette arme mis�rablement.

--Il est vrai que ce n'est pas l'arme dont je suis habitu� � me servir,
et � propos, je pense qu'il serait prudent de cacher ou d'an�antir
celle-ci.

--Grande sottise! mon ami. Il faut bien t'en garder; les laquais et les
amis savent tous que tu portes en tout temps cette arme sur toi; si tu
la faisais dispara�tre, ce serait un indice contre nous.

--C'est vrai. Mais la tienne?

--La mienne est vierge de son sang; mes premiers coups ont port� � faux,
et ensuite les tiens ne m'ont pas laiss� de place.

--Ah! ciel! c'est, encore vrai. Tu as voulu l'assassiner, et la fatalit�
m'a contraint de faire moi-m�me l'action dont j'avais horreur.

--Cela te pla�t � dire, mon cher; tu venais de tr�s-bon coeur au
rendez-vous.

--C'est que j'avais en effet le pressentiment, instinctif de ce que
mon mauvais g�nie allait me faire commettre... Apr�s tout, c'�tait ma
destin�e et la sienne. Nous voil� donc d�livr�s de lui! Mais pourquoi,
diable! as-tu vid� ses poches?

--Pr�caution et pr�sence d'esprit de ma part. En le trouvant d�pouill�
de son argent et de son portefeuille, on cherchera l'assassin dans la
plus basse classe, et jamais on ne soup�onnera des gens comme il faut.
Cela passera pour un acte de brigandage, et non pour une vengeance
particuli�re. Ne te trahis pas toi-m�me par une sotte �motion lorsque tu
entendras parler demain de l'�v�nement, et nous n'avons rien � craindre.
Approche la bougie, que je br�le ces papiers; quant � l'argent monnay�,
cela n'a jamais compromis personne.

--Arr�te! dit Leoni en saisissant une lettre que le marquis allait
br�ler avec les autres. J'ai vu l� le nom de famille de Juliette.

--C'est une lettre � madame Ruyter, dit le marquis. Voyons:

�Madame, s'il en est temps encore, si vous n'�tes point partie d�s hier
en recevant la lettre par laquelle je vous appelais aupr�s de votre
fille, ne partez point. Attendez-la ou venez � sa rencontre jusqu'�
Strasbourg; je vous y ferai chercher en arrivant. J'y serai avec
mademoiselle Ruyter avant peu de jours. Elle est d�cid�e � fuir
l'infamie et les mauvais traitements de son s�ducteur. Je viens de
recevoir d'elle un billet qui m'annonce enfin cette r�solution. Je dois
la voir cette nuit pour fixer le moment de notre d�part. Je laisserai
toutes mes affaires pour profiter de la bonne disposition o� elle est
et o� les flatteries de son amant pourraient bien ne pas la laisser
toujours. L'empire qu'il a sur elle est encore immense. Je crains que la
passion qu'elle a pour ce mis�rable ne soit �ternelle, et que son regret
de l'avoir quitt� ne vous fasse verser encore bien des larmes � toutes
deux. Soyez indulgente et bonne avec elle; c'est votre r�le de m�re, et
vous le remplirez ais�ment. Pour moi, je suis rude; et mon indignation
s'exprime plus facilement que ma piti�. Je voudrais �tre plus persuasif;
mais je ne puis �tre plus aimable, et ma destin�e n'est pas d'�tre aim�.
PAUL HENRYET.�

--Ceci te prouve, � mon ami! dit le marquis d'un ton moqueur en
pr�sentant cette lettre � la flamme de la bougie, que ta femme est
fid�le et que tu es le plus heureux des �poux.

--Pauvre femme! dit Leoni, et pauvre Henryet! Il l'aurait rendue
heureuse, lui! Il l'aurait respect�e et honor�e du moins! Quelle
fatalit� l'a donc jet�e dans les bras d'un m�chant coureur d'aventures,
pouss� vers elle par le destin d'un bout du monde � l'autre, lorsqu'elle
avait sous la main le coeur d'un honn�te homme! Aveugle enfant! pourquoi
m'as-tu choisi?

--Charmant! dit le marquis ironiquement. J'esp�re que tu vas faire � ce
propos quelques vers. Une jolie �pitaphe pour l'homme que tu as massacr�
ce soir me semblerait une chose de bon go�t et tout � fait neuve.

--Oui, je lui en ferai une, dit Leoni, et le texte sera celui-ci:

�Ici repose un honn�te homme qui voulut se faire le d�fenseur de la
justice humaine contre deux sc�l�rats, et que la justice divine a laiss�
�gorger par eux.�

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 23rd Dec 2025, 2:01