Leone Leoni by George Sand


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Page 41

--Ecoute, Leoni, et vois si je m'entends � �crire un billet doux:

�Mon ami, je ne puis plus vous recevoir chez moi, Leoni sait tout et me
menace des plus horribles traitements: emmenez-moi, ou je suis perdue.
Conduisez-moi � ma m�re, ou jetez-moi dans un couvent; faites de moi ce
qu'il vous plaira, mais arrachez-moi � l'affreuse situation o� je suis.
Trouvez-vous demain devant le portail de la cath�drale � une heure du
matin, nous concerterons notre d�part, il me sera facile d'aller vous
trouver, Leoni passe toutes les nuits chez la Zagarolo. Ne soyez pas
�tonn� de cette �criture bizarre et presque illisible: Leoni, dans un
acc�s de col�re, m'a presque d�mis la main droite. Adieu.

JULIETTE RUYTER.�

--Il me semble que cette lettre est prudemment con�ue, ajouta le
marquis, et peut sembler vraisemblable au Flamand, quel que soit le
degr� de son intimit� avec ta femme. Les paroles que tant�t dans son
d�lire elle croyait lui adresser nous donnent la certitude qu'il lui a
offert de la conduire dans son pays... L'�criture est informe, et qu'il
connaisse ou non celle de Juliette...

--Voyons, dit Leoni d'un air attentif en se penchant sur la table.

Sa figure avait une expression effrayante de doute et de persuasion.
Je n'en vis pas davantage. Mon cerveau �tait �puis�, mes id�es se
confondirent. Je retombai dans une sorte de l�thargie.



XVIII.

Quand je revins � moi, la lumi�re vague de la lampe �clairait les m�mes
objets. Je me soulevai lentement, je vis le marquis � la m�me place o�
je l'avais vu en perdant connaissance. Il faisait encore nuit. Il y
avait encore des bouteilles sur la table, une �critoire et quelque chose
que je ne distinguais pas bien et qui ressemblait � des armes. Leoni
�tait debout dans la chambre. Je t�chai de me souvenir de leur
conversation pr�c�dente. J'esp�rais que les lambeaux hideux qui m'en
revenaient � la m�moire �taient autant de r�ves f�briles, et je ne
sus pas d'abord qu'entre cette conversation et celle qui commen�ait
vingt-quatre heures s'�taient �coul�es. Les premiers mots dont je pus me
rendre compte furent ceux-ci:

--Il fallait qu'il se m�fi�t de quelque chose, car il �tait arm�
jusqu'aux dents. En parlant ainsi, Leoni essuyait avec un mouchoir sa
main ensanglant�e.

--Bah! ce que tu as n'est qu'une �gratignure, dit le marquis: je suis
bless� plus s�rieusement � la jambe; et il faudra pourtant que je danse
demain au bal, afin qu'on ne s'en doute pas. Laisse donc ta main,
panse-la, et songe � autre chose.

--Il m'est impossible de songer � autre chose qu'� ce sang. Il me semble
que j'en vois un lac autour de moi.

--Tu as les nerfs trop d�licats, Leoni; tu n'es bon � rien.

--Canaille! dit Leoni d'un ton de haine et de m�pris, sans moi tu �tais
mort; tu reculais l�chement, et tu dois �tre frapp� par derri�re. Si je
ne t'avais vu perdu, et si ta perte n'e�t entra�n� la mienne, jamais je
n'aurais touch� � cet homme � pareille heure et en pareil lieu. Mais ta
f�roce obstination m'a forc� � �tre ton complice. Il ne me manquait plus
que de commettre un assassinat pour �tre digne de ta soci�t�.

--Ne fais pas le modeste, reprit le marquis; quand tu as vu qu'il se
d�fendait, tu es devenu un tigre.

--Ah! oui, cela me r�jouissait le coeur de le voir mourir en se
d�fendant; car enfin je l'ai tu� loyalement.

--Tr�s-loyalement: il avait remis la partie au lendemain; et comme tu
�tais press� d'en finir, tu l'as tu� tout de suite.

--A qui la faute, tra�tre? Pourquoi t'es-tu jet� sur lui au moment o�
nous nous s�parions avec la parole l'un de l'autre? Pourquoi t'es-tu
enfui en voyant qu'il �tait arm�, et m'as-tu forc� ainsi � te d�fendre
ou � �tre d�nonc� par lui demain pour l'avoir attir�, de concert avec
toi, dans un guet-apens, afin de l'assassiner? A l'heure qu'il est, j'ai
m�rit� l'�chafaud, et pourtant je ne suis point un meurtrier. Je me suis
battu � armes �gales, � chance �gale, � courage �gal.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 23:59