Leone Leoni by George Sand


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Page 31

J'arrive � Milan apr�s avoir voyag� nuit et, jour sans me donner le
temps de me reposer ni de r�fl�chir. Je descends � l'auberge o� Leoni
m'avait donn� son adresse, je le fais demander, on me regarde avec
�tonnement.

--Il ne demeure pas ici, me r�pond le cam�ri�re. Il y est descendu en y
arrivant, et il y a lou� une petite chambre o� il a d�pos� ses effets;
mais il ne vient ici que le matin pour prendre ses lettres, faire sa
barbe et s'en aller.

--Mais o� loge-t-il? demandai-je. Je vis que le cameriere me regardait
avec curiosit�, avec incertitude, et que, soit par respect, soit
par commis�ration, il ne pouvait se d�cider � me r�pondre. J'eus la
discr�tion de ne pas insister, et je me fis conduire � la chambre
que Leoni avait lou�e.--Si vous savez o� on peut le trouver � cette
heure-ci, dis-je au cameriere, allez le chercher, et dites lui que sa
soeur est arriv�e.

Au bout d'une heure, Leoni arriva, les bras �tendus pour
m'embrasser.--Attends, lui dis-je en reculant; si tu m'as tromp�e
jusqu'ici, n'ajoute pas un crime de plus � tous ceux que tu as commis
envers moi. Tiens, regarde ce billet; est-il de toi? Si on a contrefait
ton �criture, dis-le-moi vite, car je l'esp�re et j'�touffe.

Leoni jeta les yeux sur le billet et devint p�le comme la mort.

--Mon Dieu! m'�criai-je, j'esp�rais qu'on m'avait tromp�e! Je venais
vers toi avec la presque certitude de te trouver �tranger � cette
infamie. Je me disais: il m'a fait bien du mal, il m'a d�j� tromp�e;
mais, malgr� tout, il m'aime. S'il est vrai que je le g�ne et que je lui
sois nuisible, il me l'aurait dit il y a � peine un mois, lorsque je me
sentais le courage de le quitter, tandis qu'il s'est jet� � mes genoux
pour me supplier de rester. S'il est un intrigant et un ambitieux, il ne
devait pas me retenir; car je n'ai aucune fortune, et mon amour ne lui
est avantageux en rien. Pourquoi se plaindrait-il maintenant de mon
importunit�? Il n'a qu'un mot � dire pour me chasser. Il sait que
je suis fi�re; il ne doit craindre ni mes pri�res ni mes reproches.
Pourquoi voudrait-il m'avilir?

Je ne pus continuer; un flot de larmes saccadait ma voix et arr�tait mes
paroles.

--Pourquoi j'aurais voulu t'avilir? s'�cria Leoni hors de lui; pour
�viter un remords de plus � ma conscience d�chir�e. Tu ne comprends pas
cela, Juliette. On voit bien que tu n'as jamais �t� criminelle!...

Il s'arr�ta; je tombai sur un fauteuil, et nous rest�mes atterr�s tous
deux.

--Pauvre ange! s'�cria-t-il enfin, m�ritais-tu d'�tre la compagne et
la victime d'un sc�l�rat tel que moi? Qu'avais-tu fait � Dieu avant
de na�tre, malheureuse enfant, pour qu'il te jet�t dans les bras d'un
r�prouv� qui te fait mourir de honte et de d�sespoir? Pauvre Juliette!
pauvre Juliette!

[Illustration: Je ne vous aime ni ne vous estime plus.]

Et � son tour il versa un torrent de larmes.

--Allons, lui dis-je, je suis venue pour entendre ta justification ou ma
condamnation. Tu es coupable, je te pardonne, et je pars.

--Ne parle jamais de cela! s'�cria-t-il avec v�h�mence. Haie � jamais
ce mot-l� de nos entretiens. Quand tu voudras me quitter, �chappe-toi
habilement sans que je puisse t'en emp�cher; mais tant qu'il me restera
une goutte de sang dans les veines, je n'y consentirai pas. Tu es
ma femme, tu m'appartiens, et je t'aime. Je puis te faire mourir de
douleur, mais je ne peux pas te laisser partir.

--J'accepterai la douleur et la mort, lui dis-je, si tu me dis que tu
m'aimes encore.

--Oui, je t'aime, je t'aime, cria-t-il avec ses transports ordinaires;
je n'aime que toi, et je ne pourrai jamais en aimer une autre!

--Malheureux! tu mens, lui dis-je. Tu as suivi la princesse Zagarolo.

--Oui, mais je la d�teste.

--Comment! m'�criai-je frapp�e d'�tonnement. Et pourquoi donc l'as-lu
suivie? Quels honteux secrets cachent donc toutes ces �nigmes? Chalm
a voulu me faire entendre qu'une vile ambition t'encha�nait aupr�s de
cette femme; qu'elle �tait vieille..., qu'elle te payait... Ah! quels
mots vous me faites prononcer!

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 3:13