Leone Leoni by George Sand


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 12

Il commen�ait � se remettre, lorsque je m'aper�us qu'Henryet nous
suivait; je ne pus m'emp�cher d'en t�moigner mon impatience.

--En v�rit�, cet homme nous suit comme un remords, dis-je tout bas �
Leoni; est-ce bien un homme? Je le prendrais presque pour une �me en
peine qui revient de l'autre monde.

--Quel homme? r�pondit Leoni en tressaillant; comment l'appelez-vous? o�
est-il? que nous veut-il? est-ce que vous le connaissez?

Je lui appris en peu de mots ce qui �tait arriv�, et le priai de n'avoir
pas l'air de remarquer le ridicule man�ge d'Henryet. Mais Leoni ne me
r�pondit pas; seulement je sentis sa main, qui tenait la mienne, devenir
froide comme la mort; un tremblement convulsif passa dans tout son
corps, et je crus qu'il allait s'�vanouir; mais tout cela fut l'affaire
d'un instant.

--J'ai les nerfs horriblement malades, dit-il; je crois que je vais �tre
forc� d'aller me coucher; la t�te me br�le, ce turban p�se cent livres.

--O mon Dieu! lui dis-je, si vous partez, d�j�, cette nuit va me sembler
�ternelle et cette f�te insupportable. Essayez de passer dans une pi�ce
plus retir�e et de quitter votre turban pour quelques instants; nous
demanderons quelques gouttes d'�ther pour calmer vos nerfs.

--Oui, vous avez raison, ma bonne, ma ch�re Juliette, mon ange. Il y a
au bout de la galerie un boudoir o� probablement nous serons seuls; un
instant de repos me gu�rira.

En parlant ainsi, il m'entra�na vers le boudoir avec empressement; il
semblait fuir plut�t que marcher. J'entendis des pas qui venaient sur
les n�tres; je me retournai, et je vis Henryet qui se rapprochait de
plus en plus et qui avait l'air de nous poursuivre; je crus qu'il �tait
devenu fou. La terreur que Leoni ne pouvait plus dissimuler acheva de
brouiller toutes mes id�es; une peur superstitieuse s'empara de moi, mon
sang se gla�a comme dans le cauchemar, et il me fut impossible de faire
un pas de plus. En ce moment Henryet nous atteignit et posa une main,
qui me sembla m�tallique, sur l'�paule de Leoni. Leoni resta comme
frapp� de la foudre, et lui fit un signe de t�te affirmatif, comme s'il
e�t devin� une question ou une injonction dans ce silence effrayant.
Alors Henryet s'�loigna, et je sentis mes pieds se d�clouer du parquet.
J'eus la force de suivre Leoni dans le boudoir, et je tombai sur
l'ottomane aussi p�le et aussi constern�e que lui.



VII.

Il resta quelque temps ainsi; puis tout � coup rassemblant ses forces,
il se jeta � mes pieds.--Juliette, me dit-il, je suis perdu si tu ne
m'aimes pas jusqu'au d�lire.

--O ciel! qu'est-ce que cela signifie? m'�criai-je avec �garement en
jetant mes bras autour de son cou.

--Et tu ne m'aimes pas ainsi! continua-t-il avec angoisse; je suis
perdu, n'est-ce pas?

--Je t'aime de toutes les forces de mon �me! m'�criai-je en pleurant;
que faut-il faire pour te sauver?

--Ah! tu n'y consentirais pas! reprit-il avec abattement. Je suis le
plus malheureux des hommes; tu es la seule femme que j'aie jamais aim�e,
Juliette; et au moment de te poss�der, mon �me, ma vie, je te perds �
jamais!... Il faudra que je meure.

--Mon Dieu! mon Dieu! m'�criai je, ne pouvez-vous parler? ne pouvez-vous
dire ce que vous attendez de moi?

--Non, je ne puis parler, r�pondit-il; un affreux secret, un myst�re
�pouvantable pese sur ma vie enti�re, et je ne pourrai jamais te le
r�v�ler. Pour m'aimer, pour me suivre, pour me consoler, il faudrait
�tre plus qu'une femme, plus qu'un ange peut-�tre!...

--Pour t'aimer! pour te suivre! lui dis-je. Dans quelques jours ne
serai-je pas ta femme? Tu n'auras qu'un mot � dire; et quelle que soit
ma douleur et celle de mes parents, je te suivrai au bout du monde, si
tu le veux.

--Est-ce vrai, � ma Juliette? s'�cria-t-il avec un transport de joie; tu
me suivras? tu quitteras tout pour moi?... Eh bien! si tu m'aimes � ce
point, je suis sauv�! Partons, partons tout de suite...

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Sat 20th Dec 2025, 2:40