Voyage dans l'Aurès by Dorothée Chellier


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Page 13

Les malades de Djemora seront vus au retour de Biskra, d'abord parce
qu'il ne me reste plus de m�dicaments et ensuite parce qu'ils n'ont pas
�t� pr�venus par l'administrateur qui, lui-m�me, ignore mon passage,
dans sa commune.

Je me borne � vacciner une douzaine d'enfants avec le vaccin que je
viens de recevoir de l'institut Pasteur d'Alger.

Djemora est une oasis entour�e de montagnes assez �loign�es et nues;
c'est une r�gion essentiellement fi�vreuse et peu agr�able.

Le lendemain, 20 mai, � huit heures et demie du matin, nous quittons
Djemora.

Le temps est sombre et la pluie menace; nous poursuivons n�anmoins
notre route. Le sentier que nous suivons est trac� dans une terre
de d�solation: pas de v�g�tation; de loin en loin un bouquet de
lauriers-roses dans le lit de la rivi�re qui est � sec sur sa plus
grande �tendue; parfois pourtant une large flaque d'eau semble sortir
de dessous terre; on me dit que la, rivi�re est souterraine et qu'elle
jaillit ainsi par endroits.

Apr�s une demi-heure d�marche, la pluie commen�a � tomber; nous avan�ons
toujours; il fait froid et le vent souffle avec une violence telle qu'il
est presque impossible de se couvrir avec les manteaux que le vent
arrache.

Une heure apr�s notre d�part nous �tions sous une pluie diluvienne; nos
b�tes avan�aient avec peine, et l'on ne voyait pas devant soi. Pas un
arbre, pas un gourbi, pas un repli de terrain sous lequel nous puissions
trouver un asile. Nous �tions tremp�s! La gaiet� qui n'avait cess� de
r�gner parmi nous avait fait place au m�contentement.

Des derniers mamelons nous apercevons enfin El-Outaya, et nous reprenons
courage; mais il se passera bien deux heures avant de l'atteindre.

A une heure de l'apr�s-midi, nous entrons au bordj, heureux de penser
que nous allons pouvoir nous s�cher et nous chauffer un peu.

Le soir du m�me jour, l'administrateur-adjoint qui m'accompagne et
qui est d�j� tr�s faible de sant�, tombe malade. Sous la pluie, il a
contract� une bronchite qu'il gardera quelques jours.

El-Outaya, qui veut dire la plaine, est situ� sur la ligne du chemin de
fer de Batna � Biskra. C'est une oasis avec de nombreux palmiers.

C'est l� que se trouve la montagne de sel que les touristes viennent
visiter.

Nous couchons au bordj et le lendemain, accompagn�e de mon interpr�te
chaou�a, je prends le train qui me m�nera � Biskra. Aussit�t arriv�e,
je me rends chez l'Agha Ben Gana qui, tr�s aimable, nous invite pour le
lendemain soir � d�ner.

Le 28, je donne une consultation aux femmes de l'Agha et de ses deux
fr�res Mohamed, le ca�d de Tuggurt et Hamida, et le soir, en compagnie
de Mlle Ta�eb, mon interpr�te, et de l'administrateur-adjoint qui est
venu me rejoindre, je re�ois de Ben Gana la plus gracieuse hospitalit�.
Il pousse l'amabilit� jusqu'� mettre une voiture � notre disposition
pour visiter le lendemain, les environs de la ville.

La fa�on g�n�reuse et somptueuse dont on est re�u dans la maison de
l'Agha est d'ailleurs proverbiale dans la r�gion.

�t� fournis par des officiers qui en avaient vues � Tuggurt. J'ai appris
l� que l'ann�e derni�re une �tudiante �trang�re � nos facult�s �tait
venue � Biskra et s'�tait fort int�ress�e au sort des femmes indig�nes,
comme j'apprendrai � mon retour � Constantine qu'un couple anglais
soigne les femmes et les petits enfants arabes et qu'il est tr�s aim�
dans la ville.

Le 31 au matin nous nous disposons � partir, mais mon interpr�te, peu
habitu�e � voyager, n'est pas au rendez-vous indiqu� et nous fait
manquer le train. C'est donc le premier juin seulement que nous
retournons � El-Outaya, munis de quelques nouveaux m�dicaments.

Je vois une trentaine de consultants parmi lesquels j'en reconnais 18
malades, 10 femmes et enfants et 8 hommes. Deux femmes dans un �tat de
grossesse assez avanc�e sont atteintes de syphilis. Chez un enfant de
douze ans, j'observe une tumeur bossel�e de de la rate qui occupe le
c�t� gauche du ventre et descend jusque dans la fosse iliaque; une
perforation du voile du palais chez un enfant de dix ans; de la malaria,
des affections oculaires, etc., etc.

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 19th Dec 2025, 21:03