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Page 81
D'autre part, cette v�rit� terrible, que la douleur est un mode
par lequel l'homme peut se r�aliser, a exerc� sur le monde une
extraordinaire fascination.
Des parleurs superficiels, des penseurs superficiels, dans les
chaires et � la tribune, d�clament sur l'amour du monde pour le
plaisir, et geignent contre ce fait. Mais il est rare de trouver
dans l'histoire du monde qu'il se soit donn� pour id�al la joie et
la beaut�.
Le culte, qui a le plus domin� le monde, c'est celui de la
souffrance.
Le moyen-�ge avec ses saints et ses martyrs, son amour de la
souffrance cherch�e, sa furieuse passion de se faire des
blessures, de s'entailler avec des couteaux, de se d�chirer �
coups de verges, le moyen-�ge, c'est le vrai christianisme, et le
Christ m�di�val, c'est le Christ v�ritable.
Quand l'aube de la Renaissance parut sur le monde, et qu'elle lui
offrit les id�als nouveaux de la beaut� dans la vie, et de la joie
de vivre, les hommes cess�rent de comprendre le Christ.
L'art lui-m�me nous le montre.
Les peintres de la Renaissance nous repr�sentent le Christ comme
un enfant qui joue avec un autre enfant dans un palais ou un
jardin, ou se renversant dans les bras de sa m�re pour lui
sourire, pour sourire � une fleur, � un brillant oiseau, ou bien
encore comme une noble et imposante figure qui parcourt
majestueusement le monde, ou comme un personnage surnaturel, qui
dans une sorte de cage, surgit de la mort dans la vie.
M�me quand ils le peignent crucifi�, ils le repr�sentent comme un
dieu de beaut� auquel de m�chants hommes ont inflig� la
souffrance.
Mais il ne les absorbait pas beaucoup.
Ce qu'ils repr�sentaient avec plaisir, c'�taient les hommes et les
femmes qu'ils admiraient. Ils se plaisaient � montrer tout le
charme de ce globe enchanteur.
Ils firent beaucoup de tableaux religieux; et m�me ils en firent
beaucoup trop. La monotonie du type et du sujet est chose
fatigante; elle nuisit � l'art. Elle �tait imputable � l'autorit�
que le public exer�ait dans les choses d'art, et on doit la
d�plorer. Mais ils ne mettaient point leur �me dans le sujet.
Rapha�l fut un grand artiste quand il fit le portrait du pape.
Lorsqu'il peignait ses Madones et ses Christs enfants, il n'�tait
plus du tout un grand artiste.
Le Christ n'avait rien � dire � la Renaissance.
Elle �tait merveilleuse parce qu'elle apportait un id�al diff�rent
du sien.
Aussi devons-nous recourir � l'art m�di�val pour trouver la
repr�sentation du v�ritable Christ.
Il y figure comme un homme mutil�, ab�m� de coups, un homme sur
lequel les regards n'ont point de plaisir � se porter, parce que
la beaut� est une joie, un homme qui n'est point v�tu richement,
parce que c'est l� aussi une joie. C'est un mendiant qui a une �me
admirable. C'est un l�preux dont l'�me est divine. Il ne lui faut
ni propri�t� ni sant�. C'est un dieu qui atteint � la perfection
par la souffrance.
L'�volution de l'homme est lente. L'injustice des hommes est
grande. Il �tait n�cessaire que la douleur f�t mise au premier
rang comme mode de r�alisation de soi-m�me.
De nos jours encore, la mission du Christ est n�cessaire.
Personne, dans la Russie Moderne, n'e�t pu r�aliser sa perfection
autrement que par la souffrance. Un petit nombre d'artistes russes
se sont individualis�s dans l'Art, dans une fiction qui est
m�di�vale par le caract�re, parce que la note qui y domine, est le
d�veloppement des hommes gr�ce � la souffrance. Mais pour ceux qui
ne sont pas des artistes et pour lesquels il n'y a pas d'autre
genre de vie que celui de la r�alit�, la douleur est la seule
porte qui s'ouvre vers la perfection.
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