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Page 69
_Or, l'Art ne doit jamais chercher � �tre populaire. C'est au
public lui-m�me � t�cher de se rendre artistique._
C'est l� une diff�rence tr�s profonde.
Dites � un homme de science que les r�sultats de ses exp�riences,
les conclusions auxquelles il est arriv� doivent �tre de nature �
ne point bouleverser les notions que poss�de le public sur le
sujet, de nature � ne point d�ranger les pr�jug�s populaires, ne
point froisser la sensibilit� de gens qui n'entendent rien � la
science, - dites � un philosophe qu'il a le droit absolu de porter
ses sp�culations dans les plus hautes sph�res de la pens�e, mais
qu'il doit arriver aux m�mes conclusions qu'admettent ceux qui
n'ont jamais promen� leur pens�e dans aucune sph�re, - certes
l'homme de sciences et le savant modernes seraient
consid�rablement amus�s.
Et cependant, il n'y a r�ellement que bien peu d'ann�es,
philosophie et science �taient �galement sujettes � subir le
brutal contr�le du public, � subir en fait l'autorit�, l'autorit�
fond�e soit sur l'ignorance g�n�rale qui r�gnait dans la soci�t�,
soit sur la terreur et l'avidit� de pouvoir de la classe
eccl�siastique ou gouvernementale.
Certes, nous avons repouss� avec un assez grand succ�s toute
tentative faite par la soci�t�, par l'�glise ou par le
gouvernement pour p�n�trer dans le domaine de l'individualisme qui
poursuit la pens�e abstraite, mais il reste encore quelques traces
de cette tendance � envahir l'individualisme dans l'art de
l'imagination.
M�me, il en reste plus que des traces; elle est agressive,
offensive, abrutissante.
_En Angleterre, les arts qui ont le mieux r�ussi � s'y
soustraire, ce sont les arts auxquels le public ne prend aucun
int�r�t._
La po�sie est un exemple qui me permettra de me faire comprendre.
Si nous avons �t� en mesure d'avoir en Angleterre de belle po�sie,
c'est parce que le public n'en lit point, et par cons�quent, ne
saurait exercer d'influence sur elle.
Le public se pla�t � insulter les po�tes parce qu'ils sont
individuels, mais quand il les a insult�s, il les laisse
tranquilles.
Quand il s'agit du roman ou du drame, genres auxquels le public
s'int�resse, les effets que produit la dictature populaire ont �t�
absolument ridicules. Il n'est pas de pays qui produise des
oeuvres de fiction aussi m�chamment �crites, aussi ennuyeuses,
aussi banales, des pi�ces de th��tre aussi sottes, aussi vulgaires
que l'Angleterre.
Et cela est in�vitable.
L'id�al populaire est d'une nature telle que nul artiste ne peut y
atteindre.
Il est � la fois tr�s ais� et tr�s malais� d'�tre un romancier
populaire.
C'est chose trop ais�e, parce que les exigences du public, au
point de vue de l'intrigue, du style, de la psychologie, de la
fa�on de d�crire la vie, de l'ex�cution litt�raire, sont � la
port�e des facult�s les plus simples, de l'esprit le plus d�pourvu
de culture.
C'est chose trop malais�e, parce que l'artiste qui voudrait ob�ir
� ces exigences, devrait faite violence � son temp�rament, se
verrait oblig� d'�crire non plus pour la joie artistique d'�crire,
mais pour l'amusement de gens � demi �duqu�s. Il lui faudrait donc
renoncer � son individualisme, oublier sa culture, annihiler son
style, abandonner tout ce qui, en lui, a quelque valeur.
� l'�gard du drame, la situation est un peu meilleure.
Les amateurs de th��tre veulent bien qu'on leur montre des choses
�videntes; mais ils ne veulent pas de choses ennuyeuses.
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