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Page 66
Lorsqu'on en use violemment, brutalement, cruellement, cela
produit un bon effet, en cr�ant, et toujours en faisant �clater
l'esprit de r�volte�, d'individualisme qui la tuera.
Lorsqu'on la manie avec une certaine douceur, qu'on y ajoute
l'emploi de primes et de r�compenses, elle est terriblement
d�moralisante. Dans ce cas, les gens s'aper�oivent moins de
l'horrible pression qu'on exerce sur eux, et ils vont jusqu'au
bout de leur vie dans une sorte de bien-�tre grossier, pareils �
des animaux qu'on choie; jamais ils ne se rendent compte qu'ils
pensent probablement la pens�e d'autrui, qu'ils vivent selon
l'id�al con�u par d'autres, qu'en d�finitive, ils portent ce qu'on
peut appeler des v�tements d'occasion, que jamais, pas une minute,
ils ne sont eux-m�mes.
�Quiconque veut �tre libre, dit un fin penseur, doit se soustraire
� l'uniformit�.� Et l'autorit�, en encourageant par des app�ts le
peuple � l'uniformit�, produit parmi nous un clan de grossiers
barbares abondamment gav�s.
Avec l'autorit�, dispara�tront les ch�timents.
On aura alors gagn� beaucoup; on aura fait en r�alit�, un gain
inestimable.
Quand on lit l'histoire, non pas celle des �ditions �mond�es qui
s'�crivent pour les �coliers et les cancres d'Universit�, mais les
documents originaux de chaque �poque, on est absolument �coeur�,
non point par les crimes commis par les gredins, mais par les
ch�timents qu'ont inflig�s les honn�tes gens.
_Un peuple est infiniment plus abruti par l'emploi habituel des
punitions que par les crimes qui s'y commettent de temps �
autre._
La cons�quence qui saute aux yeux, c'est que plus il s'inflige de
ch�timents, plus il se commet de crimes.
La plupart des l�gislateurs modernes l'ont tr�s bien remarqu�, et
se sont impos� la t�che de r�duire les peines dans la mesure
qu'ils croient possible. Et partout o� cette r�duction a �t�
r�elle, elle a toujours produit d'excellents r�sultats.
Moins il y a de peines, moins il y a de crimes.
Quand on aura totalement supprim� les ch�timents, ou bien il n'y
aura plus de crimes, ou bien s'il s'en produit, leurs auteurs
seront soign�s par les m�decins pour une forme de folie tr�s
f�cheuse, qui doit �tre trait�e par l'attention et la bont�.
En effet, ceux que de nos jours on qualifie de criminels ne le
sont aucunement.
Ce qui engendre le crime moderne, c'est la mis�re et non la
m�chancet�.
On a, il est vrai, le droit de regarder nos criminels, en tant que
classe, comme des gens absolument d�pourvus de tout ce qui
pourrait int�resser un psychologue. Ce ne sont point des
merveilleux Macbeth, des Vautrin bien terribles. Ils sont tout
bonnement ce que seraient des hommes ordinaires, respectables,
terre � terre, s'ils n'avaient pas de quoi manger.
La propri�t� priv�e �tant abolie, il ne sera plus n�cessaire de
commettre des crimes. Le besoin ne s'en fera plus sentir; il ne
s'en commettra plus.
Il est vrai, sans doute, que tous les crimes ne sont pas commis
contre la propri�t�, bien que la loi anglaise, attachant plus
d'importance � ce qu'un homme poss�de qu'� ce qu'il est, r�serve
ses ch�timents les plus s�v�res, les plus horribles � ce genre de
crimes, l'assassinat mis � part, et bien qu'elle regarde la mort
comme pire que la servitude p�nale, sur quoi, je crois, les
opinions de nos criminels sont partag�es. Mais il peut arriver
qu'un crime, sans �tre commis contre la propri�t�, ait pour cause
la mis�re, la rage, l'abattement produit par les d�fauts de notre
syst�me de propri�t�; d�s lors il ne s'en commettra plus, apr�s
l'abolition de ce syst�me.
Lorsque chaque membre de la Soci�t� a tout ce qui est n�cessaire �
ses besoins, et que son prochain le laisse tranquille, il n'a lui-
m�me aucun motif de se m�ler des affaires d'autrui.
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