|
Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 48
Et, ces jours-l�, Hughie avait l'air tr�s bougon, et il lui
fallait, pour se consoler, la soci�t� de Laura.
Un matin, comme il se rendait � Holland Park o� habitaient les
Merton, il lui prit fantaisie d'aller voir en passant son grand
ami, Alan Trevor.
Trevor �tait peintre. Actuellement peu de gens �chappent � cette
contagion, mais il �tait en outre, un artiste, et les artistes
sont assez rares.
� en juger par son ext�rieur, Alan �tait un singulier personnage,
sauvage, avec une figure toute pointill�e de taches de rousseur,
et une barbe rouge et hirsute. Mais, d�s qu'il avait un pinceau �
la main, on se trouvait en pr�sence d'un ma�tre et ses tableaux
�taient recherch�s avec empressement.
Il avait �prouv� tout d'abord � l'�gard de Hughie une vive
attraction, due, il faut le dire, au charme personnel de celui-ci
uniquement.
- Les seules gens qu'un peintre devrait conna�tre, r�p�tait-il, ce
sont des �tres beaux et b�tes, des gens dont la vue vous donne un
plaisir artistique et dont la conversation est pour vous un repos
intellectuel. Les hommes qui sont des dandys et les femmes qui
sont des coquettes, voil� les �tres qui gouvernent le monde, ou
qui du moins devraient le gouverner.
Mais quand il en fut � mieux conna�tre Hughie, il finit par
l'aimer tout autant � cause de son entrain, de sa bonne humeur, de
sa nature �tourdiment g�n�reuse, et lui donna le droit d'entrer �
toute heure dans son atelier.
Hughie, quand il entra, trouva Trevor en train de donner les
derniers coups de pinceau � une magistrale peinture qui
repr�sentait, en grandeur naturelle, un mendiant.
Le mendiant en personne posait sur une plate-forme plac�e dans un
angle de l'atelier.
C'�tait un vieux homme tout ratatin�, dont la figure avait l'air
d'�tre en parchemin froiss�, avec une expression pitoyable.
Sur ses �paules �tait jet� un manteau de grossier drap brun, fait
de loques et de trous; ses grosses bottes �taient rapi�c�es,
ressemel�es. Il avait une main appuy�e sur un gros b�ton et de
l'autre il tendait un reste de chapeau pour demander l'aum�ne.
- Quel superbe mod�le! fit Hughie � voix basse, en serrant la main
� son ami.
- Un superbe mod�le! s'�cria Trevor � pleine voix, je le crois
bien. Des mendiants comme, �a, on n'en rencontre pas tous les
jours! Une trouvaille, mon cher, un V�lasquez en chair et en os!
Par le ciel! quelle gravure Rembrandt aurait fait avec �a!
- Pauvre vieux! dit Hughie. Comme il a l'air malheureux! Mais je
suppose que pour vous, les peintres, sa figure est en rapport avec
sa fortune.
- Certainement, dit Trevor, vous ne voudriez pas qu'un mendiant
ait l'air heureux.
- Combien gagne un mod�le par s�ance? demanda Hughie, apr�s s'�tre
confortablement install� sur un divan.
- Un shilling par heure.
- Et vous, Alan, combien vous rapporte votre tableau?
- Oh! celui-l�, on me le prend pour deux mille.
-Livres?
- Guin�es. Les peintres, les po�tes, les m�decins comptent
toujours par guin�es.
- Eh! bien! je suis d'avis que le mod�le devrait avoir un tant
pour cent, s'�cria Hughie en riant, car il fait autant de besogne
que vous.
Previous Page
| Next Page
|
|