Le portrait de monsieur W.H. by Oscar Wilde


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Page 30

Enfin il arriva � l'angle du passage qui conduisait � la chambre
de l'infortun� Washington.

Il y fit une courte pause.

Le vent agitait autour de sa t�te ses longues m�ches grises,
contournait en plis grotesques et fantastiques l'horreur indicible
du suaire de cadavre.

Alors la pendule sonna le quart.

Il comprit que le moment �tait venu.

Il s'adressa un ricanement, et tourna l'angle. Mais � peine avait-
il fait ce pas, qu'il recula en poussant un pitoyable g�missement
de terreur en cachant sa face bl�me dans ses longues mains
osseuses.

Juste en face de lui se tenait un horrible spectre, immobile comme
une statue, monstrueux comme le r�ve d'un fou.

La t�te du spectre �tait chauve et luisante, la face ronde,
potel�e, et blanche; un rire hideux semblait en avoir tordu les
traits en une grimace �ternelle; par les yeux sortait � flots une
lumi�re rouge �carlate. La bouche avait l'air d'un vaste puits de
feu, et un v�tement hideux comme celui de Simon lui-m�me, drapait
de sa neige silencieuse la forme titanique.

Sur la poitrine �tait fix� un placard portant une inscription en
caract�res �tranges, antiques.

C'�tait peut-�tre un �criteau d'infamie, o� �taient inscrits des
forfaits affreux, une terrible liste de crimes.

Enfin, dans sa main droite, il tenait un cimeterre d'acier
�tincelant.

Comme il n'avait jamais vu de fant�mes jusqu'� ce jour, il �prouva
naturellement une terrible frayeur, et apr�s avoir vite jet� un
second regard sur l'affreux fant�me, il regagna sa chambre �
grands pas, en tr�buchant dans le linceul dont il �tait envelopp�.

Il parcourut le corridor en courant, et finit par laisser tomber
le poignard rouill� dans les bottes � l'�cuy�re du ministre, o� le
lendemain, le ma�tre d'h�tel le retrouva.

Une fois rentr� dans l'asile de son retrait, il se laissa tomber
sur un petit lit de sangle, et se cacha la figure sous les draps.
Mais, au bout d'un moment, le courage indomptable des Canterville
d'autrefois se r�veilla en lui, et il prit la r�solution d'aller
parler � l'autre fant�me, d�s qu'il ferait jour.

En cons�quence, d�s que l'aube eut argent� de son contact les
collines, il retourna � l'endroit o� il avait aper�u pour la
premi�re fois le hideux fant�me.

Il se disait qu'apr�s tout deux fant�mes valaient mieux qu'un
seul, et qu'avec l'aide de son nouvel ami, il pourrait se colleter
victorieusement avec les jumeaux. Mais quand il fut � l'endroit,
il se trouva en pr�sence d'un terrible spectacle.

Il �tait �videmment arriv� quelque chose au spectre, car la
lumi�re avait compl�tement disparu de ses orbites.

Le cimeterre �tincelant �tait tomb� de sa main, et il se tenait
adoss� au mur dans une attitude contrainte et incommode.

Simon s'�lan�a en avant, et le saisit dans ses bras, mais quelle
fut son horreur, en voyant la t�te se d�tacher, et rouler sur le
sol, le corps prendre la posture couch�e, et il s'aper�ut qu'il
�treignait un rideau de grosse toile blanche, et qu'un balai, un
couperet de cuisine, et un navet �vid� gisaient � ses pieds.

Ne comprenant rien � cette curieuse transformation, il saisit
d'une main fi�vreuse l'�criteau, et y lut, gr�ce � la lueur grise
du matin, ces mots terribles:

Voici le Fant�me Otis
Le seul v�ritable et authentique Esprit
Se d�fier des imitations
Tous les autres sont des contrefa�ons

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 0:00