Le portrait de monsieur W.H. by Oscar Wilde


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Page 22

I

Lorsque M. Hiram B. Otis, le ministre d'Am�rique, fit
l'acquisition de Canterville-Chase, tout le monde lui dit qu'il
faisait l� une tr�s grande sottise, car on ne doutait aucunement
que l'endroit ne f�t hant�.

D'ailleurs, lord Canterville lui-m�me, en homme de l'honn�tet� la
plus scrupuleuse, s'�tait fait un devoir de faire conna�tre la
chose � M. Otis, quand ils en vinrent � discuter les conditions.

- Nous-m�mes, dit lord Canterville, nous n'avons point tenu �
habiter cet endroit depuis l'�poque o� ma grand'tante, la duchesse
douairi�re de Bolton, a �t� prise d'une d�faillance caus�e par
l'�pouvante qu'elle �prouva, et dont elle ne s'est jamais remise
tout � fait, en sentant deux mains de squelette se poser sur ses
�paules, pendant qu'elle s'habillait pour le d�ner.

Je me crois oblig� � vous dire, M. Otis, que le fant�me a �t� vu
par plusieurs membres de ma famille qui vivent encore, ainsi que
par le recteur de la paroisse, le r�v�rend Auguste Dampier, qui
est un agr�g� du King's-Coll�ge, d'Oxford.

Apr�s le tragique accident survenu � la duchesse, aucune de nos
jeunes domestiques n'a consenti � rester chez nous, et bien
souvent lady Canterville a �t� priv�e de sommeil par suite des
bruits myst�rieux qui venaient du corridor et de la biblioth�que.

- Mylord, r�pondit le ministre, je prendrai l'ameublement et le
fant�me sur inventaire. J'arrive d'un pays moderne, o� nous
pouvons avoir tout ce que l'argent est capable de procurer, et
avec nos jeunes et d�lur�s gaillards qui font les cent coups dans
le vieux monde, qui enl�vent vos meilleurs acteurs, vos meilleures
prima-donnas, je suis s�r que s'il y avait encore un vrai fant�me
en Europe, nous aurions bient�t fait de nous l'offrir pour le
mettre dans un de nos mus�es publics, ou pour le promener sur les
grandes routes comme un ph�nom�ne.

- Le fant�me existe, je le crains, dit lord Canterville, en
souriant, bien qu'il ait tenu bon contre les offres de vos
entreprenants impresarios. Voil� plus de trois si�cles qu'il est
connu. Il date, au juste, de 1574, et ne manque jamais de se
montrer quand il va se produire un d�c�s dans la famille.

- Bah! le docteur de la famille n'agit pas autrement, lord
Canterville. Mais, monsieur, un fant�me, �a ne peut exister, et je
ne suppose pas que les lois de la nature comportent des exceptions
en faveur de l'aristocratie anglaise.

- Certainement, vous �tes tr�s nature en Am�rique, dit lord
Canterville, qui ne comprenait pas tr�s bien la derni�re remarque
de M. Otis. Mais s'il vous pla�t d'avoir un fant�me dans la
maison, tout est pour le mieux. Rappelez-vous seulement que je
vous ai pr�venu.

Quelques semaines plus tard, l'achat fut conclu, et vers la fin de
la saison, le ministre et sa famille se rendirent � Canterville.

Mrs Otis, qui, sous le nom de miss Lucretia R. Tappan, de la West
52e rue, avait �t� une illustre _belle_ de New-York, �tait encore
une tr�s belle femme, d'�ge moyen, avec de beaux yeux et un profil
superbe.

Bien des dames am�ricaines, quand elles quittent leur pays natal,
se donnent des airs de personnes atteintes d'une maladie
chronique, et se figurent que c'est l� une des formes de la
distinction en Europe, mais Mrs Otis n'�tait jamais tomb�e dans
cette erreur.

Elle avait une constitution magnifique, et une abondance
extraordinaire de vitalit�.

� vrai dire, elle �tait tout � fait anglaise, � bien des points de
vue, et on e�t pu la citer � bon droit pour soutenir la th�se que
nous avons tous en commun avec l'Am�rique, en notre temps, except�
la langue, cela s'entend.

Son fils a�n�, baptis� Washington par ses parents dans un moment
de patriotisme qu'il ne cessait de d�plorer, �tait un jeune homme
blond, assez bien tourn�, qui s'�tait pos� en candidat pour la
diplomatie en conduisant le cotillon au Casino de Newport pendant
trois saisons de suite, et m�me � Londres, il passait pour un
danseur hors ligne.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 8:54