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Page 2
Il y avait quelque chose dans le ton de sa voix, une l�g�re
sensation d'amertume peut-�tre, qui excita ma curiosit�.
- Avez-vous jamais connu quelqu'un qui avait fait cela? lui
demandai-je brusquement.
- Oui, r�pondit-il, en jetant au feu sa cigarette, un de mes
grands amis, Cyril Graham. C'�tait un gar�on tout � fait
fascinant, un vrai fou sans la moindre �nergie. C'est pourtant lui
qui m'a laiss� le seul legs que j'ai re�u de ma vie.
- Et qu'�tait-ce? m'�criai-je.
Erskine se leva de sa chaise et allant � une petite vitrine en
marqueterie qui �tait plac�e entre les deux fen�tres, il l'ouvrit
et revint � l'endroit o� j'�tais assis en tenant dans sa main un
petit panneau de peinture encadr� d'un vieux cadre un peu terne de
l'�poque d'Elisabeth.
C'�tait un portrait en pied d'un jeune homme habill� d'un costume
de la fin du XVIe si�cle, assis � une table, sa main droite
reposant sur un livre ouvert.
Il paraissait �g� de dix-sept ans et �tait d'une beaut� tout �
fait extraordinaire, quoique �videmment un peu eff�min�e.
Certes, si ce n'e�t �t� le costume et les cheveux coup�s tr�s
courts, on aurait dit que le visage, avec ses yeux pensifs et
r�veurs et ses fines l�vres �carlates, �tait un visage de femme.
Par la mani�re, surtout par la fa�on dont les mains �taient
trait�es, le tableau rappelait les derni�res oeuvres de Fran�ois
Clouet. Le pourpoint de velours noir, avec ses broderies d'or
capricieuses, et le fond bleu de paon, sur lequel il se d�tachait
si agr�ablement, et qui donnait � ses tons une valeur si
lumineuse, �taient tout � fait dans le style de Clouet.
Les deux masques de la Com�die et de la Trag�die, suspendus, d'une
fa�on quelque peu appr�t�e, au pi�destal de marbre, avaient cette
duret� de touche, cette s�v�rit� si diff�rente de la gr�ce facile
des Italiens que, m�me � la Cour de France, le grand ma�tre
flamand ne perdit jamais compl�tement et qui chez lui ont toujours
�t� une caract�ristique du temp�rament des hommes du Nord.
- C'est une charmante chose, m'�criai-je, mais quel est ce
merveilleux jeune homme dont l'art nous a si heureusement conserv�
la beaut�?
- C'est le portrait de monsieur W. H., dit Erskine avec un triste
sourire.
Ce peut �tre un effet de lumi�re d� au hasard, mais il me sembla
que des larmes brillaient dans ses yeux.
- Monsieur W. H.! m'�criai-je. Qui donc est monsieur W. H.?
- Ne vous souvenez-vous pas? r�pondit-il. Regardez le livre sur
lequel reposent ses mains.
- Je vois qu'il y a l� quelque chose d'�crit, mais je ne puis le
lire, r�pliquai-je.
- Prenez cette loupe grossissante et essayez, dit Erskine sur les
l�vres de qui se jouait toujours le m�me sourire de tristesse.
Je pris la loupe et approchant la lampe un peu plus pr�s, je
commen�ai � �peler l'�pre �criture du seizi�me si�cle:
_� l'unique acqu�reur des sonnets ci-apr�s._
- Dieu du ciel m'�criai-je. C'est le monsieur W. H., de
Shakespeare.
- Cyril Graham pr�tendait qu'il en �tait ainsi, murmura Erskine.
- Mais il n'a pas la moindre ressemblance avec lord Pembroke,
r�pondis-je. Je connais tr�s bien les portraits de Penhurst[5].
J'ai demeur� tout pr�s de l� il y a quelques semaines.
- Alors vous croyez vraiment que les sonnets sont adress�s � lord
Pembroke[6]? demanda-t-il.
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