|
Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 18
Si cela �tait ainsi, - et rien ne prouvait certes qu'il en f�t
autrement, - il n'�tait pas improbable que Willie Hughes f�t un
des com�diens anglais _(mimae quidam ex Britannia, _comme les
appelle la vieille chronique) qui furent �gorg�s � Nuremberg dans
un soul�vement soudain de la populace et ensevelis en secret dans
une petite vigne, hors de la ville, par quelques jeunes gens �qui
s'�taient plu � leurs repr�sentations et dont quelques-uns avaient
r�v� d'�tre instruits dans les myst�res de l'art nouveau.� Certes,
il ne pouvait y avoir de place plus appropri�e pour celui � qui
Shakespeare avait dit:
�_Tu es tout mon art,�_
que cette petite vigne au del� des murs de la cit�. Car n'�tait-ce
pas des douleurs de Dionysos que la trag�die �tait n�e? N'avait-on
pas pour la premi�re fois entendu s'�panouir sur les l�vres des
vignerons de Sicile le rire clair de la com�die, avec sa ga�t�
insoucieuse et ses vives reparties. Et qui plus est, la tache
pourprine et rouge du vin �cumant sur le visage et aux mains
n'avait-elle pas donn� la premi�re suggestion du charme et de la
fascination du d�guisement, le d�sir de d�pouiller sa
personnalit�, le sens de la valeur de l'objectivit� se montrant
ainsi dans les rudes d�buts de l'art.
� tout prendre, o� qu'il fut enseveli, que ce fut dans la petite
vigne aux portes de la ville gothique, ou dans quelque triste
cimeti�re d'�glise de Londres parmi le tumulte et le brouhaha de
notre grande ville, nul monument pompeux ne marquait la place o�
il reposait.
Sa vraie tombe, comme l'avait dit Shakespeare, �tait le vers du
po�te, son vrai monument la p�rennit� du drame.
Ainsi il en a �t� pour d'autres, dont la beaut� a donn� une
nouvelle impulsion motrice � leur �poque.
Le corps ivoirin de l'esclave de Bithynie pourrit dans la vase
verte du Nil et la poussi�re du jeune Ath�nien jonche les jaunes
collines du C�ramique, mais Antino�s vit dans la sculpture et
Charmid�s dans la philosophie.
III
Trois semaines s'�taient �coul�es.
Je r�solus d'adresser � Erskine un ardent appel, l'invitant �
rendre justice � la m�moire de Cyril Graham et � donner au monde
sa merveilleuse interpr�tation des _Sonnets, _la seule
interpr�tation qui fournit une explication du probl�me.
Je n'ai aucune copie de ma lettre, je regrette de le dire, et je
n'ai pas pu mettre la main sur l'original, mais je me souviens que
je parcourus tout le terrain et que je couvris des feuillets de
papier de la r�p�tition passionn�e d'arguments et de preuves que
l'�tude m'avait sugg�r�s.
Il me sembla que je ne restituais pas seulement � Cyril Graham la
place qui lui �tait due dans l'histoire litt�raire, mais que je
rachetais l'honneur de Shakespeare lui-m�me de l'odieux souvenir
d'une critique banale.
Je mis dans la lettre tout mon enthousiasme; je mis dans la lettre
toute ma foi, mais je ne l'avais pas plus t�t exp�di�e qu'il se
produisit en moi une curieuse r�action.
Il me sembla que j'avais fait abdication de mes facult�s en
croyant � l'hypoth�se Willie Hughes, que quelque chose s'�tait
�teint en moi, - ce qui �tait exact, - et que j'�tais maintenant
parfaitement indiff�rent � toute la question.
Qu'�tait-il donc advenu?
C'est difficile � dire.
Peut-�tre avais-je �puis� mon ardeur m�me en en cherchant
l'expression parfaite? Les forces �motionnelles, de m�me que les
forces de la vie physique, ont leurs limites expresses.
Peut-�tre le simple effort de convertir quelqu'un � une th�orie
compliqu�e, implique-t-il quelque forme de renonciation � la
facult� de croire?
Previous Page
| Next Page
|
|