Promenades et intérieurs by Francois Coppee


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Page 9


La cueillette des cerises

Espi�gle! j'ai bien vu tout ce que vous faisiez,
Ce matin, dans le champ plant� de cerisiers
O� seule vous �tiez, nu-t�te, en robe blanche.
Cach� par le taillis, j'observais. Une branche,
Lourde sous les fruits m�rs, vous barrait le chemin
Et se trouvait � la hauteur de votre main.
Or, vous avez cueilli des cerises vermeilles,
Coquette! et les avez mises � vos oreilles,
Tandis qu'un vent l�ger dans vos boucles jouait.
Alors, vous asseyant pour cueillir un bleuet
Dans l'herbe, et puis un autre, et puis un autre encore,
Vous les avez piqu�s dans vos cheveux d'aurore;
Et, les bras recourb�s sur votre front fleuri,
Assise dans le vert gazon, vous avez ri;
Et vos joyeuses dents jetaient une �tincelle.
Mais pendant ce temps-l�, ma belle demoiselle,
Un seul t�moin, qui vous gardera le secret,
Tout heureux de vous voir heureuse, comparait,
Sur votre frais visage anim� par les brises,
Vos regards aux bleuets, vos l�vres aux cerises.


Le r�ve du po�te

Ce serait sur les bords de la Seine. Je vois
Notre chalet, voil� par un bouquet de bois.
Un hamac au jardin, un bateau sur le fleuve.
Pas d'autre compagnon qu'un chien de Terre-Neuve
Qu'elle aimerait et dont je serais bien jaloux.
Des fa�ences � fleurs pendraient apr�s des clous;
Puis beaucoup de chapeaux de paille et des ombrelles.
Sous leurs papiers chinois les murs seraient si fr�les
Que m�me, en travaillant, � travers la cloison
Je l'entendrais toujours errer par la maison
Et tra�ner dans l'�troit escalier sa pantoufle.
Les miroirs de ma chambre auraient senti son souffle
Et souvent r�fl�chi son visage, charm�s.
Elle aurait effleur� tout de ses doigts aim�s.
Et ces bruits, ces reflets, ces parfums, venant d'elle,
Ne me permettraient pas d'�tre une heure infid�le.
Enfin, quand, poursuivant un vers capricieux,
Je serais l�, pensif et la main sur les yeux,
Elle viendrait, sachant pourtant que c'est un crime,
Pour lire mon po�me et me souffler ma rime,
Derri�re moi, sans bruit, sur la pointe des pieds.
Moi, qui ne veux pas voir mes secrets �pi�s,
Je me retournerais avec un air farouche;
Mais son gentil baiser me fermerait la bouche.
-- Et dans les bois voisins, inond�s de rayons,
Pr�c�d�s du gros chien, nous nous prom�nerions,
Moi, v�tu de coutil, elle, en toilette blanche,
Et j'envelopperais sa taille, et sous sa manche
Ma main caresserait la rondeur de son bras.
On ferait des bouquets, et, quand nous serions las
On rejoindrait, toujours suivis du chien qui jappe,
La table mise, avec des roses sur la nappe,
Pr�s du bosquet cribl� par le soleil couchant;
Et, tout en s'envoyant des baisers en mangeant,
Tout en s'interrompant pour se dire: Je t'aime!
On assaisonnerait des fraises � la cr�me,
Et l'on bavarderait comme des �tourdis
Jusqu'� ce que la nuit descende...
-- � Paradis!


La m�moire

Souvent, lorsque la main sur les yeux, je m�dite,
Elle m'appara�t, svelte et la t�te petite,
Avec ses blonds cheveux coup�s courts sur le front.
Trouverai-je jamais des mots qui la peindront,
La ch�re vision que malgr� moi j'ai fuie?
Qu'est aupr�s de son teint la rose apr�s la pluie?
Peut-on comparer m�me au chant du bengali
Son exotique accent, si clair et si joli?
Est-il une grenade entr'ouverte qui rende
L'incarnat de sa bouche adorablement grande?
Oui, les astres sont purs, mais aucun dans les cieux,
Aucun n'est �clatant et pur comme ses yeux;
Et l'antilope errant sous le taillis humide
N'a pas ce long regard lumineux et timide.
Ah! devant tant de gr�ce et de charme innocent,
Le po�te qui veut d�crire est impuissant;
Mais l'amant peut du moins s'�crier: �Sois b�nie,
� facult� sublime � l'�gal du g�nie,
M�moire, qui me rends son sourire et sa voix,
Et qui fais qu'exil� loin d'elle, je la vois!�

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 10th Jan 2025, 6:57