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Page 10
R�ponse
�Mais je l'ai vu si peu!� disiez-vous l'autre jour. --
Et moi, vous ai-je vue en effet davantage?
En un moment mon coeur s'est donn� sans partage.
Ne pouvez-vous ainsi m'aimer � votre tour?
Pour monter d'un coup d'aile au sommet de la tour,
Pour emplir de clart�s l'horizon noir d'orage,
Et pour nous enchanter de son puissant mirage,
Quel temps faut-il � l'aigle, � l'�clair, � l'amour?
Je vous ai vue � peine, et vous m'�tes ravie!
Mais � vous m�riter je consacre ma vie
Et du sombre avenir j'accepte le d�fi.
Pour s'aimer faut-il donc tellement se conna�tre,
Puisque, pour allumer le feu qui me p�n�tre,
Ch�re �me, un seul regard de vos yeux a suffi?
� un ange gardien
Mon r�ve, par l'amour redevenu chr�tien,
T'�voque � ses c�t�s, � doux ange gardien,
Divin et pur esprit, compagnon invisible
Qui veilles sur cette �me innocente et paisible!
N'est-ce pas, beau soldat des phalanges de Dieu,
Qui, pour la prot�ger, fais toujours, en tout lieu,
Sur l'adorable enfant planer ton ombre ail�e,
Que ta chaste personne est moins immacul�e,
Que ton regard, reflet des immenses azurs,
Et que le feu qui brille � ton front, sont moins purs,
Dans leur sublime essence au paradis conquise,
Que le coeur virginal de cette enfant exquise?
� toi qui de la voir as toujours la douceur,
Bel ange, n'est-ce pas qu'elle est comme ta soeur?
� c�leste t�moin qui sais que sa pens�e
Par une humble pri�re au matin commenc�e
Dans ses r�ves du soir est plus na�ve encor,
N'est-ce pas qu'en voyant s'abaisser ses cils d'or
Sur ses yeux ing�nus comme ceux des gazelles,
Tu t'�tonnes parfois qu'elle n'ait pas des ailes?
Romance
Quand vous me montrez une rose
Qui s'�panouit sous l'azur,
Pourquoi suis-je alors plus morose?
Quand vous me montrez une rose,
C'est que je pense � son front pur.
Quand vous me montrez une �toile,
Pourquoi les pleurs, comme un brouillard,
Sur mes yeux jettent-ils leur voile?
Quand vous me montrez une �toile,
C'est que je pense � son regard.
Quand vous me montrez l'hirondelle
Qui part jusqu'au prochain avril,
Pourquoi mon �me se meurt-elle
Quand vous me montrez l'hirondelle,
C'est que je pense � mon exil.
Lettre
Non, ce n'est pas en vous �un id�al� que j'aime,
C'est vous tout simplement, mon enfant, c'est vous-m�me.
Telle Dieu vous a faite, et telle je vous veux.
Et rien ne m'�blouit, ni l'or de vos cheveux,
Ni le feu sombre et doux de vos larges prunelles,
Bien que ma passion ait pris sa source en elles.
Comme moi, vous devez avoir plus d'un d�faut;
Pourtant c'est vous que j'aime et c'est vous qu'il me faut.
Je ne poursuis pas l� de chim�re impossible;
Non, non! Mais seulement, si vous �tes sensible
Au sentiment profond, pur, fid�le et sacr�,
Que j'ai con�u pour vous et que je garderai,
Et si nous triomphons de ce qui nous s�pare,
Le r�ve, ch�re enfant, o� mon esprit s'�gare,
C'est d'avoir � toujours ch�rir et prot�ger
Vous comme vous voil�, vous sans y rien changer.
Je vous sais le coeur bon, vous n'�tes point coquette;
Mais je ne voudrais pas que vous fussiez parfaite,
Et le chagrin qu'un jour vous me pourrez donner,
J'y tiens pour la douceur de vous le pardonner.
Je veux joindre, si j'ai le bonheur que j'esp�re,
� l'ardeur de l'amant l'indulgence du p�re
Et devenir plus doux quand vous me ferez mal.
Voyez, je ne mets pas en vous �un id�al�,
Et de l'humanit� je connais la faiblesse;
Mais je vous crois assez de coeur et de noblesse
Pour esp�rer que, gr�ce � mon effort constant,
Vous m'aimerez un peu, moi qui vous aime tant!
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