Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 7
Et l'on ouvrait l'armoire, et j'en voyais tirer
Des tr�sors, un tambour, un fusil � capsules!
Et je m'en emparais, joyeux et sans scrupules,
Ne sachant pas alors -- pour l'enfant tout est beau --
Pourquoi mon p�re avait toujours un vieux chapeau
Et pourquoi la maman, sainte parmi les saintes,
Portait des gants fl�tris et des jupes reteintes.
Aux humbles, comme moi n�s dans la pauvret�,
Je souhaite d'abord avec sinc�rit�,
Quand la nouvelle ann�e entreprend sa carri�re,
Le pain quotidien de la vieille pri�re;
Et puis, pour qu'ils ne soient jamais trop malheureux,
Je leur souhaite encor de bien s'aimer entre eux.
Du pain et de l'amour! Tout est l�. Le pauvre homme
N'a vraiment pas le droit de trop se plaindre, en somme,
Si, du berceau d'osier au cercueil de sapin,
Toute sa vie, il a de l'amour et du pain.
Mes honn�tes parents n'eurent pas davantage;
Mais la bont� r�gnait dans leur coeur sans partage.
Des sentiments profonds ils ont connu le prix,
Et, si je sais aimer, c'est qu'ils me l'ont appris.
Et tel riche, donnant de splendides �trennes,
N'�prouve pas leur joie en ces heures sereines,
Quand ils payaient, ayant �pargn� quelques sous,
Mon mauvais compliment par de pauvres joujoux.
Mes amis, en ce jour qui groupe la famille,
Si cher que soit le pain, si peu que le feu brille,
�panouissez-vous, ne devenez pas durs.
Quand les enfants viendront vous tendre leurs fronts purs,
� d�faut de cadeaux, comblez-les de caresses.
Entretenez en eux le foyer des tendresses,
Comme, en soufflant dessus, on rallume un charbon.
Le m�chant souffre, et presque aucun homme n'est bon
Que gr�ce aux souvenirs de son enfance aim�e,
Dont son �me demeure � jamais parfum�e.
Morceau � quatre mains
Le salon s'ouvre sur le parc
O� les grands arbres, d'un vert sombre,
Unissent leurs rameaux en arc
Sur les gazons qu'ils baignent d'ombre.
Si je me retourne soudain
Dans le fauteuil o� j'ai pris place,
Je revois encor le jardin
Qui se refl�te dans la glace;
Et je go�te l'amusement
D'avoir, � gauche comme � droite,
Deux parcs, pareils absolument,
Dans la porte et la glace �troite.
Par un jeu charmant du hasard,
Les deux jeunes soeurs, tr�s exquises,
Pour jouer un peu de Mozart,
Au piano se sont assises.
Comme les deux parcs du d�cor,
Elles sont tout � fait pareilles;
Les quatre m�mes bijoux d'or
Scintillent � leurs quatre oreilles.
J'examine autant que je veux,
Gr�ce aux yeux baiss�s sur les touches,
La m�me fleur sur leurs cheveux,
La m�me fleur sur leurs deux bouches;
Et parfois, pour mieux regarder,
Beaucoup plus que pour mieux entendre,
Je me l�ve et viens m'accouder
Au piano de palissandre.
Adagio
La rue �tait d�serte et donnait sur les champs.
Quand j'allais voir l'�t� les beaux soleils couchants
Avec le r�ve aim� qui partout m'accompagne,
Je la suivais toujours pour gagner la campagne,
Et j'avais remarqu� que, dans une maison
Qui fait l'angle et qui tient, ainsi qu'une prison,
Ferm�e au vent du soir son �troite persienne,
Toujours � la m�me heure, une musicienne
Myst�rieuse, et qui sans doute habitait l�,
Jouait l'adagio de la sonate en _la.
_Le ciel se nuan�ait de vert tendre et de rose.
La rue �tait d�serte; et le fl�neur morose
Et triste, comme sont souvent les amoureux,
Qui passait, l'oeil fix� sur les gazons poudreux,
Toujours � la m�me heure, avait pris l'habitude
D'entendre ce vieil air dans cette solitude.
Le piano chantait sourd, doux, attendrissant,
Rempli du souvenir douloureux de l'absent
Et reprochant tout bas les anciennes extases.
Et moi, je devinais des fleurs dans de grands vases,
Des parfums, un profond et fun�bre miroir,
Un portrait d'homme � l'oeil fier, magn�tique et noir,
Des plis majestueux dans les tentures sombres,
Une lampe d'argent, discr�te, sous les ombres,
Le vieux clavier s'offrant dans sa froide p�leur,
Et, dans cette atmosph�re �mue, une douleur
�panouie au charme ineffable et physique
Du silence, de la fra�cheur, de la musique.
Le piano chantait toujours plus bas, plus bas.
Puis, un certain soir d'ao�t, je ne l'entendis pas.
Depuis, je m�ne ailleurs mes promenades lentes.
Moi qui hais et qui fuis les foules turbulentes,
Je regrette parfois ce vieux coin n�glig�.
Mais la vieille ruelle a, dit-on, bien chang�:
Les enfants d'alentour y vont jouer aux billes,
Et d'autres pianos l'emplissent de quadrilles.
Previous Page
| Next Page
|
|