Promenades et intérieurs by Francois Coppee


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Page 5

Le printemps est charmant dans le Jardin des Plantes.
Les cris des animaux, les odeurs violentes
Des arbres et des fleurs exotiques dans l'air,
Cette cr�ation, sous un ciel pur et clair,
Tout cela fait penser au paradis terrestre;
Et tout en �coutant, sous un sapin alpestre,
Le grondement profond des lions en courroux,
On regarde, devant les na�fs tourlourous,
Tendant la trompe, avec ses airs de gros espi�gle,
L'�l�phant engloutir les nombreux pains de seigle.

* * * * *

En plein soleil, le long du chemin de halage,
Quatre percherons blancs, vigoureux attelage,
Tirent p�niblement, en butant du sabot,
Le lourd bateau qui fend l'onde de l'�tambot;
Pr�s d'eux, un charretier marche dans la poussi�re.
La main au gouvernail, sur le pont, � l'arri�re,
N'�coutant pas claquer le brutal fouet de cuir,
Et regardant la rive et les nuages fuir,
Fume le marinier, sans se fouler la rate.
-- �Le peuple et le tyran!� me dit un d�mocrate.


* * * * *

Pr�s du rail, o� souvent passe comme un �clair
Le convoi furieux et son cheval de fer,
Tranquille, l'aiguilleur vit dans sa maisonnette.
Par la fen�tre, on voit l'int�rieur honn�te,
Tel que le voyageur fi�vreux doit l'envier.
C'est la femme parfois qui se tient au levier,
Portant sur un seul bras son enfant qui l'embrasse.
Jetant un sifflement atroce, le train passe
Devant l'humble logis qui tressaille au fracas.
Et le petit enfant ne se d�range pas.

* * * * *

L'all�e est droite et longue, et sur le ciel d'hiver
Se dressent hardiment les grands arbres de fer,
Vieux ormes d�pouill�s dont le sommet se touche.
Tout au bout, le soleil, large et rouge, se couche.
� l'horizon il va plonger dans un moment.
Pas un oiseau. Parfois un l�ger craquement
Dans les taillis d�serts de la for�t muette;
Et l�-bas, cheminant, la noire silhouette,
Sur le globe empourpr� qui fond comme un lingot,
D'une vieille � b�ton, ployant sous son fagot.

* * * * *

Hier, sur la grand'route o� j'ai pass� pr�s d'eux,
Les jeunes sourds-muets s'en allaient deux par deux,
S�rieux, se montrant leurs mains toujours actives.
Un instant j'observai leurs mines attentives
Et j'�coutai le bruit que faisaient leurs souliers.
Je restai seul. La brise en haut des peupliers
Murmurait doucement un long frisson de f�te;
Chaque buisson jetait un trille de fauvette,
Et les grillons joyeux chantaient dans les bleuets.
Je penserai souvent aux pauvres sourds-muets.

* * * * *

Comme le champ de foire est d�sert, la baraque
N'est pas ouverte, et sur son perchoir, le macaque
Cligne ses yeux m�chants et grignote une noix
Entre la grosse caisse et le chapeau chinois;
Et deux bons paysans sont l�, bouche b�ante,
Devant la toile peinte o� l'on voit la g�ante,
Telle qu'elle a paru jadis devant les cours,
Soulevant d�cemment ses jupons un peu courts
Pour qu'on ne puisse pas supposer qu'elle triche,
Et montrant son mollet � l'empereur d'Autriche.

* * * * *

J'�cris ces vers, ainsi qu'on fait des cigarettes,
Pour moi, pour le plaisir; et ce sont des fleurettes
Que peut-�tre il valait bien mieux ne pas cueillir;
Car cette impression qui m'a fait tressaillir,
Ce tableau d'un instant rencontr� sur ma route,
Ont-ils un charme enfin pour celui qui m'�coute?
Je ne le connais pas. Pour se plaire � ceci,
Est-il comme moi-m�me un r�veur endurci?
Ne peut-il se f�cher qu'on lui pr�te ce r�le?
-- Fi donc! lecteur, tu lis par-dessus mon �paule.

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 7th Jan 2025, 20:50