Promenades et intérieurs by Francois Coppee


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Page 4

* * * * *

Dans ces bals qu'en hiver les m�res de famille
Donnent � des bourgeois pour marier leur fille,
En faisant circuler assez souvent, pas trop,
Les petits-fours avec les verres de sirop,
Presque toujours la plus jolie et la mieux mise,
Celle qui pla�t et montre une gr�ce permise,
Est sans dot, -- voulez-vous en tenir le pari? --
Et ne trouvera pas, pauvre enfant, un mari.
Et son p�re, officier en retraite, pas riche,
Dans un coin, fait son whist � quatre sous la fiche.

* * * * *

Comme � cinq ans on est une grande personne,
On lui disait parfois: �Prends ton fr�re, mignonne,�
Et, fi�re, elle portait dans ses bras le b�b�,
Quels soins alors! L'enfant n'�tait jamais tomb�.
Tr�s grave, elle jouait � la petite m�re.
H�las! le nouveau-n� fut un ange �ph�m�re.
On prit sur son berceau mesure d'un cercueil;
Et la soeur de cinq ans a des habits de deuil,
Ne parle ni ne joue et, tr�s pr�occup�e,
Se dit: �Je n'aime plus maintenant ma poup�e.�

* * * * *

Je r�ve, tant Paris m'est parfois un enfer,
D'une ville tr�s calme et sans chemin de fer,
O�, chez le sous-pr�fet, en vieux gar�on affable,
Je lirais, au dessert, mon �p�tre ou ma fable.
On se dirait tout bas, comme un mignon p�ch�,
Un quatrain tr�s mordant que j'aurais d�coch�.
L�, je conserverais de vagues hypoth�ques.
On voudrait mon avis pour les biblioth�ques;
Et j'y r�tablirais, disciple consol�,
Nos ma�tres, Esm�nard, Lebrun, Ch�nedoll�.

* * * * *

Assis, les pieds pendants, sous l'arche du vieux pont,
Et sourd aux bruits lointains � qui l'�cho r�pond,
Le p�cheur suit des yeux le petit flotteur rouge.
L'eau du fleuve p�tille au soleil. Rien ne bouge.
Le li�ge soudain fait un plongeon trompeur,
La ligne saute. -- Avec un hoquet de vapeur
Passe un joyeux bateau tout pavois� d'ombrelles;
Et, tandis que les flots apaisent leurs querelles,
L'homme, un instant tir� de son r�ve engourdi,
Met une amorce neuve et songe: -- Il est midi.

* * * * *

Malgr� ses soixante ans, le joyeux invalide
Sur sa jambe de bois est encore solide.
Quand il touche l'argent de sa croix, un beau soir,
Il s'en va, son repas serr� dans un mouchoir,
Et, vers le Champ de Mars, entra�ne � la barri�re,
Un conscrit, le bonnet de police en arri�re;
Et l�, plein d'abandon, vers le pousse-caf�,
Son b�ton � la main, le bonhomme �chauff�
Conte au jeune soldat et lui rend saisissable
La bataille d'Isly qu'il trace sur le sable.

* * * * *

De m�me que Rousseau jadis fondait en pleurs
� ces seuls mots: �Voil� de la pervenche en fleurs,�
Je sais tout le plaisir qu'un souvenir peut faire.
Un rien, l'heure qu'il est, l'�tat de l'atmosph�re,
Un battement de coeur, un parfum retrouv�,
Me rendent un bonheur autrefois �prouv�.
C'est fugitif, pourtant la minute est exquise.
Et c'est pourquoi je suis tr�s heureux � ma guise
Lorsque, dans le quartier que je sais, je puis voir
Un calme ciel d'octobre, � cinq heures du soir.

* * * * *

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 28th Apr 2024, 9:48